Dans son livre*, le journaliste Christophe Beaugrand raconte son parcours pour devenir père. Pour les hommes homosexuels, fonder une famille reste compliqué.
- Christophe Beaugrand
Si de plus en plus de Français se disent favorables à la GPA pour les couples gays et hétérosexuels, la gestation pour autrui demeure interdite en France. La loi relative à la bioéthique d’août dernier élargit la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes seules mais ne fait pas mention de la GPA. Pourtant, de plus en plus de couples (200 à 400 familles chaque année selon les associations homoparentales) se lancent dans cette procédure à l’étranger, poussés par le profond désir de devenir parent. Parallèlement, l’adoption pour les couples gays, même mariés, demeure très complexe. Si quelques responsables politiques, comme Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement ou Elisabeth Moreno, ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, se sont prononcés, à titre personnel, en faveur de la GPA, le débat n’est pas à l’ordre du jour. S’invitera-t-il dans les débats de la campagne présidentielle comme le mariage pour les couples homosexuels en 2012 ? Les mois qui viennent le diront.* Fils à papa(s). L’incroyable histoire de deux garçons qui voulaient devenir pères. Ed. Plon. En libraires le 7 octobre.
« Notre bonheur à trois doit faire bouger les mentalités »: Christophe Beaugrand et son mari Ghislain, pères de Valentin, 2 ans
Dès l’âge de 10 ans, j’ai su que je voulais devenir père. J’avais déjà le pressentiment que le chemin serait long. C’est effectivement une réalité pour beaucoup de couples homos. Devenir père a été une incroyable et épuisante aventure, un parcours du combattant, de la conception de notre enfant aux Etats-Unis par GPA à la reconnaissance de notre filiation et notre parentalité à l’état civil français. Mais après toutes ces années, nous voulons montrer que cette démarche est possible. Nous avons même eu la chance de nouer une belle complicité avec Whitney, la mère porteuse qui a choisi de nous accompagner dans notre projet parental. Avec Ghislain, nous aimerions que notre modèle joyeux et épanoui, notre bonheur à trois fasse bouger les mentalités. Les familles homoparentales méritent d’être respectées autant que les autres. C’est ce que nous souhaitons transmettre à notre petit garçon.
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« On aimerait que d’autre couples se retrouvent en nous »: Pierre, 32 ans, Steve, 41 ans et leur fille Charlotte 2 ans
Quand nous nous sommes lancés tous les deux, nous n’avions pas vraiment de modèle. Juste l’envie très forte de fonder une famille. Notre parcours de GPA a été assez stressant car on nous avait mis en garde contre certaines pratiques en Ukraine où nous avons entrepris nos démarches. Mais au final, Charlotte est entrée dans nos vies comme une évidence. L’arrivée d’un enfant est venue renforcer l’amour et la cohésion qui existaient dans notre couple. Nous avons l’impression d’être devenus adultes à son contact. En étant présents sur les réseaux sociaux nous voulons montrer que deux papas gay avec un enfant peuvent être épanouis et heureux. Beaucoup doutent, se posent énormément de questions. On aimerait que d’autres couples se retrouvent en nous et osent se lancer à leur tour dans cette merveilleuse aventure. instagram.com/2papas1fille
« Un chemin vers la paternité, complexe et fabuleux à la fois »: Édouard, 55 ans, Nicolas, 41 ans, et leurs enfants Elie, 5 ans, et Jessica, 3 ans
Le désir de paternité était présent mais pendant longtemps, nous ne l’avons pas clairement exprimé. Sans doute parce qu’on ignorait comment le réaliser. Un jour, nous avons rencontré un couple d’amis qui nous a raconté son parcours de GPA aux Etats-Unis. Cette discussion a été un déclic. En 2013, nous nous sommes lancés dans ce projet de vie. Ce chemin vers la paternité est complexe car une partie des démarches se fait à distance. Nous avons aussi traversé des épreuves très douloureuses comme la perte de nos jumelles à six mois de grossesse. Mais au final, quand en juin 2016, nous avons tenu notre enfant dans nos bras, nous avons compris pourquoi nous avions fait tout cela. Nous n’avions pas imaginé combien la naissance de Elie, suivie deux ans plus tard de celle de Jessica avec la même mère porteuse, bouleverserait nos vies.
« Nous sommes tous égaux devant le défi d’être parent »: Rodolphe*, 46 ans, Margaux et Raphaël, 7 ans
À un moment de ma vie, j’ai choisi de me lancer seul dans l’aventure de la paternité. Je ne voulais pas être père trop tard. J’ai souhaité des jumeaux car la famille que je désirais créer ne pouvait se résumer à un tête-à-tête entre un père et son enfant. Une fratrie correspondait mieux à mon projet de vie. A l’exception de la manière dont mes enfants ont été conçus – par GPA aux Etats-Unis – rien ne me distingue d’autres familles monoparentales. Nous sommes tous égaux devant le défi d’être parent. A ceux qui me renvoient que je me suis arrogé un droit à l’enfant, je réponds que c’est tout l’inverse. Quand je suis devenu père, j’ai pris conscience de mon engagement, de ma responsabilité et de mes devoirs vis-à-vis de mes enfants. C’est vertigineux ! Même si j’occupe un poste à responsabilité, je peux dire que Margaux et Raphaël ont changé ma vie, mes priorités.
* Auteur de Enfants, pour autrui ou l’aventure d’un père en GPA, 2019. Auto-édition.
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