Télé : pourquoi les programmes ont toujours du retard ?

Petit à petit, vos émissions favorites du soir commencent de plus en plus tard. Et le respect du téléspectateur dans tout ça ?

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Et le film du soir débuta à… 21 h 27 ! Tel est le triste record détenu par C8, qui a fait démarrer son programme plus de douze minutes après l’horaire annoncé dans les magazines TV en janvier dernier. En cause, les élucubrations du trublion Cyril Hanouna et de ses compères de Touche pas à mon poste ! sur la chaîne en clair du groupe Canal+. Mais aussi la multiplication des spots publicitaires à un horaire particulièrement stratégique pour les chaînes. Et ce n’est pas mieux sur TMC, qui agit de même avec l’autre talk-show du moment, Quotidien, présenté par Yann Barthès.

Un sport cathodique

Les deux diffuseurs avaient d’ailleurs été brocardés il y a deux ans par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, fatigué de recevoir des kilos de lettres de téléspectateurs mécontents de poireauter devant les aventures d’Olivier de chez Carglass, en attendant le début de celles d’Indiana Jones. Car ces deux exemples sont loin d’être des exceptions. Le retard sur les horaires affichés dans la presse, pourtant communiqués avec quinze jours d’avance, est devenu un sport cathodique. L’écart est parfois si grand qu’il rappelle celui du nombre de participants à une manifestation, selon qu’on se place du côté de la police ou des manifestants.

Pas de pitié pour les lève-tôt

Résultat, les programmes se terminent désormais rarement avant 23 heures, sans pitié pour les lève-tôt et les audiences des émissions de deuxième partie de soirée. Alors que votre film ou votre émission favorite démarrait aux alentours de 20 h 51 il y a encore sept ans, la moyenne est passée à 21 h 04 en 2019. Pire, en dix ans, l’heure de début du prime time a été décalée de vingt-cinq minutes ! « Ces procédés permettent de placer un maximum de publicité à un moment où il y a le plus de spectateurs et où les marques sont donc prêtes à payer davantage pour que leurs spots soient diffusés », justifie un expert du monde de la réclame, qui rappelle que les chaînes sont limitées à douze minutes de pub par heure et estime à 100 000 euros les gains supplémentaires enregistrés par TF1 avec cette technique.

Et le public dans tout ça ? Si le rappel à l’ordre du CSA a quelque peu amélioré la situation – le gendarme de l’audiovisuel se félicite d’avoir réduit « des trois quarts » ce décalage –, les chaînes ont surtout accepté d’afficher un horaire de départ plus proche du démarrage réel du programme : 21 h 05 pour la plupart, voire 21 h 15 pour TMC ou C8. Mais la pandémie est passée par là et, devant l’effondrement de leurs recettes publicitaires, la télé semble avoir oublié ses promesses.

Les plateformes leur disent merci !

Le non-respect des horaires des programmes ? Un bon coup de pub pour les services de vidéo à la demande (Netflix, Amazon Prime Video, Salto…), où on peut lancer sa série ou son film quand on veut. Un modèle cependant plus proche d’une chaîne à péage que des chaînes gratuites. À moins de s’abonner à une offre Avod, gratuite et financée par le visionnage obligatoire de huit à dix minutes de pub par heure (Wild Side TV, Molotov…) mais sans mauvaise surprise sur les horaires cette fois.

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