C’était l’heure des bilans hier. En présence de René Martin, évidemment, le concepteur et directeur artistique de La Folle Journée, mais aussi d’Aymeric Sasseau, adjoint à la culture de la ville de Nantes et de Denis Caille, le directeur de la Cité des Congrès qui accueille en grande partie le public.
Un public cette année réduit à ne jamais stationner, échanger, boire un verre. On l’a dit : on entrait, on écoutait, on sortait. Et l’on sortait par une sortie sans jamais croiser ceux qui entraient… par une entrée. Je connais maintenant toutes les issues de secours, disait René Martin drôlement, que je n’avais jamais repérées depuis 25 ans.
Seuls 7 artistes sur 800 ont dû être remplacés
A l’heure d’un bilan vraiment satisfaisant, les trois hommes ont pu nous faire part de toutes les craintes, voire toutes les angoisses, qui les ont saisis ces dernières semaines : comment organiser tout cela, tous ces flux ? Le public sera-t-il au rendez-vous, non rebuté par tant de contraintes ? Les artistes ne feront-ils pas faux bond ? On a dû déployer des trésors de détermination, de combativité, pour respecter les consignes de l’état, sécuriser les salles pour préserver les fameuses jauges. Et de ce point de vue il faut rendre hommage à tous nos bénévoles qui ont accompagné le public, un public parfois craintif, à coup de sourires, de conseils, indique Aymeric Sasseau.
Au final, ajoute René Martin, 7 artistes seulement ont dû être remplacés sur les 800 qui sont venus (en comptant les musiciens des orchestres). Et, quand il s’agissait de pianistes par exemple, leurs camarades ont joué le jeu, proposant un programme à leur place.
On peut témoigner de tout cela : aussi bien du très grand professionnalisme, courtoisie et rigueur, de ce personnel de bénévoles et de la sécurité, que de la grande discipline du public, un public un peu timide les premiers jours mais qui sera venu de plus en plus nombreux, on aura même revu, les scolaires n’ayant pas pu, eux, être accueillis (ils auront leur journée spéciale le lundi 13 juin !), des petites têtes blondes (ou brunes), ce dimanche surtout, avec papa et maman.
Booster économique…
On aura pu assister – car la Folle Journée, c’est aussi, surtout par les temps qui courent, un formidable booster économique pour la ville – au retour de plus en plus net dudit public dans les hôtels, les cafés, les restaurants nantais ; certains de ces restaurants, on l’a dit aussi, se transformant en salons de thé éphémères. Il faut savoir que le week-end des Folles Journées est le plus important de l’année en termes de fréquentation des brasseries de l’agglomération nantaise. Autant dire que la décision (et ce fut une décision politique !) de la maire de Nantes, Johanna Rolland, de donner le feu vert à la Folle Journée le 10 janvier dans les circonstances sanitaires que l’on sait, était courageuse.
Courageuse mais nécessaire et aussi bien calculée car, rappelait Aymeric Sasseau, l’adjoint à la Culture de la ville, on sait qu’avec les gestes- barrières et les pass sanitaires devenus vaccinaux il n’y a jamais eu de clusters dans les lieux culturels, ni à Nantes ni ailleurs. Les annulations éventuelles étant le fait de comportements individuels et le tout petit chiffre des contaminations (un seul des pianistes prévus, sur une cinquantaine, reconnu positif au Covid) s’explique aussi par une attention renforcée de beaucoup d’entre eux, on l’a entendu et constaté, souhaitant préserver leur propre vie d’artiste dans les semaines à venir.
… et culturel
Le fait que La Folle Journée ait eu lieu – 189 concerts organisés en 5 jours, 77% de taux de remplissage (quand on sait qu’une partie du public est encore réticente à sortir) – a été aussi un signe très fort (les équipes de René Martin l’ont constaté) pour la vie culturelle du pays. Nous avons été assaillis, nous disait une collaboratrice de René Martin, de coups de fil des acteurs culturels de toute la France, agents d’artistes, directeurs de festivals, absolument soulagés que la Folle Journée ait lieu. Le fait, en plus, qu’elle se soit si bien déroulée va encore accentuer l’idée que, dans notre domaine si touché, on peut enfin envisager dans de vraies bonnes conditions la fin du tunnel.
Il s’agira, en tout cas et en attendant, déjà de prendre date : la prochaine Folle Journée aura lieu du 1er au 5 février 2023. Le thème (qui d’habitude est annoncé par René Martin dès le dimanche de clôture) ? Ce n’est pas que je manque d’idées, a-t-il laissé entendre. Bien au contraire. Mais attendons quelques semaines. Voyons aussi comment les choses vont évoluer du point de vue sanitaire. Cela peut impliquer par exemple la présence de grands ensembles orchestraux, où des contaminations peuvent davantage avoir lieu, ou au contraire davantage de solistes, ce qui limite un peu plus les risques. Nous en dirons plus bientôt, c’est promis. Un peu de repos étant nécessaire aussi peut-être pour tout ce monde, qui a le droit de souffler après des semaines de tension mais avec la satisfaction finale du devoir accompli.
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