La consommation fait partie intégrante du métier d’influenceur. A coup de codes promos, les influenceurs vantent les produits de leurs marques partenaires afin de les vendre à leurs millions d’abonnés. Toutefois, ce système est questionné par une certaine prise de conscience de la part des consommateurs, qui souhaitent de plus en plus adopter des attitudes éco-responsables et éthiques. Le métier d’influenceur est-il alors en train de se transformer ? Effet de mode ou réelle prise de conscience ?
Selon une étude de l’ObSoCo, 42% des Français, dont 50% de jeunes de 18 à 25 ans, veulent désormais consommer mieux. Cela pousse de nombreux créateurs de contenus à se servir de leur légitimité et de leurs réseaux comme une plateforme de sensibilisation aux questions d’actualité : égalité homme-femme, réchauffement climatique, véganisme, etc. Sont alors apparus les nouveaux termes pour le moins paradoxaux d’éco-influenceurs, influenceurs green et influenceurs éthiques.
Les influenceurs français : qui sont-ils ?
Le métier d’influenceurs fait partie de ces nouveaux métiers apparus avec le boom du numérique, et plus précisément des réseaux sociaux. En 2021, l’entreprise spécialisée dans le marketing d’influence, Reech, affirme que la France compte environ 150 000 influenceurs sur les réseaux. Plus qu’un phénomène de mode, c’est devenu un vrai métier, une réelle source de revenus et même un choix de carrières plus populaire que les fameuses professions qui faisaient autrefois rêver, comme les métiers de vétérinaire, d’enseignant ou d’astronaute. Un métier que beaucoup convoitent donc, et plus précisément les jeunes et les femmes. En effet, Reech dresse un profil des influenceurs français et révèle que :
- 70% des influenceurs en France sont des jeunes de 19-35 ans, avec une moyenne d’âge de 30 ans
- 74% des influenceurs sont des femmes
- 87% ont pour domaine de prédilections le lifestyle, notamment la mode, l’alimentation, les cosmétiques, etc.
- Et seulement 10% s’intéressent à des sujets d’actualité et à l’engagement envers des causes importantes comme l’égalité hommes-femmes, la protection de l’environnement, etc.
L’éco-influence : comment et pourquoi ?
Il n’y a plus de doute aujourd’hui, les influenceurs ont un rôle important à jouer dans notre manière de consommer. L’agence Rakuten Marketing révèle dans une récente étude que 86% des Français ont déjà acheté un produit sous la recommandation d’un influenceur. D’autre part, de plus en plus d’entreprises s’appuient sur le pouvoir d’influence et la légitimité de ces créateurs de contenus pour promouvoir leurs produits et services. En 2020, 51% des influenceurs ont reçu plus de demandes de partenariats que l’année précédente. Ce sont donc de nouveaux portes-parole pour les jeunes… encore faut-il porter la bonne parole.
Il faut savoir que les médias avaient souvent qualifié les influenceurs de « menace pour l’environnement », en raison de leurs courses aux likes interminables qui peuvent avoir des conséquences destructrices sur des lieux et sites savamment préservés. Rappelons l’exemple du champ de coquelicots dans le parc naturel de Lake Elsinore en Californie, qui a dû fermer ses portes pendant un week-end au printemps 2019 après avoir constaté des parterres de fleurs ravagés par les 10 000 visiteurs par jour qu’il recevait à cause des photos d’influenceurs vantant l’endroit dans leurs posts Instagram. Aussi, la consommation étant l’essence même du métier d’influenceur, cela est désormais largement questionné à l’heure où les Français sont encouragés à changer leurs habitudes de société consommatrice dans le contexte actuel de l’urgence climatique. D’ailleurs, les Français, de plus en plus conscients de l’impact de leurs gestes sur l’environnement et la société, changent progressivement leur mode de consommation. Plus de 9 personnes sur 10 déclarent avoir consommé des produits bios, et 75% des Français en consomment régulièrement en 2020 (étude de l’Agence bio). Aussi, plus de 44% des Français portent désormais plus d’attention au pays et au mode de fabrication des produits qu’ils achètent, principalement les articles de mode si l’on en croit le rapport du géant de la mode en ligne Spartoo.
Plus de 9 Français sur 10 déclarent avoir consommé des produits biologiques, 13% en consomment même tous les jours !
Le prix, le confort et la qualité restent des critères de choix importants lors d’un achat de produits mode, mais la composition de ces derniers et leur provenance (fabrication) eux, sont au coeur des préoccupations des acheteurs (44,2% déclarant y faire attention).
Face à ce mouvement de prise de conscience, on remarque (heureusement!) une transformation progressive du métier d’influenceurs. Cela fait environ 2 ans qu’ont émergé les termes « éco-influenceurs » et « influenceurs green », qui font référence à des créateurs de contenus beaucoup plus engagés dans des causes sociétales et souhaitant montrer le bon exemple. Leur rôle est d’utiliser les réseaux sociaux pour donner des conseils et inciter les Français à adopter des habitudes éco-responsables, ou encore de promouvoir les marques plus éthiques et durables. Termes paradoxaux, oui… mais pas utopiques !
De simples changements suffisent à influencer positivement les consommateurs. Par exemple, selon une enquête financée par la Chair In’Faaqt (chaire d’enseignement et de recherche pour innover dans les filières agricoles et agroalimentaires), seulement 8% des food influenceurs pensent à mentionner les labels agricoles, alors que cette simple mention pourrait orienter les consommateurs vers un mode d’alimentation plus sain. Par ailleurs, de nombreux influenceurs ont déjà commencé à se lancer dans l’éco-influence – même les plus grands. EnjoyPhoenix a notamment demandé à toutes ses marques partenaires d’arrêter de lui envoyer des produits pour des soucis d’écologie, sachant qu’elle recevait plus de 3 colis par jour et qu’elle se retrouvait obligée de jeter une grande quantité de cosmétiques.
Quels éco-influenceurs suivre pour réellement s’engager ?
Si l’éco-influence est un nouveau concept beaucoup plus vertueux, il faut faire la différence entre ceux qui vont insérer des sujets environnementaux et sociétaux de temps à autre dans leurs posts (juste parce que nouveau concept = nouvelle tendance = buzz et likes), et ceux qui sont réellement engagés et font de ces sujets non seulement leur ligne éditoriale, mais également leur mode de vie.
En effet, qui dit influenceurs green, dit aussi greenwashing pour certains influenceurs qui réduisent ce concept à un simple argument de vente. Il faut faire attention à distinguer les vrais créateurs de contenus qui s’engagent réellement et souhaitent sensibiliser à une cause importante, et ceux qui « verdissent » leurs contenus par intérêt. La majorité des influenceurs green sont encore aujourd’hui des micro-influenceurs (moins de 100 000 abonnés), sachant que beaucoup d’entre eux n’avaient pas spécialement pour but de monétiser leurs activités lorsqu’ils ont commencé. Voici un Top 5 d’éco-influenceurs à suivre pour réellement s’engager :
- C.l’air du temps (@c.lairdutemps) : il s’agit d’une page Instagram créée par Claire et Camille, sur laquelle on peut trouver de nombreux conseils green sur des sujets comme l’alimentation, et jusqu’aux plus improbables comme la finance, car oui, une banque peut apparemment être plus écologique qu’une autre ;
- La Petite Gaby (@lapetitegaby) : Gaby utilise ses comptes Instagram et YouTube pour décrypter les ingrédients des produits cosmétiques pour orienter les consommateurs vers des produits plus naturels et écologiques. La créatrice de contenus a même récemment sorti une application de scan de produits appelée Mireille App ;
- Mango & Salt (@mangoandsalt) : c’est une page Instagram à suivre pour ceux qui recherchent des solutions simples pour vivre 100% green au quotidien (alimentation lifestyle, mode, etc.), à travers de jolis clichés pris dans les rues d’Amsterdam ;
- Chloe Cohen (@nouveaumodele.podcast) : Nouveau Model est un podcast créé par Chloé Cohen, dans lequel elle s’intéresse à la mode éthique, au féminisme et à l’écologie ;
- Iznowgood (@iznowgood_) : cette page est gérée par Céline, qui utilise ses réseaux et son blog pour critiquer et décrypter les marques faisant du greenwashing, partager ses découvertes écologiques et promouvoir des articles de mode durables et éco-responsables.
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