PHOTOS – Quel parfum porter pour se sentir puissante et unique !

C’est indéniable, certains parfums, par leurs accords forts et ambitieux, nous font sentir illico puissantes, exceptionnelles. La preuve avec ces fragrances qui nous font gagner en courage et boostent notre confiance au quotidien. Tentant non ?

Certains parfums procurent au moindre pschitt la fameuse sensation d’« empowerment », cet anglicisme si difficile à traduire qui inclut la notion de pouvoir (power, la racine du mot) doublée d’un processus pour y parvenir. Si on se représente facilement une certaine mode puissante à l’image des vestes à épaulettes Working Girl des années 80 (qui n’a pas eu dans sa garde-robe ce type de vêtements ???), comment cette notion s’applique-t-elle au parfum ?

C’est un vrai paradoxe, puisqu’en soi, une fragrance est quelque chose d’impalpable, donc souvent synonyme de superflu, mais pourtant incontournable dans la construction d’une identité forte. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer le nombre de figures historiques dont la signature olfactive a participé à leur légende. L’occasion de vous faire un petit rappel des grands classiques de la parfumerie moderne et de faire un petit tour des nouveautés les plus canons du moment.

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Redécouvrir les grandes figures olfactives

Ainsi, l’histoire raconte que Cléopâtre accueillit Jules César sur un lit de pétales de roses. La reine d’Egypte fit aussi imprégner les voiles de son navire de jasmin pour séduire Marc-Antoine avant même de l’apercevoir. A la Renaissance, Catherine de Médicis était autant admirée que redoutée pour l’ambre puissant qu’elle glissait dans ses bagues, au côté de poisons. Cette association entre femmes de caractère et parfums mémorables continue à la Belle Epoque, avec les sillages ambitieux des courtisanes surnommées les « cocottes » – le terme cocotter viendrait de là. Elles embaumaient l’ambre et le patchouli, deux matières extrêmement puissantes, notamment pour se différencier des femmes vertueuses parfumées de violette, plus discrète.

Quelque temps plus tard, les Garçonnes se démarquent aussi. Emancipées par le travail depuis la première guerre mondiale, ces femmes aux mœurs libérées arborent une silhouette androgyne aux cheveux courts embaumant des parfums cuirés. Nés à la fin du XIXe à la Cour de Russie, ceux-ci mélangent essences de bouleau, de cade, de tabac et de bois fumés, inspirés par l’odeur des bottes des Cosaques tannées avec du goudron de bouleau. Difficile de faire plus viril. Puis arriva Gabrielle Chanel, elle-même très sensible à la culture russe, amie et mécène de Serge Diaghilev et ses Ballets russes. En 1927, son Cuir de Russie rappelle l’odeur de la selle de cheval ici assouplie de jasmin et d’iris. Pour preuve, ce parfum non genré fait tout de suite mouche après des Garçonnes.

Un siècle plus tard, le caractère cuiré n’en finit pas d’inspirer la parfumerie de luxe, jusqu’à l’Américain Tom Ford qui, cette saison, nous brode une rose épanouie sur une peau tannée dans le tout nouveau Rose de Russie (Eau de Parfum, 50 ml, 215 €, tomford.com). La reine des fleurs peut aussi s’avérer inquiétante frottée non pas à du cuir mais à une terre sombre, aux nuances animales de truffe noire, à l’image du tonitruant Rose Tonnerre de Frédéric Malle (Eau de Parfum, 50 ml, 205 €, fredericmalle.com).

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Détourner les codes de la virilité

« Le Cuir a toujours été associé aux femmes fortes » raconte Isabelle Ferrand, présidente de Cinquième Sens. « Dans les années 40, on a vu sortir de nouveaux « Cuir » avec une facette verte, elle aussi détournée des parfums masculins, comme dans Bandit de Piguet ou encore Vent Vert de Balmain. Ces accords inédits, créés pour la première fois par une parfumeuse, Germaine Cellier, s’adressaient à celles qui se voyaient femmes d’affaires plutôt que femmes au foyer. Aujourd’hui encore, celles qui choisissent des sillages à dominante cuir ou verte souhaitent sortir du lot. Car il y a une prise de risque à porter ces notes non consensuelles ». Un risque que nombre de marques actuelles déclinent dans des versions féminines, tel ce cuir arrondi de prune liquoreuse et de réglisse sucrée dans Boxeuses de Serge Lutens (Eau de Parfum, 75 ml, 190 €, sergelutens.com). Ou plus séductrice avec Folie d’un Soir de Goutal, un cuir velouté de rose, de cacao, éclairé de baies roses piquantes (Eau de Parfum, 100 ml, 155 €, goutalparis.com). Quand cent ans après sa naissance, la maison Chanel perpétue son numéro d’équilibriste de parfums de clair-obscur. C’est le cas du (majestueux) Lion, dont les agrumes vivifiants s’évaporent rapidement sur une extraction particulière de labdanum très animale, juste adoucie de vanille, santal et musc. Une oscillation entre mystère et suavité pour Garçonnes d’aujourd’hui (Eau de Parfum, 75 ml, 185 €, collection Les Exclusifs, chanel.com).

« Les épices chaudes, telles que la cannelle, le cumin ou le clou de girofle, sont aussi de bonnes candidates pour créer une sensation de puissance » ajoute Isabelle Ferrand. Une aura qui se retrouve dans le mythique Femme de Rochas avec du cumin qui imite la peau sale, associé à une pêche confite, sur un fond chypré sombre. Lors de sa sortie en 1944, Marcel Rochas affirmait que l’« on doit respirer une femme avant même de l’avoir vue », un beau message de force à ses clientes. Dans une version plus virile, Epices Volées de Guerlain saisit par sa cardamome fraîche vite consumée d’une rafale de clou de girofle sur une sauge aromatique (Eau de Parfum, collection L’Art et la Matière, Guerlain, 100 ml, 295 €, guerlain.com). Un frisson de chaud-froid imparable pour marquer l’entourage que l’on retrouve dans Mentha Religiosa de Roos & Roos. « J’ai voulu créer le parfum d’une femme menthe religieuse » s’amuse Chantal Roos, cofondatrice de la marque. « La menthe poivrée agit comme un coup de poing avec une fraîcheur verte montante avant de dérouler un cœur poudré bordé de patchouli sombre. Les amatrices y sont très fidèles » dit cette grande dame de la parfumerie, qui commença sa carrière chez Yves Saint Laurent peu avant le lancement d’Opium fin 1977 et marque depuis le monde de la parfumerie (Eau de Parfum, 100 ml, 175 €, roosandroos.fr)

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Les années 80 et leurs parfums « coups de poing »

« Opium s’inscrivait dans la philosophie féministe du créateur. Souvenons-nous qu’il a habillé les femmes en pantalon : une tenue qui n’était pas évidente dans les années 70. En détournant le vestiaire des hommes, comme le smoking, la saharienne ou le caban, sa mode nous a rendues fortes et indépendantes » raconte Chantal Roos. Une force qui émanait aussi d’Opium, en phase avec le tournant des femmes libérées. « Tout dans ce produit était puissant » reprend Chantal Roos. « Que ce soit le nom, le flacon mystérieux, la publicité avec Jerry Hall tête en arrière et sa composition bien sûr ». Le saisissement d’un poivre ricochant sur du piment et de l’encens, avec des fleurs généreuses, de l’ambre et du patchouli, doublé d’une forte concentration pour une grande ténacité. Il était lui-même l’écho brûlant d’un premier oriental épicé lancé un an plutôt de l’autre côté de l’Atlantique, Youth Dew de chez Estée Lauder (Eau de parfum, 65 ml, 75€ , www.esteelauder.com). Cette montée en puissance annonçait la Superwoman aux cheveux crêpés et poitrines gonflées au Wonderbra des années 80. Une période d’émancipation sociale et professionnelle accompagnée d’un flot de parfums capiteux dont le modèle absolu fut Poison de Christian Dior. Ce floral-oriental overdosé en tubéreuse et fleur blanche narcotique bordée de cannelle et fruits rouges miellés sur lit oriental, enflamma littéralement la société de l’époque.

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Quand la parfumerie confidentielle se pare d’audace

« Toute cette vague des fleuris ambrés ou orientaux fut extrêmement puissante » analyse Isabelle Ferrand. « C’est à la fois le fait des fleurs blanches traitées sur le mode capiteux, solaire, et leur réaction chimique avec des aldéhydes qui en décuple le volume. Cette ficelle se retrouve dans Poison mais aussi Giorgio de Beverly Hills, Obsession de Calvin Klein. ». Etonnement, à l’heure de l’écriture inclusive, il faut désormais chercher cette audace dans la parfumerie confidentielle comme Madeleine 862 de O.U.I. Paris qui assortit sa tubéreuse de rhum et vanille (Eau de Parfum, 75 ml, 78 €. fr.ouiparis.com). Pour la parfumeuse Nathalie Lorson, si le thème oriental-fleurs blanches sonne désormais comme un classique, il suffit d’un twist pour réveiller son pouvoir intrigant. « Les parfums de caractère sont ceux sur lesquels il y a un parti pris olfactif tel qu’un ingrédient en overdose ou bien authentique et identifiable. C’est ce que j’ai créé dans Black Opium d’Yves Saint Laurent, avec ce café sucré qui coule sur une fleur d’oranger. Le cerveau ne reconnaît cette note que de façon subliminale mais c’est suffisant pour donner un regain d’adrénaline. A l’heure où la vie sociale recommence, les femmes ont encore plus envie de se parfumer avec des facettes fortes et identifiables ».

Certains flacons renvoient eux aussi une image théâtrale, comme ce buste de La Belle chez Jean Paul Gaultier : une sémiologie bienveillante avant de sortir affronter la vie (Eau de Parfum, 100 ml, 114 €*). Le talon aiguille de Very Good Girl de Carolina Herrera apparaît même comme une déclaration. Sa prise en main flirte avec le sentiment d’invincibilité ressenti lorsque l’on marche en talons hauts quand il nous parfume d’une cerise sucrée et de rose affriolantes.

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Overdose de sucre ou bois de oud, deux versions de la force

Parmi les réflexes pavloviens, la sensation de sucre praliné a longtemps été cantonnée aux parfums de jeunes filles en quête de réassurance. Pourtant, encore une fois, l’audace et l’overdose peuvent changer la donne. Comme cette praline gonflée à bloc sur du patchouli et une fleur d’oranger sensuelle dans La Vie est Belle de Lancôme, devenue peu à peu l’étendard des femmes conquérantes. Sa puissance hypnotique en fait d’ailleurs le parfum le plus vendu en France dix ans après sa sortie. La marque célèbre d’ailleurs cet anniversaire avec un flacon collector à ne rater sous aucun prétexte (La Vie est Belle, L’Eau de Parfum Collector 10 ans, Lancôme, 100 ml, 126,50 €, chez Marionnaud). « Une puissance qui agit comme une armure chez certaines » ajoute Nathalie Lorson. « Chez Alien Goddess de Mugler, (Eau de Parfum 90 ml, 142 €), j’ai ajouté une overdose de coco et vanille aux fleurs blanches solaires. Cette facette gourmande agit comme une aura protectrice, une seconde peau. L’essor de la parfumerie de niche a aussi contribué à proposer des féminins plus typés, avec ces overdoses décomplexées ou même avec des matières autrefois masculines, comme les bois. Aujourd’hui, l’écriture est beaucoup plus libre » conclut-elle.

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La magie du bois de oud

Parmi les matières stars de la parfumerie dite « de niche » se trouve le bois de oud. Son odeur résultant de la putréfaction d’un arbre asiatique fascine par sa puissance et sa complexité, à la fois rauque, fauve, minérale mais aussi cuirée. Equivoque Oud de Givenchy en livre une version sombre soulignée d’encens, de vétiver et de patchouli, juste éclairée de cardamome piquante pour un sillage résolument intrigant. (Eau de Parfum, Collection Particulière, 100 ml, 270 €, givenchybeauty.com). Plus nuancé, Oud Laqué des Bains Guerbois s’arrondit de fruits secs et de benjoin, avec, là encore, la cardamome en souffle lumineux. (Eau de Parfum, 100 ml, 190 €, lesbainsguerbois.com). Ce bois surpuissant et animal n’est finalement que l’écho contemporain du cuir au siècle précédent.

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Et si on redevenait un petit peu narcissique ?

Certaines lui préféreront néanmoins un sillage plus intimiste, dont la force est d’aider à se plaire à soi-même, à la façon d’une affirmation positive. Les néo-Cologne remplissent cette mission narcissique grâce aux agrumes dont la grande volatilité confère un bien-être immédiat. City of Stars des parfums Louis Vuitton jongle avec brio avec orange, citron, limette, bergamote et mandarine rouge. Une explosion de joie qui s’épanouit d’une fleur de tiaré aux accents monoï, sur une caresse de santal et de musc. (Parfum de Cologne, 100 ml, 225 €, louisvuitton.com). De son côté, l’Eau Extraordinaire de Clarins suggère un autre mantra bien-être résolument fortifiant, avec agrumes et gingembre qui réveillent les sens, bercés d’un souffle de jasmin et de cèdre. Outre la reconnexion à soi-même, des actifs hydratants invitent à une utilisation généreuse sur la peau (100 ml, 53 €, clarins.com). * en parfumeries et grands magasins. Texte d’origine : Laurence Férat. Assistant photo : Cyrille Hardouin.

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Crédits photos : Photos Patrick Swirc et Fabrique Bouquet. Réalisation visuelle Dominique Evêque

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