Précarité : Quand les soins de beauté aident à s’en sortir

Depuis quelques années, de nombreux professionnels sont convaincus du rôle fondamental que tiennent les soins de beauté et de bien-être dans le processus de reconstruction des personnes en situation de vulnérabilité, qu’elles soient touchées par la maladie, la précarité ou des violences. Car reprendre en main son corps et son image permet de regagner confiance en soi, et avoir confiance en soi, c’est se sentir d’avantage armée face à une épreuve.

C’est notamment le cas de la Fondation L’Oréal, ou encore de l’association Joséphine pour la beauté des femmes, qui accompagnent les femmes en situation de précarité avec des soins de beauté loin d’être superficiels.

Précarité : les femmes en première ligne

En France en 2019, on estime que près de 8,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté (1026 euros par mois, source Insee). Parmi elles, les femmes sont les premières touchées. « On pense aux femmes SDF, bien sûr, mais pas seulement. 70% des travailleurs pauvres sont des femmes, les familles monoparentales sont des femmes, les bénéficiaires du RSA sont des femmes… » précise Maud Leblon, directrice du Groupe SOS.

Des femmes qui sont de plus en plus invisibilisées, qui sortent totalement des radars, des politiques et des actions. Des femmes qui bien souvent ont honte de leur situation et ne parviennent pas à retrouver un rôle social. « La précarité affecte le corps mais évidemment affecte aussi la confiance en soi et sans confiance on ne peut rien faire ! On ne peut pas aller chercher un logement, postuler à un travail, s’occuper de ses enfants dignement… Le risque à terme c’est l’isolement et la désaffiliation : le fait de se sentir en dehors de la société. Et une fois qu’on en est sorti, c’est très difficile d’y retourner », précise Maud Leblon.

Ainsi, afin d’éviter cet engrenage, la Fondation L’Oréal soutient et développe l’accès aux soins de beauté et de bien-être dans les structures sociales. « On peut se demander, face à l’épreuve qu’elles traversent quel intérêt auraient les femmes à pousser la porte d’un salon. Et pourtant, prendre soin de soi durant un atelier, un massage, un maquillage, cela a un impact social fort dans le processus de reconstruction. Cela contribue à rendre ces femmes à nouveau visibles, vis-à-vis d’elles-mêmes et vis-à-vis des autres », précise Alexandra Palt, Directrice Générale de la Fondation L’Oréal.

La beauté, levier d’inclusion

Dans ces salons, les femmes sont accueillies comme n’importe quelles clientes – chez Joséphine elles s’acquittent d’ailleurs d’une somme symbolique de 1 à 3 euros. « On essaie de changer le regard que ces femmes vulnérables portent sur elles-mêmes, qui est souvent le reflet du regard que la société pose sur elles. On les regarde donc comme des clientes, pas comme des femmes en difficulté » rappelle Maud Leblon.
Elles se sentent enfin légitimes et osent s’octroyer à nouveau du temps pour elles. Mais le processus est souvent long, et l’accompagnement doit être global. Soin de beauté, évidemment, mais aussi de bien-être, sophrologie, écoute psychologique, conseil en image… sont généralement prodigués dans les salons des structures sociales, et s’étalent sur une année. Avec pour objectif final : renforcer l’estime de soi.

Concernant l’impact des soins de beauté sur les processus de reconstruction, des études menées par l’association Joséphine sont éloquentes :

  • 79% des femmes passées par Joséphine estiment que cette expérience a changé leur vie
  • 99% estiment que ça leur a permis de reprendre confiance en elles


Latifa, migrante d’origine tunisienne, a connu une grande période de difficultés avant de bénéficier de soins qui ont changé sa vie. « Pendant un an, je n’ai plus osé me regarder dans le miroir, je me suis isolée, je me suis rendue malade. J’en venais même à perdre mes cheveux. Je n’osais pas prendre soin de moi, comme si je n’en avais pas de droit, puisque je tapais à la porte de banques alimentaires. Puis j’ai rencontré l’association Joséphine, et j’ai entamé un processus de reconstruction par étapes. Ca a tout changé. Aujourd’hui j’ose enfin me rendre à la Mairie, gérer l’administratif, et surtout, me présenter à l’Apec pour chercher un emploi. »

Afin d’élargir l’accès à ce type de soins, la Fondation L’Oréal a mis sur les routes de France un bus aménagé en cabine de soins de beauté et de bien-être, afin de venir rencontrer les femmes les plus isolées et fragiles, via les structures sociales locales partenaires.
La Fondation L’Oréal continue en parallèle de développer l’accès aux soins de socio-esthétique en milieu médical, et de proposer en France et à l’international des formations d’excellence aux métiers de la beauté. Formations qui visent en premier lieu les femmes vulnérables socialement ou économiquement. Afin que le cercle soit toujours plus vertueux.

Plus d’infos sur la Fondation L’Oréal et l’association Joséphine

Source: Lire L’Article Complet