Le géant américain de la vidéo Netflix a annoncé jeudi qu’il allait projeter en décembre une série de films qu’il a produit, dont trois en avant-première, dans deux institutions de la cinéphilie : la Cinémathèque français et l’Institut Lumière à Lyon.
Depuis plusieurs jours, les organisations représentatives de la profession s’inquiétaient des projets en la matière de Netflix, craignant une entorse à la chronologie des médias et une concurrence frontale pour les sorties classiques en salles, dans un contexte économique difficile.
Le cinéma indépendant français, l’un des plus importants au monde et financé notamment par un système de redistribution des recettes en salles, était particulièrement inquiet. Les distributeurs indépendants dénonçaient une « attraction à court terme » pour les spectateurs, qui reviendrait à « un suicide à moyen terme » pour les cinémas.
Le Netflix Film Club est plus modeste que prévu
Finalement, le Netflix film club, prévu du 7 au 14 décembre, est bien plus modeste que le « festival » de films que redoutaient ces professionnels de la part de la multinationale américaine, qui avait pu prendre langue avec certaines salles indépendantes en amont.
Les acteurs du secteur craignaient une initiative qui puisse monter les exploitants anti-Netflix contre leurs confrères plus enclins à travailler avec la plateforme, mais ce sont finalement deux institutions non-commerciales qui ont été choisies. Cette programmation suffira-t-elle à rassurer les organisations professionnelles ?
Trois films Netflix projetés en avant-première
Trois films Netflix seront projetés en avant-première lors de ce « cycle » : La Main de Dieu, chronique de l’enfance du cinéaste italien Paolo Sorrentino, et The Lost Daughter, première réalisation de l’actrice britannique Maggie Gyllenhaal, projetés en première mondiale lors de la prestigieuse Mostra de Venise.
Egalement au menu : Don’t Look Up: Déni Cosmique, une comédie avec Leonardo Di Caprio et Jennifer Lawrence attendu pour le 24 décembre sur la plateforme. Les six autres sont des films déjà diffusés cette année sur Netflix.
Netflix fait les yeux doux au cinéma français
Le choix de séances dans des institutions non-commerciales dispense Netflix de demander une dérogation à la stricte chronologie des médias qui interdit en France aux films sortant en salles d’être diffusés simultanément sur d’autres canaux, pour préserver un réseau de cinémas unique au monde.
Et le géant américain, qui fait les yeux doux depuis des mois au cinéma français, montant des programmes de formation ou produisant les nouveaux films de Jean-Pierre Jeunet ou Dany Boon, peut continuer de montrer sa bonne entente avec deux institutions de la cinéphilie.
Netflix est déjà mécène, pour un montant non précisé, de la Cinémathèque Française, finançant la nouvelle restauration d’un film mythique, le Napoléon d’Abel Gance. Quant à l’Institut Lumière de Lyon, Netflix y était encore présent en force cette année pour le Festival Lumière, avec quatre films et un Prix Lumière remis à Jane Campion, dont le dernier film a été produit par la plateforme.
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