"Madeleine Collins" : la double vie de Virginie Efira dans un thriller haletant d'Antoine Barraud

Qui suis-je ? Celui ou celle que je souhaite être ou que l’on m’oblige à être ? Ces questions existentielles, Antoine Barraud aime se les poser. Des interrogations qui infusent dans son esprit et que le réalisateur aime par la suite projeter sur grand écran. L’identité est un des thèmes favoris d’Antoine Barraud.

Pour son troisième long-métrage, le cinéaste français le place de nouveau au cœur de l’énigme. En salles mercredi 22 décembre, Madeleine Collins suit Judith, jouée par Virginie Efira, une femme qui mène une double vie. Peu à peu, les années de mensonge construites par Judith s’effritent. Prise à son propre jeu, elle s’engouffre dans une chute vertigineuse. 

Fuite étourdissante

En France, Judith mène une vie confortable aux côtés de son époux Melvil, un chef d’orchestre, avec qui elle a deux garçons. Quand elle retourne en Suisse, où elle exerce son métier d’interprète, elle ôte son chignon sévère et ses boucles d’oreilles pour retrouver Abdel, avec qui elle élève une petite fille, Ninon. Pour quitter les bras de son époux et rejoindre Abdel, elle prétexte des voyages professionnels organisés à l’étranger. Idem, pour arrêter les pleurs de la petite Ninon qui ne veut pas voir sa mère s’en aller, elle justifie aussi son départ par le travail.

Son métier devient l’alibi lui permettant de faire des allers-retours entre ses deux foyers. Et les cadeaux souvenirs commandés en ligne qu’elle prétend avoir achetés lors de ses voyages ne font que renforcer la forteresse de mensonges et de secrets que Judith s’est construite au fil des années. Elle a réponse à tout et parvient toujours à retomber sur ses pattes même quand son secret est sur le point d’éclater.

Les va-et-vient incessants de Judith (qui se nomme également Margot…) et ses multiples identités ne sont pas tout de suite expliqués. Est-ce une manipulatrice, une mythomane et en quel cas, s’est-elle emprisonnée dans son mensonge ? Les clés de l’énigme ne sont pas données au spectateur et c’est justement ce suspens qui nous maintient en haleine.

Une intrigue en mille-feuilles

Dans son premier long-métrage Les Gouffres avec Mathieu Amalric, le cinéaste abordait déjà la thématique à travers l’histoire de Georges Lebrun, un chercheur envoyé au Mexique pour explorer un gouffre géant. Quand l’homme ressort de son exploration, il n’est plus le même et sa femme doit faire face à un étranger.

Si Antoine Barraud est plutôt adepte des scénarios linéaires, il a cette fois opté pour une structure en escargot à l’envers, où l’on commence par Z pour arriver à A. Dans Madeleine Collins, le spectateur est plongé au coeur du dispositif. Dès la première scène, les interrogations pleuvent. Le réalisateur se fait aiguilleur en parsemant ça et là des indices. Mais encore faut-il bien s’être accroché au démarrage pour réussir à les saisir. Peu à peu, le brouillard qui entoure l’hitchcockienne Virginie Efira se dissipe.

Au bord du fauteuil rouge, les yeux fixés sur le grand écran, impossible de décrocher tant Virginie Efira est captivante. À cheval entre thriller et drame psychologique, Madeleine Collins est un film à décrypter. Un casse-tête que le spectateur doit dénouer. Ponctué de coups de théâtre, qui flirte parfois avec le vaudeville, le film réussit à désosser la personnalité complexe quasi-perverse d’une femme prisonnière de sa propre illusion. Palpitant. 

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Antoine Barraud
Acteurs : Virginie Efira, Bruno Salomone, Quim Gutiérrez, Jacqueline Bisset
Pays : France
Durée : 01h47
Sortie : 22 décembre 2021
Distributeur : Paname Distribution
Synopsis : Judith mène une double vie entre la Suisse et la France. D’un côté Abdel, avec qui elle élève une petite fille, de l’autre Melvil avec qui elle a deux garçons plus âgés. Peu à peu, cet équilibre fragile, fait de mensonges, de secrets et d’allers-retours, se fissure dangereusement. Prise au piège, Judith choisit la fuite en avant, au risque de tout perdre.

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