Nul besoin d’aller en Laponie pour filer à travers la poudreuse, tiré par une dizaine de chiens. Florence Gleye, musher installée à la Chapelle d’Abondance, nous convie à cette activité ludique, rafraîchissante et poilue !
Restez informée
Travailler avec des chiens est une passion qui vous attrape sans crier gare, et ne vous lâche plus. Florence Gleye est originaire du Sud-Ouest, son accent la trahit vite. Elle animait une colonie de vacances dans l’Aubrac quand elle a découvert les chiens de traîneau. Un choc tel qu’elle leur consacre désormais sa vie. « J’ai rapidement fait un stage chez un musher (le conducteur du traîneau). Je n’étais qu’handler, celui qui s’occupe de l’intendance, nourrit les chiens et les nettoie. Et puis j’ai eu mes premiers chiens. J’ai navigué entre différents massifs, jusqu’à m’installer en Haute-Savoie. » Chaque hiver depuis 2013, elle quitte son Lot natal pour se fixer à la Chapelle d’Abondance, sur le domaine des Portes du Soleil. Ses 48 chiens montent dans des remorques aménagées et c’est parti pour la neige. Florence propose les deux activités classiques : la balade simple en traîneau à chiens, tout en contemplation, et l’initiation à la conduite d’attelage. Plus active, la seconde reste à la portée de tous puisqu’elle est accessible dès 8 ans. Quelle que soit l’option, la puissance et la rapidité des chiens est impressionnante. Pourtant Balian, Jager, Adoom, Satanas, Sowilo et tous leurs confrères ne pèsent guère plus de 25 kg. Impossible de résister à l’envie de plonger la main dans leur fourrure épaisse (claire ou plus brune, voire foncée) ou de chercher à capter leur regard, même s’ils n’ont d’yeux que pour Florence.
Se laisser transporter
Avant la balade, les chiens s’impatientent, aboient de tous les côtés. « Il ne faut pas se laisser impressionner, raconte Florence, ça se calme vite. Dès qu’ils sont lancés, les chiens deviennent hyper concentrés et ne font plus un bruit ». Reste à profiter du silence des grands espaces enneigés, le long de la forêt et des chalets. Aucun risque de heurter un promeneur en ski de fond ou en raquettes : dans la plupart des stations, une piste spécifique est réservée aux traîneaux à chiens. Celle-ci n’est pas très longue (3 kilomètres), mais permet de faire le plein de sensations pendant une vingtaine de minutes. Assis dans une sorte de grand sac devant le conducteur, au niveau du sol, des matelas auto-gonflants et des peaux de moutons assurent votre confort. Deux adultes et deux enfants (200 kilos maximum) peuvent prendre place dans le traîneau. Difficile d’en demander plus à la dizaine de chiens qui vous tractent vaillamment.
Prendre le guidon
Pour initier le public à la conduite d’un attelage, il faut avoir passé un brevet fédéral devenu diplôme d’État. Quand Florence l’a obtenu en 2007, ils n’étaient que 80 titulaires. Signe de l’engouement croissant des vacanciers, ils sont désormais trois ou quatre fois plus. Pour tenir le guidon, il suffit d’être en bonne condition physique, comme pour skier. Les traîneaux, tirés par trois ou quatre chiens, sont plus courts que ceux utilisés pour la simple balade. Il vaut mieux s’accrocher, la vitesse moyenne est de 7 à 8 km/h, parfois le double dans les descentes. La majorité des chiens ont été élevés en France et comprennent donc le français : « à droite », « à gauche », « en avant ». « L’équilibre se fait sur les jambes, recommande Florence, pas sur les bras. Il faut rester souple, plutôt vers l’arrière pour bien passer les bosses. Les deux mains restent sur le guidon, les pieds sur le patin ». Il ne faut jamais lâcher l’attelage et appuyer sur une sorte de grande mâchoire en fer pour freiner.
Quand la neige manque
Une fine couche de neige suffit à la pratique du traîneau, surtout si elle est verglacée. Et si les flocons tardent ou fondent, Florence a un plan B : « je propose aussi du cani-kart et de la cani-rando ». Les termes sont explicites, un kart remplace ainsi le traîneau, toujours tiré par une dizaine de chiens. Côté rando, le marcheur est lié par une ceinture à un animal qui l’aide à avancer. Certains professionnels poursuivent ces activités tout l’été. La Ferme des Chiens de Traîneau, dans la station des Aillons-Margeriaz (Savoie) est un modèle du genre. Les roues arrière des karts disposent de petits moteurs électriques pour épauler les chiens qui se fatiguent plus vite avec la chaleur. Sans compter que les karts sont deux à trois fois plus lourds que les traîneaux. La Ferme est également équipée de casques de réalité augmentée pour faire du traîneau virtuel. Sans bouger, cela permet de ressentir toutes les sensations de la glisse à 360°. Y compris en pleine canicule.
Des animaux bien traités
Beaucoup de mushers sont aussi éleveurs. Florence Gleye, Serge Verhille (fondateur de la Ferme des Chiens de traîneaux) et bien d’autres parlent de leurs bêtes avec des étincelles dans les yeux. Après l’activité, il est bien sûr possible de les câliner, leur enlever le harnais, les nourrir avec des croquettes ou des boulettes de viande congelée. Les chiens sont regroupés dans des chenils selon leurs affinités. De races pures (husky de Sibérie, Esquimau du Groenland) ou croisées comme l’Alaskan Husky, ils réclament de l’activité. Ils parcourent jusqu’à 50 kilomètres par jour, d’où une alimentation riche en graisse. Actifs dès 1 an, ils arrêtent quand ils se lassent : de 8-9 ans pour un chien cool à 12-13 pour un ardent. Et selon leur caractère, les retraités choisissent d’éduquer les jeunes de la meute ou de se prélasser sur un canapé.
5 choses à savoir avant de se lancer
1. Où et quand ? Les stations de ski de fond sont aussi adaptées au traîneau à chiens. La plupart comptent désormais un ou plusieurs mushers. Renseignez-vous auprès des offices du tourisme. L’activité se pratique des vacances de Noël jusqu’à fin mars / début avril selon l’enneigement. Elle est très populaire auprès des familles, réservez dès que possible.
2. Combien ça coûte ? S’occuper à l’année de 40 à 100 chiens est onéreux… D’où des tarifs assez élevés. Comptez 50-55 € par personne par une balade de 20 à 30 minutes en traîneau (ou en kart) avec des réductions pour les enfants. Pour une initiation à la conduite, c’est plutôt autour de 65 € pour une heure avec la partie explicative. La visite de la Ferme aux Chiens de traîneau coûte 6 € et la sortie virtuelle 6 € aussi.
3. Bien s’équiper. Pour la balade, il suffit d’être bien couvert, comme pour aller au ski. Pour l’initiation à la conduite, prenez de bons gants et des chaussures adaptées (ni baskets, ni talons !). Vous allez avoir les pieds dans la neige tout du long. Les chiens peuvent porter des bottines quand la neige est abrasive ou verglacée. Par grand froid, les plus vieux et les moins poilus enfilent des manteaux.
4. Prolonger l’aventure. Votre baptême de traîneau à chiens vous a enchanté et vous souhaitez passer à la vitesse supérieure ? Vous pouvez partir en raid durant plusieurs jours en suivant un musher expérimenté. Traces Blanches propose des séjours en Savoie, sur le massif du Beaufortain, de 2 à 5 jours à partir de 498 €.
www.tracesblanches.com
5. Voir une course. De nombreuses compétitions permettent aux mushers de lancer leurs meilleurs chiens. Dans les Alpes, la Grande Odyssée est incontournable. La 18ème édition se déroulera du 8 au 19 janvier 2022. Au programme, 68 participants, 600 chiens et 20 stations traversées, de Samoëns à Val Cenis.
www.grandeodyssee.com
Florence GLEYE (A ton Etoile) à La Chapelle d’Abondance : www.a-ton-etoile.com et 06 88 53 97 91. Voir aussi www.portesdusoleil.com
La Ferme des Chiens de traîneaux à Aillons-Margeriaz-1400 www.chiensdetraineauxaillonsmargeriaz.fr et 06 84 05 66 41. Voir aussi www.lesaillons.com
Retrouvez la suite de cet article et bien d’autres sujets pour s’évader et découvrir nos régions françaises dans le nouveau magazine Femme Actuelle Escapades n° 3, en kiosque dès le 8 novembre 2021.
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