Discret ou exubérant, monochrome ou éclatant de couleurs, le tatouage est «encré» dans l’époque. Comment le choisir, l’entretenir ? Peut-on l’effacer ? Ce qu’il faut savoir avant de se piquer au jeu…
Il semble bien loin le temps où les tatouages étaient réservés aux mauvais garçons, aux marins, aux bikers et aux cercles underground. En septembre dernier, à Paris, Le Bon Marché – temple du luxe et du bon goût – lui a même rendu hommage grâce au collectif de L’Encrerie lors de l’exposition So Punk Rive Gauche. Les filles des beaux quartiers parisiens pouvaient alors s’encanailler en se faisant graver sur la peau des silhouettes de pin-up hollywoodiennes, des chardons stylisés façon Gustave Doré ou des messages rock en lettres gothiques.
En images, les tatouages cultes de stars
Pour fêter leurs 20 ans d’amour inconditionnel, Johnny Hallyday avait tenu à se faire tatouer celle qu’il avait dans la peau : sa femme Læticia. À 71 ans, le chanteur avait dévoilé le dessin sur son compte Instagram : une reproduction d’une photographie très sexy de sa belle, nue contre un mur, signé du tatoueur californien Rick Walters. Le cliché a été supprimé de son compte depuis mais l’icône a dévoilé avoir également profité de l’occasion pour s’inscrire le chiffre « 666 » sur l’avant-bras.
Guillaume Canet a dévoilé son premier tatouage sur son compte Instagram. Une photo en noir et blanc laissant apparaître un M majuscule sur une fleur où trois petits cœurs sont dissimulés. En légende : « 3 cœurs pour 3 M », soit une déclaration d’amour à sa compagne, Marion Cotillard, et à leur fils, Marcel. En ce qui concerne le troisième M, ses followers ont supposé qu’il désignait « Matthieu Chedid » ou encore un hilarant « Madonna ». Ou bien serait-ce un M comme « Madame Figaro » ? Mais l’acteur a répondu : « Me », suivi d’une émoticône représentant une famille. Légère amertume…
En plus de l’ancre sur son poignet et des cœurs sur la paume de la main et sur sa cheville, Kate Moss possède deux hirondelles dans le bas du dos, tatouées par le peintre allemand Lucian Freud en 2002. C’est donc ça être une icône.
Angelina Jolie possède une douzaine de tatouages. Des proverbes en latin et en arabe, les prénoms de ses enfants… Le plus emblématique ? Un poème en khmer dédié à son premier fils, Maddox. Passionnée, elle a parfois regretté certains de ses tatouages et en a supprimé quelques-uns, comme le signe japonais qu’elle avait en commun avec son ex, Jonny Lee Miller, ou encore une fenêtre tatouée dans le bas du dos.
Signes extérieurs de tendresse ?
Délestées de leur caractère marginal, ces peintures corporelles sont devenues, depuis le début des années 2000, un véritable phénomène de société, le nombre de tatoués et de tatoueurs ne cessant d’augmenter. Ainsi, 14 % des Français avaient succombé en 2017, avec une proportion encore plus forte chez les femmes (17 %) et chez les jeunes (27 % des moins de 35 ans) (1). Tandis que le Mondial du Tatouage – qui fêtera ses 10 ans les 16, 17 et 18 octobre prochains – accueille plus de 30.000 curieux chaque année à la Grande halle de la Villette, à Paris, laissant deviner une pratique de plus en plus banalisée. Si la publicité et la mode se sont vite emparées de ces codes, les stars de cinéma ou de la musique ont, elles aussi, largement contribué à démocratiser ces ornements à la fois rebelles et sexy.
Qu’ils soient minuscules comme les ancres, les croix et autres cœurs discrets sur Kate Moss, ou ostentatoires comme les prières bouddhistes, proverbes en latin, tigre asiatique et autres coordonnées géographiques imprimées sur la peau d’Angelina Jolie. Même Catherine Deneuve, icône absolue, arbore un dessin tribal et acéré le long de sa nuque. L’anthropologue David Le Breton voit dans ce phénomène une quête de singularisation, une façon d’affirmer son identité et d’afficher sa différence. «Le tatouage est devenu un accessoire de beauté, un renouvellement du bijou, une parure contribuant à la mise en scène de soi. Dans un monde d’images, il faut se faire image.» (2) Une décoration, mais aussi, souligne notre expert, «une forme de protection de seconde peau face à l’incertitude du monde».
Sans peur et sans regret
«Mieux vaut aller à l’inverse des tendances, conseille Tin-Tin, le tatoueur des stars et président du Syndicat national des artistes tatoueurs. Car il n’y a rien de plus antinomique que la mode – éphémère par essence – et le tatouage, qui est permanent. On évite donc les dessins de hipsters, les mantras du moment ou les symboles trop faciles, qui risquent de devenir désuets, même ringards, avec le temps.» Voir le fameux dauphin façon Le Grand Bleu ou le barbelé de Pamela Anderson, tous les deux trop datés. Plus sûrs : les dessins séculaires comme les dragons, les roses, les serpents et autre croix. Certes classiques, ils passeront mieux les années et éviteront les mésaventures.
La folie des « finger tattoos »
Que ce soit les underboobs (entre les seins) ou les finger tattoos (sur les phalanges) rapides à réaliser et pas chers, ils sont devenus l’accessoire fashion préféré des millennials. Kendall Jenner, Bella Hadid, Kaia Gerber…Elles sont toutes passées dans le studio du New-Yorkais JonBoy, qui réalise des tatouages épurés et graphiques. «Attention, toutefois : ces dessins minimalistes ne tiennent pas longtemps. Notamment sur les doigts, une zone où la peau est en contact permanent avec l’air et l’eau et se régénère donc plus vite, prévient le tatoueur Mikael de Poissy. L’encre s’y efface rapidement, les pigments fusent sous la peau et le motif finit par se déformer.»
En vidéo, immersion au mondial du tatouage
L’hygiène avant tout
Pour éviter toute infection, l’hygiène du salon doit bien évidemment être irréprochable : aiguilles stérilisées et à usage unique, matériel plastifié, encres conformes aux réglementations française et européenne, port de gants et nettoyage antiseptique. Pour rappel, le principe du tatouage consiste à introduire des pigments dans la peau : une fois déposée, l’encre apparaîtra par transparence sous l’épiderme après cicatrisation. «Un bon tatoueur doit aussi savoir prendre en compte la spécificité de chaque peau : couleur, texture, état…», explique Tin-Tin. Pour choisir son tatoueur, il est impératif de se renseigner via les magazines spécialisés – Tattoo Life ou Tatouage Magazine-, mais aussi sur Instagram et sur Internet, où il est désormais très facile de comparer les styles et les pratiques de chacun.»
Tattoo compris ?
Le mot tattoo vient du terme tattoow, rapporté par le navigateur James Cook dans ses notes,en 1769. C’est une transcription du tahitien tatau, qui signifie «marquer, dessiner ou frapper.»
Prendre soin de son dessin
Après une séance de tatouage, on désinfecte deux ou trois fois par jour, à l’eau tiède et avec une solution antiseptique, avant d’appliquer un soin cicatrisant (Cicafalte d’Avène, Cicaplast de La Roche-Posay, Cicabio de Bioderma…). Pendant toute la durée de la cicatrisation (compter environ trois semaines), on prévoit aussi des vêtements amples pour empêcher les frottements, et on évite la piscine, par crainte des infections. Puis, lors des trois mois suivants, on ne l’expose jamais au soleil sous peine de taches brunes irréversibles. Plus tard, on le protège toujours à l’aide d’une protection solaire SPF 50 : «Le tatouage est photosensible, et ses couleurs risquent de s’affadir sous les UV», précise Tin-Tin.
SOS détatouage
«Retirer les pigments prend du temps, peut faire mal et, surtout, coûter très cher, insiste Mikael de Poissy. D’où la nécessité de mûrement réfléchir son tatouage avant de franchir le pas.» S’il est très étendu, coloré ou de mauvaise qualité, le dessin résistera et pourra nécessiter jusqu’à vingt séances de laser pigmentaire, chacune espacée de deux mois (de 50 € à 150 € le rendez-vous). Reste la solution zéro risque avec les tatouages éphémères. Il en existe de toutes les formes et de toutes les couleurs. Les décalcomanies, les bijoux de peau ou les tampons encreurs perdurent une journée : ils habillent un décolleté, une épaule, une cheville ou l’arrière de l’oreille les soirs de fête.
La solution pochoir est plus durable. On l’applique sur la peau, on vaporise une encre testée dermatologiquement, et le dessin est imprimé pour une quinzaine de jours (des centaines de modèles chez inkaparis.com). Les artistes peuvent aussi dessiner le motif de leur choix avec du make-up à effet tatouage, tel l’eye-liner liquide Tattoo Liner de Maybelline New York, qui promet une tenue de trente-six heures. Le make-up artist Yann Rebelo l’utilise volontiers pour tracer des petits motifs, au coin de l’œil ou ailleurs. Enfin, chez Diptyque, on propose de très élégants patchs parfumés : Fleur pour Eau de Rose et Do Son, cygne pour l’Ombre dans l’Eau.
Une consultation tatouage à l’hôpital
Même réalisés par un bon professionnel et dans d’excellentes conditions d’hygiène, les tatouages peuvent provoquer des réactions allergiques, des infections bactériennes et des inflammationsde la peau. Pour mieux prendre en charge ces patients victimes de complications cutanées, le service dermatologie de l’hôpital Bichat-Claude-Bernard AP-HP, à Paris, a créé la première consultation tatouages en France. Elle a aussi pour vocation de dispenser des conseils adaptés aux patients souhaitant se faire tatouer.
Pour prendre rendez-vous : 01 40 25 82 40.
(1) Sondage Ifop réalisé en 2017, en partenariat avec le Syndicat national des artistes tatoueurs (Snat).
(2) Extrait de 100.000 ans de beauté, ouvrage collectif, Éditions Gallimard.
Publié en décembre 2019, cet article a fait l’objet d’une mise à jour.
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