Qu'est-ce que l'addiction au jeu vidéo ?

L’addiction aux jeux vidéo est reconnue depuis le 18 juin 2018 comme maladie à part entière par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Cependant, on en entend assez peu parler. 

En 2019, on estime que 40% de la population mondiale joue aux jeux vidéo et en France ce serait pas moins de 71% des français qui jouerait au moins occasionnellement d’après une étude du S.E.L.L. (Syndicat des Éditeurs de Logiciels de Loisirs). D’après la même étude, 96% des enfants (10 – 17 ans) déclarent jouer aux jeux vidéo et ce serait même 1 enfant sur 2 qui jouerait tous les jours. Des chiffres à nous donner le tournis. Alors qu’il y a plusieurs années on en entendait beaucoup plus parler, l’addiction aux jeux vidéo a quasiment disparu des médias. Alors quelle est cette maladie ? Comment sait-on que l’on est addict ? Et surtout, comment s’en sortir ?

Une maladie reconnue récemment par l’OMS

Bien que le jeu vidéo soit principalement un loisir, celui-ci peut se révéler très addictif notamment chez les plus jeunes lorsqu’ils sont soumis à des techniques marketing telles que les célèbres loot boxes. Et lorsque ce hobby s’est démocratisé, il n’était pas rare qu’on entende parler de joueurs décédés devant leur écran de malnutrition, de déshydratation ou de fatigue (notamment en Asie). Avec la médiatisation de ces joueurs aux comportements extrêmes, le jeu vidéo a été pointé du doigt et rapidement officieusement catalogué comme addictif. Pourtant, la maladie a tardé à se faire reconnaître en tant que telle.

Il s’agit d’un comportement lié à la pratique des jeux vidéos ou des jeux numériques qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, une priorité accrue accordée au jeu au point que celui-ci prenne le pas sur d’autres centres d’intérêts et activités quotidiennes et par la poursuite ou la pratique croissante du jeu en dépit de répercussions dommageables – Définition de l’addiction au jeu vidéo donnée par l’OMS

Selon l’OMS, voici comme définir l’addiction au jeu vidéo : « il s’agit d’un comportement lié à la pratique des jeux vidéos ou des jeux numériques qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, une priorité accrue accordée au jeu au point que celui-ci prenne le pas sur d’autres centres d’intérêts et activités quotidiennes et par la poursuite ou la pratique croissante du jeu en dépit de répercussions dommageables. » D’après l’OMS toujours, cette addiction concernerait principalement les joueurs de jeux en réseau et notamment les MMORPG (coucou World of Warcraft, Final Fantasy XIV et New World pour ne citer qu’eux). Les joueurs addicts sont estimés entre 0,5% et 4% du nombre de joueurs mondial.

Quels sont les signes que l’on est addict ?

Afin de savoir si vous êtes addict aux jeux vidéo ou pas, l’OMS a fixé trois points d’alertes : la perte de contrôle, un temps important passé à jouer et des conséquences négatives sur la vie quotidienne. A ces trois critères, l’OMS précise que le trouble du comportement doit se manifester sur une période de 12 mois consécutifs minimum. Bien évidemment, le fait que vous passiez beaucoup de temps à jouer ne veut pas nécessairement dire que vous êtes addict. Ce qu’il faut regarder, c’est le cumul des trois critères d’alertes et l’installation dans le temps du trouble du comportement lié à l’addiction. Chez l’enfant ou l’adolescent, certains signes avant-coureurs peuvent déjà alerter :

  • Des troubles de l’attention et de la concentration apparaissent
  • Les performances scolaires baissent
  • L’enfant / adolescent a des troubles du sommeil
  • L’enfant / adolescent rencontre des difficultés à communiquer en face à face
  • Une prise de poids anormale est constatée, celle-ci engendrée par la sédentarité liée à la pratique du jeu vidéo

A tout âge, le jeu vidéo peut renforcer la valorisation et la socialisation dans le cadre de certaines compétences mises en oeuvre dans les jeux vidéos en ligne (stratégie, travail d’équipe, compétition, etc.) – Dr Juliette Hazart, addictologue

Attention, tous ces symptômes ne sont pas nécessairement dus à une addiction au jeu vidéo. Des événements personnels peuvent également pousser l’enfant ou l’adolescent à se renfermer, menant ainsi à l’addiction au jeu vidéo. De plus, le jeu vidéo n’engendre pas systématiquement un trouble du comportement. Dans une interview donnée à Journal des Femmes, le Dr Juliette Hazart, addictologue, explique que « les jeux vidéos peuvent une sources d’apprentissage, de construction de l’identité et de socialisation qui répond à cette période spécifique de la vie. A tout âge, le jeu vidéo peut renforcer la valorisation et la socialisation dans le cadre de certaines compétences mises en oeuvre dans les jeux vidéos en ligne (stratégie, travail d’équipe, compétition, etc.)« .

Chez l’adulte, l’addiction va surtout se manifester via une souffrance psychologique avec une diminution de l’estime, explique le Dr Hazart. « On peut observer chez certains patients une augmentation de l’irritabilité et de l’agressivité. Le trouble du jeu vidéo peut augmenter le risque de développer des troubles anxieux. Des symptômes dépressifs peuvent être associés » poursuit l’addictologue. De plus, le couple peut également être grandement impacté par l’addiction puisqu’elle pourra être à l’origine de conflits et parfois de séparation, le joueur consacrant moins de temps à son partenaire pouvant ainsi déclencher une insatisfaction chez l’autre. Enfin, si vous souhaitez vérifier quelle est votre relation avec les jeux vidéo, l’association SOS Joueurs a mis en place un test de 10 questions qui permet d’établir un premier résultat sur une éventuelle addiction.

Comment guérir de l’addiction au jeu vidéo ?

Si réellement vous êtes addict, la première des étapes et la plus importante est de prendre conscience et d’admettre votre addiction. Ce sera là le premier pas vers la guérison. Ensuite, il faudra sûrement faire appel à une aide extérieure comme un psychologue pour déterminer les origines et les causes de l’addiction. Si vous êtes parent d’un enfant addict, surtout ne le diabolisez pas. Ce ne serait pas l’aider. L’enfant comme l’adulte a besoin d’écoute, de compréhension et de soutien. Il existe également des astuces pour aider une personne addicte à lutter contre la maladie et donc à s’en sortir :

  • Laisser l’ordinateur ou la console dans une pièce commune (comme le salon par exemple)
  • Se fixer un temps de jeu et essayer de s’y tenir
  • Faire attention au sommeil et à l’alimentation
  • Éteindre l’ordinateur deux heures avant d’aller dormir
  • Diversifier les activités sociales pouvant rappeler les codes du jeu vidéo notamment les MMORPG (comme des reconstitutions médiévales, des RPG grandeur nature, etc.)
  • etc.

Le plus important lorsqu’on est face à une personne addicte, encore une fois, ce n’est pas de la diaboliser. Car une addiction ne vient jamais seule et peut être parfois la conséquence de problèmes plus importants (comme du harcèlement scolaire, des violences, un isolement social, etc.). Il est donc particulièrement capital d’accompagner le joueur, de l’écouter. Et résoudre les problèmes ayant engendré l’addiction permet également de soigner la maladie.

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