Les marques de cosmétique innovantes et inclusives qu’elles ont créées, Aime, Laboté, Holidermie, Nya Paris ou Shaeri, ont, en moins de cinq ans, trouvé leur place sur un marché pourtant très concurrentiel. Rencontre avec ces passionnées nouvelle génération qui ont su dresser des passerelles entre beauté, holistique, diététique et réseaux sociaux.
Lucile Battail, fondatrice de Laboté : "Adieu les crèmes standards qui vont ‘a peu près à tout le monde’"
D’où vient le nom Laboté ?
C’est la contraction de laboratoire et de beauté. Autrefois, les pharmaciens réalisaient des préparations magistrales lorsqu’il n’existait pas de médicament adapté à un patient. Nous faisons la même chose pour les cosmétiques.
Laboté en quelques mots ?
Mes pharmaciens et moi proposons des formules sur mesure, préparées à la demande, dont l’efficacité repose sur le pouvoir des plantes médicinales.
Pourquoi pensez-vous que le secteur du soin, déjà bien encombré, ait besoin d’une nouvelle marque ?
L’industrie cosmétique standardise la beauté en présentant des crèmes qui vont « à peu près » à tout le monde. Pourtant, une peau peut être sèche et briller, tout en présentant des rides et des rougeurs. Il est impossible avec une production de masse d’adresser toutes ces problématiques en même temps.
Que faites-vous que les autres marques ne font pas ?
Je dis à mes clientes : « Arrêtez de chercher votre crème parfaite, créez-la ! », 46 % des Françaises déclarent jeter leurs soins sans les finir. Mon pari est de faire disparaître le gaspillage et la surconsommation avec le sur-mesure. Il n’y a aucune raison de ne pas finir un flacon si le produit est bon.
Comment se fait-on entendre quand on crée une marque de beauté aujourd’hui ?
Nos budgets marketing étant presque anecdotiques par rapport à ceux de nos concurrents, le meilleur moyen reste le bouche à oreille.
Quel a été votre plus gros challenge en lançant Laboté ?
Monter une chaîne de production et d’approvisionnement en partant de zéro. Déposer notre brevet (notre procédé de formulation à froid) et le faire valider en Europe. Former et animer une équipe pluridisciplinaire.
Avez-vous connu des périodes de doute ?
Je doute quotidiennement, mais pas du bien-fondé de ma démarche, tant pour la peau que pour la planète.
Que pensez-vous des applis qui déchiffrent les étiquettes cosmétiques ?
Je trouve que ces applis sont super pour aider à acheter de manière plus éclairée.
Le produit dont vous êtes la plus fière ?
J’ai un faible pour notre peeling sur mesure. Des gélules végétales unidoses, elles-mêmes présentées dans un sachet ensemencé qui se plante après utilisation. Ses acides de fleur d’hibiscus sont aussi efficaces que l’acide glycolique, sans le côté irritant.
La nouveauté : Le Soin Corps Sur Mesure disponible sur labote.com
Mélanie Huynh, fondatrice d’Holidermie : "Apprendre aux femmes à prendre soin de leur peau autrement qu’avec des crèmes"
D’où vient le nom Holidermie ?
Je souhaitais un nom qui parle à la fois d’holisme et de peau.
Holidermie en quelques mots ?
C’est une synergie nutricosmétique dans une vision in & out : les compléments alimentaires spécifiques à la peau fonctionnent en synergie avec les soins topiques. À ces deux piliers s’ajoutent le yoga du visage, les massages, la nutrition.
Que faites-vous que les autres marques ne font pas ?
Nous apprenons aux femmes à prendre soin de leur peau autrement qu’avec des crèmes : en se massant, en respirant en pleine conscience, en mangeant bien. La marque est également sous caution médicale grâce à notre directeur médical consultant, le docteur Jérôme Paris, chirurgien spécialisé en rajeunissement facial.
Votre plus gros challenge en lançant Holidermie ?
Réunir un pool d’expert.es alors que je ne venais pas de l’univers de la beauté et que personne n’avait encore rien vu : Jérôme Paris, mais aussi Francis Kurkdjian qui a pensé la signature olfactive, la maquilleuse Violette, que l’on a consultée pour les textures et Isabelle Herbreteau, experte dans les cosmétiques naturels et à mes côtés depuis le début du projet. Ensuite, l’autre pari était de donner vie à toutes mes envies : les sachets de compléments alimentaires avec une machine qui n’existait pas en France, ou la petite salle de yoga du visage.
Comment la crise sanitaire vous a-t-elle affectée ?
C’était du système D, mais nous avons créé une communauté fidèle grâce aux lives quotidiens qui ont eu, du jour au lendemain, une audience de 1 000 personnes.
Le produit dont vous êtes le plus fière ?
Les compléments, le HoliFace Yoga Set et notre best-seller, la Crème de Jour Protection Urbaine, un cocktail d’antioxydants aux actifs ciblés très concentrés.
La nouveauté : le Baume Réconfort Intense HoliRepair (bientôt disponible sur holidermie.com)
Mathilde Lacombe, créatrice d’Aime : "Une belle peau passe par l’hygiène de vie et des gestes simples"
D’où vient le nom Aime ?
De l’envie d’un nom court, positif, universel et graphique. J’aimais aussi le jeu de mot avec la lettre M, devenue notre logo secondaire.
Aime en quelques mots ?
C’est la première marque de nutricosmétique à la croisée du complément et du skincare.
Que faites-vous que les autres ne font pas ?
Il y a deux ans, le marché du complément alimentaire se résumait aux marques de pharmacie. Nous sommes arrivés avec une offre 100 % digitale, qui aborde la peau de manière globale, incluant le complément dans la routine de soin. Pour moi, une belle peau passe par l’hygiène de vie et des gestes simples, sans multiplier les produits.
Comment se fait-on entendre quand on crée une marque de beauté aujourd’hui ?
En tranchant avec ce que les consommatrices ont l’habitude d’entendre, sachant qu’elles sont déjà submergées d’infos.
Votre plus gros challenge en lançant Aime ?
Oser quitter ma première boîte, Birchbox (aujourd’hui Blissim, ndlr), pour repartir à zéro. Me relancer sur un créneau ni très sexy ni très apprécié des Françaises, et où personne ne m’attendait.
Qui sont les femmes qui vous suivent ?
Une moitié me suit sur les réseaux depuis douze ans, quand j’ai commencé à partager mes soucis de peau. Une majorité de trentenaires qui souhaitent traiter leur acné autrement qu’avec la pilule ou des médicaments.
Que pensez-vous des applis qui déchiffrent les étiquettes ?
Je suis mitigée car elles manquent parfois de finesse, en ne tenant pas compte des dosages ni du rôle d’un ingrédient dans une formule.
Le produit dont vous êtes le plus fière ?
Pure Glow, conçu pour les peaux acnéiques. Quand on a des problèmes de peau, l’expression « se sentir mal dans sa peau » prend tout son sens et peu vraiment bouffer la confiance en soi. Je reçois des témoignages de femmes qui m’expliquent que ce complément a changé leur vie : j’en suis heureuse et fière.
La nouveauté : le complément capillaire Hair & Scalp Boost disponible sur aime.co
Meryem Benomar, cofondatrice de Shaeri : "Pourquoi le cheveu bouclé serait moins acceptable que le cheveu lisse ?"
D’où vient le nom Shaeri ?
De l’arabe et de l’hébreu, et signifie, selon la prononciation, « mes cheveux » ou « ma poésie ». Quand on a lancé Shaeri (avec son associée Barbara Clauvel-Levy, ndlr), en mai 2018, c’était le moment où les Iraniennes se montraient cheveux au vent sur les ronds-points. C’est aussi un hommage à leur combat pour la liberté.
Shaeri en quelques mots ?
C’est une marque de soins capillaires naturelle et vegan d’inspiration méditerranéenne, avec une vision très inclusive, à la fois européenne, orientale et africaine.
Que faites-vous que les autres marques ne font pas ?
Peu de marques dédiaient une gamme complète à mon type de cheveu : ni afro ni caucasien, mousseux, sec et fragile, donc demandant beaucoup d’entretien. Nous sommes aussi les seules avec cet ADN sociétal mêlant la Méditerranée, le féminisme et les curls. J’ai recueilli tellement de témoignages de femmes, et même de petites filles, qui ne s’aiment pas à cause de leurs cheveux frisés.
Il est pourtant absurde de penser que le cheveu bouclé est moins acceptable que le cheveu lisse. Ce qui serait génial ? Qu’une femme puisse choisir d’être un jour bouclée et le lendemain lissée par jeu, et non parce que cela lui est imposé.
Votre plus gros challenge en lançant Shaeri ?
La logistique : les délais de production, la gestion des stocks. Et cela encore plus pendant la crise sanitaire, car nos ventes ont explosé.
Que pensez-vous des applis qui déchiffrent les étiquettes ?
Elles ont amené de la transparence dans une industrie un peu opaque. Elles ont aussi créé du soupçon, alors que le secteur est très contrôlé.
Le produit dont vous êtes le plus fière ?
Le Soin Lavant : un trois-en-un qui lave, hydrate et démêle.
La nouveauté : le parfum pour cheveux hydratant et sans alcool, au flacon et étui réalisés par l’artiste libanaise Lamia Ziadé. Il est disponible sur ulule.com ou shaeri.fr et, jusqu’au 31 décembre, 1 euro sera reversé à l’association LiveLoveBeirut pour chaque produit vendu.
Carole Mbakop, à la tête de Nya Paris : "Les femmes noires ont aussi envie de savoir ce qu’elles consomment"
D’où vient le nom Nya Paris ?
De celui de ma maman, originaire du Cameroun et très fréquent dans la région du Ndé. Il signifie noblesse, dignité et élégance. Et Paris parce que je suis une Parisienne pure souche.
Nya Paris en quelques mots ?
C’est une gamme courte de soins visage qui répond aux besoins des peaux noires.
Que faites-vous que les autres marques ne font pas ?
La peau noire a des spécificités que les marques traditionnelles n’adressent pas : une couche cornée très épaisse, qui retient moins bien l’eau mais brille dès qu’on la maquille. Elle est sujette à plus de problèmes qu’une peau caucasienne dans le climat occidental : pores dilatés, taches pigmentaires, elle est vite très déshydratée, surtout en hiver.
Il existe un marché parallèle dans les quartiers africains de Paris, avec des choses bien et moins bien, mais surtout où personne ne vous explique ce que vous allez mettre sur votre peau. Or les femmes noires aussi ont envie de savoir ce qu’elles consomment.
Comment se fait-on entendre quand on crée une marque de beauté aujourd’hui ?
N’étant ni blogueuse ni youtubeuse avec une communauté déjà assise, je suis allée à la rencontre de mes futures consommatrices. Nous avons construit cette marque ensemble, il y a deux ans. Celles qui me suivent aujourd’hui sur les réseaux venaient à mes premiers ateliers et sont devenues spontanément ambassadrices de la marque.
Votre plus gros challenge en lançant Nya Paris ?
Faire comprendre que ce n’est pas une marque communautaire. Tout le monde peut l’utiliser, même si elle répond à des spécificités habituellement pas prises en compte.
Que pensez-vous des applis qui déchiffrent les étiquettes ?
Cela remet les compteurs à zéro pour tout le monde. La cliente y voit plus clair et les marques surveillent leurs formulations.
Le produit dont vous êtes le plus fière ?
La Crème Hydratante Renaisssance à l’huile de tournesol et au beurre de karité : elle tient sous le maquillage, nourrit la peau et pallie le manque d’hydratation.
La nouveauté : un partenariat avec Blissim, disponible dès janvier 2021 sur nyapariscosmetics.com
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