Pendant des années, Thomas Sotto a éludé un sujet qui l’a profondément marqué… Jusque dans ses chaires : son handicap. En 2017 – toutefois – il « brisait le plafond de verre » et s’autorisait à en parler.
Novembre 2017. Invité sur France Inter dans L’instant M pour promouvoir son émission Complément d’enquête, Thomas Sotto s’autorisait quelques minutes plus personnelles face à Sonia Devillers. Lui, l’homme de média, le journaliste aguerri, révélait une faiblesse qu’il avait éludée pendant près de vingt ans : son handicap. « C’est un handicap banal, c’est un accident de deux roues, précisait-il. Je suis handicapé du bras gauche. Je n’ai pas cherché à cacher mon handicap. J’ai compris qu’il fallait mieux ne pas le montrer dans le métier que je fais » L’accident date de 2000 et l’a obligé à intégrer un centre de rééducation pour de longues séances douloureuses. « On se rend compte que le handicap, ce n’est rien. C’est la vie, ajoutait-il sur France Inter. Quand on est en peignoir et qu’on va tous faire notre rééducation à la piscine, il n’y a plus d’handicapés, il y a des êtres humains et tous les masques tombent à ce moment-là. On relative aussi nos problèmes. »
Quand la profession apprend ce qui lui est arrivé [bien avant le grand public, ndlr], l’information fait le tour des rédactions. « Au bout d’un an et demi, je reçois un coup de fil d’une responsable de chaîne, racontait-il. Dans les trente premières secondes, elle me dit : “Ton bras, ça se voit toujours ?” Evidemment, j’ai menti. J’ai dit : “Non non, ça se voit plus”. À l’époque mon bras était une ficelle. J’étais totalement paralysé du bras gauche. » Un mensonge qu’il a entretenu à grands renforts de kiné…
Pourquoi dix-sept ans de silence ? Thomas Sotto s’explique
Sur France Inter, Thomas Sotto voulait « percer ce plafond de verre » en révélant son handicap. Ce qu’il n’avait pas dit – en revanche – c’est pourquoi il n’en avait jamais parlé avant. Pour le savoir, il faudra attendre son passage dans Le Tube d’Isabelle Ithurburu sur Canal + au mois de décembre 2017, soit deux mois après sa révélation. « Je n’ai pas cherché à cacher mon handicap, j’ai compris qu’il fallait mieux ne pas le montrer avec le métier que je fais, expliquait-il. On est dans la société du paraître, c’est aussi pour ça que j’ai décidé de parler. Je ne suis le porte-parole de rien, je ne suis pas à plaindre, j’ai eu ce petit incident de vie qui a eu des conséquences finalement assez limitées. » Afin de boucler la boucle sur ce sujet, le journaliste ajoutait : « J’ai l’impression qu’il y a des gens normaux et anormaux. Les normaux c’est ceux qui ont la bonne paire de pompe, la bonne coiffure, la bonne tenue… et puis les autres sont anormaux. Eh bien non, ce n’est pas vrai. La vie c’est un composite de gens qui sont très différents. » C’est ce que l’on appelle la richesse d’une société.
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