Fait-on une terrible erreur en ne lavant pas son écharpe ?

C’est l’accessoire mode phare qui ne quitte pas notre cou de l’hiver. À tel point qu’il ne rencontre presque jamais la machine à laver. Bonne ou mauvaise idée ? Réponses avec trois spécialistes.

Quand la douceur de l’automne laisse place au froid glacial de l’hiver, il n’est pas rare de croiser piétons et cyclistes emmitouflés dans leur écharpe, au point de ne voir que leurs yeux dépasser du tissu. Manteau, bonnet, gants… difficile de se séparer de ces vêtements et accessoires qui nous réchauffent. Pourtant, chaque jour, l’écharpe est en contact avec le nez, la bouche, le porte-manteau du travail, la barre du bus ou le sol. En faisant l’impasse sur son lavage, on peut raisonnablement se demander si on prend des risques. On fait le point avec trois spécialistes.

En vidéo, 5 remèdes naturels pour combattre le rhume

Un vecteur d’infection rare

Quand une personne parle, elle projette des microgouttelettes de salive. En cas de toux ou d’éternuement, fatalement, ces projections augmentent. Pour éviter au voisin de recevoir cette pluie microscopique, on a tendance, lorsque l’on est à l’extérieur, à tousser dans son écharpe. Sauf qu’une partie de ces projections va se déposer dans les fibres du tissu. «Si l’on pose le foulard sur une patère ou qu’on la prête à un ami alors qu’on souffre d’une maladie des voies respiratoires supérieures ou inférieures comme une angine ou une bronchite, cet accessoire va jouer le rôle de vecteur de l’agent infectieux», souligne Stéphane Gayet, médecin infectiologue.

Avant d’asperger sans plus attendre son écharpe de gel hydro-alcoolique, le Pr Bruno Lina, virologue spécialiste de la grippe, se veut rassurant. «Le risque de contagion n’est pas nul mais il reste marginal, nuance-t-il. À ma connaissance, on n’a recensé aucun cas de transmission des pathogènes de la grippe, à l’hôpital ou en famille, par le biais des vêtements ou des tours de cou partagés.» D’après le Pr Bruno Lina, cela concernerait davantage la literie, comme les oreillers ou les draps, sur lesquels il y aurait une action de contact beaucoup plus prolongée de l’agent infectieux.

Un tissu poreux

Le seul problème de l’écharpe viendrait finalement de sa capacité à laisser entrer et sortir tout ce qui passe. Exposée à l’air ambiant, elle serait plus poreuse à la pollution. «Elle se charge dans une moindre mesure des polluants physiques et chimiques environnants comme le monoxyde de carbone ou les hydrocarbures mais aussi, en particulier pour les fumeurs, des résidus toxiques de la fumée de cigarette», détaille le médecin infectiologue Stéphane Gayet. «Ces radicaux libres sont responsables du vieillissement prématuré cutané et, s’ils sont associés à un frottement du textile, vont indirectement provoquer des irritations sur des zones sensibles comme la peau du bas du visage et du cou», ajoute la dermatologue Catherine Laverdet.

«Même si elle cache le nez et la bouche, l’écharpe n’empêche pas non plus la transmission d’un agent infectieux d’une personne malade à une personne non malade», signale le virologue. Pour se protéger des virus de l’hiver, Santé Publique France recommande vivement de tousser ou d’éternuer dans le pli de son coude. «L’idéal quand on est malade c’est de porter un masque à usage unique sous l’écharpe», conseille Stéphane Gayet.

Lavage à 60°C et assouplissant

Afin de limiter au mieux le risque de transmission de pathogènes et de résidus toxiques, le lavage du tour de cou reste tout de même l’option la plus recommandée. «Une fois par semaine, c’est suffisant», rapporte la dermatologue Catherine Laverdet. «On peut le laver à 30°C pour diluer la plupart des agents infectieux mais à partir de 60°C, on aura une véritable action thermo-désinfectante», indique le Dr Stéphane Gayet. Seul bémol, cette température élevée peut diminuer sa durée de vie au fur et à mesure des nettoyages. Dans ce cas, l’ajout d’un assouplissant, testé dermatologiquement et hypoallergénique, s’avère efficace pour remettre en place les fibres du tissu et il évitera d’irriter la peau, d’après la dermatologue. Enfin, petit bonus, non négligeable pour vous et votre entourage, l’écharpe sentira bon le propre !

Source: Lire L’Article Complet