Rencontre avec Amélie Huynh, une passionnée qui, avec ses parfums corporels et ses fragrances d’intérieur, explore tous les états amoureux.
Petite, elle collectionnait des flacons miniatures de parfums qu’elle s’amusait à reconnaître les yeux bandés. Aujourd’hui, elle est à la tête de la maison D’Orsay, une belle endormie, créée en 1830, qu’elle a relancée en 2015. Tout en préservant l’ADN de cette célèbre maison de Parfums, Amélie Huynh poursuit ainsi l’histoire. La collection de parfums est réinventée, modernisée, proposant des parfums corporels, des parfums d’intérieur ainsi que des fétiches olfactifs. Nommées d’après des citations, chaque fragrance est signée par les initiales de son esthète, dont le nom ne sera jamais dévoilé. Toutes les créations sont genderless, en écho à la première fragrance unisexe de la marque.
GALA : Vous souvenez-vous de votre premier parfum ?
Amélie Huynh : Anaïs Anaïs, de Cacharel ! J’étais toute jeune, même trop jeune pour porter du parfum, mais ça m’a ouvert au monde des fragrances. Le premier parfum que j’ai véritablement choisi et acheté moi-même était CK One, toute une époque ! D’une telle modernité, non genré, léger, addictif, à l’opposé d’un Angel de Mugler que portait ma sœur… J’étais sans doute plus introvertie…
GALA : Vous voyagez beaucoup, quelles sont les odeurs qui vous rappellent votre enfance, votre famille ou des lieux qui vous sont chers ?
Amélie Huynh : L’odeur du blé coupé en Normandie quand j’étais petite, on jouait souvent dans les champs, je me souviens des effluves verts, la fraîcheur de la pluie qui tombe sur les champs, l’odeur chaude des rayons de soleil et toutes ces senteurs que dégageaient l’herbe, les fleurs sauvages et les arbres, notamment les conifères. C’est difficile à décrire avec des mots, mais dans ma tête ces souvenirs olfactifs sont intacts ! C’est d’ailleurs toute la magie du parfum que d’être si connectée à la mémoire. Il y a une autre odeur, celle du riz au lait fait par ma grand-mère. Elle finissait par apposer un fer chaud sur le dessus, le sucre caramélisait et il en dégageait une odeur lactée et douce, réconfortante… cette odeur-là, elle est ancrée dans ma « bibliothèque olfactive ».
GALA : Y a-t-il une senteur qui vous est chère et que vous aimeriez pouvoir emporter partout avec vous ?
Amélie Huynh : La fragrance d’intérieur 03:50, depuis que je l’ai découverte en reprenant la maison D’Orsay, elle ne me quitte pas, elle me met tout de suite dans un sentiment de confort. Je suis une grande consommatrice de parfum d’intérieur, c’est essentiel pour moi, autant que de me parfumer moi-même, à mon bureau, chez moi, je mets toujours une bougie, un room spray, de l’encens… Personne ne rentre si ce n’est pas parfumé ! Dans un registre plus personnel, L’Eau d’Issey a un effet apaisant immédiat sur moi, ma mère l’a tant porté quand j’étais enfant, c’est un peu mon « doudou », il me donne aussi un sentiment terriblement nostalgique…
GALA : Quelles notes aimez-vous sentir sur l’être aimé ? Sur vos enfants ?
Amélie Huynh : Sur mon compagnon, égoïstement, j’aime sentir la création en cours D’Orsay, pour voir si elle déclenche de l’émotion chez moi. Et mes enfants… ils ont cette odeur tellement particulière, un vrai lien entre la mère et l’enfant… C’est ce mélange naturel un peu « non-odorant » de leur peau, cheveux, du savon pour enfant, des gâteaux au chocolat et la compote de pommes… C’est l’odeur de la pureté, de l’innocence, cette odeur qu’une mère ou un père peut reconnaître les yeux fermés. L’odeur de l’enfant est difficile à mettre en flacon, beaucoup ont essayé sans y arriver…
GALA : Comment portez-vous votre parfum ? Sur la peau, sur les vêtements ?
Amélie Huynh : Les deux, toujours ! J’aime me sentir enveloppée par un parfum, que mes mouvements libèrent discrètement ma fragrance. Sur peau, je me parfume à la lisière des cheveux, au creux de la poitrine, sur les plis du coude… Et sur les vêtements… un peu partout !
GALA : Quelle est l’odeur que vous détestez le plus au monde ?
Amélie Huynh : Celle du durian ! La famille du côté de mon père en mangeait souvent, je déteste l’odeur de ce fruit très prisé dans les pays asiatiques que peu de français connaissent, c’est pourtant un fruit très prisé dans les pays asiatiques. Sa senteur est forte et très particulière ! Cependant il me rappelle des bons souvenirs, car à chaque fois c’était un jeu pour eux que de m’embêter avec, des souvenirs avec la famille que je ne vois pas souvent, et c’est précieux à mes yeux.
GALA : Le parfum, une arme de séduction ?
Amélie Huynh : L’une des plus redoutables ! Dans le jeu de la séduction tous les sens jouent un rôle, mais j’attribue un rôle particulier au parfum. Pour moi il s’associe à nos propres phéromones et crée une arme irrésistible. Mais le parfum c’est bien plus que ça, ça peut réconforter, ça donne de l’assurance, ça ravive des souvenirs… Le parfum c’est un spécialiste de multitasking ! Et plus sérieusement, ce que l’on essaie de faire « sentir » avec D’ORSAY va au-delà de la séduction, nous créons nos parfums en pensant aux états amoureux… il y en a tellement ! L’amour passionnel, l’amour tendre, l’amour attentionné, brûlant, insaisissable, impulsif ! Et j’en passe ! Donc oui, le parfum est une arme de séduction mais aussi un compagnon dans la relation amoureuse.
GALA : Êtes-vous plus sensible aux odeurs aujourd’hui qu’à 20 ans ?
Amélie Huynh : Oui, indéniablement. Je pense que beaucoup pourront dire qu’ils sont sensibles à un tel ou tel parfum, il y a toujours des notes que l’on aime, d’autres moins, mais ça s’arrête là. Ça fait quelques années que je travaille dans le parfum maintenant.
J’ai eu la chance de rencontrer des gens extraordinaires qui m’ont aidé à peaufiner mon éducation olfactive, à me sensibiliser aux notes très subtiles… Le parfum est une vraie science, c’est de la chimie avec une touche de magie, quand on commence à s’y intéresser de près, tout un nouveau monde s’ouvre à nous. Donc oui, j’y suis plus sensible car j’en sais tellement plus aujourd’hui qu’à 20 ans !
GALA : Offrez-vous des parfums aux gens que vous aimez ?
Amélie Huynh : Tout le temps ! Non sans m’informer d’abord sur les préférences de chaque personne parce que je trouve que c’est assez frustrant de recevoir en cadeau un parfum qui ne nous ressemble pas. C’est un exercice intéressant, je connais déjà leur personnalité mais je demande également à la personne quel genre de notes elle préfère dans le parfum et j’essaie de trouver un jus qui pourrait lui correspondre chez D’Orsay (oui, j’offre souvent les parfums D’Orsay !)
Crédits photos : Maison D’Orsay
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