Êtes-vous bipolaire ? Les tests qui permettent de poser un diagnostic

Comment les troubles bipolaires sont-ils diagnostiqués ? Quels sont les critères qui permettent de parler de bipolarité ? Zoom.

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Troubles bipolaires : de quoi parle-t-on exactement ?

Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), les troubles bipolaires (que l’on appelait autrefois  » maniaco-dépression « ) concerneraient entre 1 % et 2,5 % de la population française.  » Il faut faire attention avec le terme  » bipolarité  » : c’est un mot qui est utilisé à tort et à travers aujourd’hui  » réagit le Dr. Fanny Jacq, médecin psychiatre.

Car les troubles bipolaires constituent une véritable maladie chronique  » qui nécessite un traitement à vie  » précise la spécialiste. Ils se caractérisent par une alternance d’épisodes maniaques et dépressifs.

Troubles bipolaires : comment se manifestent-ils ? On l’a dit : la bipolarité correspond à l’alternance de phases maniaques et de phases dépressives.  » Durant les phases maniaques, les patients qui souffrent de troubles bipolaires sont euphoriques, extrêmement joyeux, ils dorment peu, ils ont plein de projets, ils vont à 1000 à l’heure, ils pensent et parlent vite, ils affichent un tempérament hyperactif, décrit le Dr. Fanny Jacq. A contrario, durant les phases dépressives, ils souffrent d’une tristesse intense, ils sont incapables de se lever ou d’agir, ils font des crises d’angoisse, ils se sentent extrêmement fatigués, ils peuvent avoir des idées noires jusqu’à l’envie de suicide…  » Cette phase de dépression, très sévère, est alors qualifiée de  » mélancolique « .

À savoir.  » Ce qui caractérise les troubles bipolaires, c’est l’alternance brutale de ces phases, qui peuvent durer plusieurs mois (voire plusieurs années) mais qui s’inversent de façon très rapide, d’une semaine à l’autre : pour le patient, cette alternance est épuisante  » précise le Dr. Fanny Jacq.

Et aussi… Il ne faut pas confondre les troubles bipolaires avec la cyclothymie.  » La cyclothymie n’est pas une maladie : c’est ainsi qu’en psychiatrie, on désigne les personnes  » soupe au lait « , qui changent facilement d’humeur, par exemple à la faveur des saisons ou de la météo. Elles peuvent parfois être  » too much  » dans leurs réactions, mais ça n’en fait pas des personnes bipolaires.  » On pourrait dire que la cyclothymie est un trouble bipolaire  » à bas bruit « .

 » Chez une personne qui souffre de bipolarité, les épisodes maniaques ou dépressifs sont si violents que l’hospitalisation est quasi-incontournable à un moment ou à un autre  » développe la spécialiste. Lorsque les troubles bipolaires ne sont pas pris en charge, il est difficile de vivre une vie quotidienne normale. En revanche, la cyclothymie autorise une vie normale.

À savoir. Les troubles bipolaires sont légèrement plus féminins que masculins, bien que les deux sexes puissent être concernés.  » Cette maladie chronique apparaît plutôt vers l’âge de 30 ans : les premières phases surviennent vers 25-35 ans, et leur apparition peut coïncider avec un événement de vie ou un traumatisme  » note le Dr. Fanny Jacq. Par ailleurs, «  dans le cas des troubles bipolaires, il y a un facteur héréditaire et génétique qui est évident : il y a ainsi des familles de bipolaires  » ajoute la psychiatre.

Et aussi…  » Chez les personnes qui souffrent de troubles bipolaires, la prise de cannabis ou d’alcool, les gros décalages horaires ou encore le manque de sommeil peuvent déclencher la survenue d’une crise, qu’elle soit maniaque ou dépressive  » souligne le Dr. Fanny Jacq.

Êtes-vous bipolaire ? Un diagnostic rétroactif

Bipolarité : qui pose le diagnostic ? Le diagnostic de troubles bipolaires est posé par le médecin psychiatre. «  Dans un premier temps, les patients consultent leur médecin généraliste, qui les redirige vers un spécialiste  » précise le Dr. Fanny Jacq. Le diagnostic de troubles bipolaires peut également être posé dans le cadre d’une hospitalisation.

Le diagnostic de bipolarité est malheureusement tardif, car rétroactif : «  les entretiens de diagnostic sont souvent longs (au moins une heure), parce qu’il faut remonter l’histoire du patient, souvent depuis l’adolescence : on essaye d’identifier des périodes où la personne n’était  » pas bien « , des phases dépressives et des phases euphoriques pour parler de troubles bipolaires « .

Par ailleurs,  » on va chercher des antécédents de troubles bipolaires dans la famille, qu’ils aient été diagnostiqués ou pas : un oncle qui s’est suicidé ou qui a fait une tentative de suicide, une grand-mère qui aurait été régulièrement hospitalisée pour dépression… « 

Merci au Dr. Fanny Jacq, médecin psychiatre et directrice de la santé mentale chez Qare.

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