- Médecin ou "boucher" ?
- Sur les réseaux sociaux, la parole des patientes se libère
- Plusieurs signalements auprès du Conseil de l’Ordre et de l’APHP
Présenté comme le « spécialiste de l’endométriose » à Paris, le Pr Emile Daraï représentait un espoir pour de nombreuses femmes atteintes par cette maladie. Mais, nombreuses sont ses patientes à être ressorties plus traumatisées que soulagées de leur consultation. Certaines le qualifiant même de « boucher ».
Médecin ou « boucher » ?
FranceInfo a pu récolter les témoignages de femmes ayant consulté le Pr Daraï. Toutes décrivent des scènes d’horreur. « Il arrive et insère directement un spéculum de manière extrêmement violente, sans lubrifiant, sans rien […] Il insère deux doigts dans mon anus, et je sens toutes les sutures qui craquent, les cicatrices qui explosent, j’ai une douleur absolument fulgurante, je me débats dans les étriers, je hurle », décrit Agnès (dont le prénom a été modifié).
La brutalité physique n’est pas la seule faute professionnelle grave de M. Daraï. Une pression psychologique est également exercée. « C’est comme dans une secte : on rentre dans cette salle et on a l’impression d’être prisonnier de quelque chose, de gens qui veulent vous endoctriner. C’est seulement quand je sors de l’hôpital que je me dis ‘mais pourquoi je suis dans cet état ?!’ », témoigne une patiente sur le site Flush.
Ces violences physiques et psychologiques sont le résultat d’un manque d’écoute de la part du professeur comme le raconte Lucie, sur FranceInfo : « Il me dit ‘je ne vois rien, je ne sens rien, vous n’avez pas d’endométriose’, je lui dis que ce n’est pas normal qu’il ne sente rien. Il répond ‘Je vais vous opérer si cela vous rassure, mais je vais refermer et il n’y aura rien’. J’avais l’impression d’être folle. Jamais les gynécologues que j’ai pu voir après n’ont agi comme cela. »
Sur les réseaux sociaux, la parole des patientes se libère
Depuis quelques jours, le hashtag #StopOmerta a été lancé par le compte Twitter StopVOG.fr. Il compile les témoignages de jeunes internes en médecine ayant pu constater les pratiques plus que douteuses du Pr Daraï.
Beaucoup témoignent des gestes brutaux réalisés sans consentement sur les patientes. « Sans prévenir, il l’insère (le spéculum, ndlr) dans le vagin de la dame. D’un coup. Elle se crispe sous la douleur. Ses muscles se contractent et font ressortir l’instrument. Le médecin le renfonce, plus fort », raconte une étudiante. « Arrive le toucher rectal fait brusquement, sans prévenir, alors que la patiente avait pourtant dit non ! », rapporte un autre étudiant.
Ces étudiant.es témoins de ces pratiques se disent souvent avoir été dépassé.es par l’évènement et ne savaient alors pas comment réagir. « J’ai cessé de respirer. Mon esprit s’est scindé en deux parties. L’une hurle. Elle hurle à l’injustice. Elle hurle de colère. Elle hurle de douleur et de honte pour cette femme. L’autre réfléchit. Que dois-je faire ? Partir ? M’opposer ? Montrer ma désapprobation ? », explique une étudiante.
Ce n’est que plus tard qu’ils réalisent qu’ils viennent d’assister à un viol. « J’ai envie de pleurer parce que je réalise que je viens d’assister à un viol et que je n’ai rien dit », témoigne une étudiante.
Plusieurs externes et internes en médecine avaient pourtant déjà signalé ces agissements à des médecins de service, sans résultats.
Plusieurs signalements auprès du Conseil de l’Ordre et de l’APHP
Les premiers signalements concernant le comportement du Pr Daraï en consultation datent de 2014. Le Conseil de l’Ordre a reçu trois plaintes cette année-là mais aucune patiente « n’a souhaité poursuivre les démarches », rapporte FranceInfo.
Cinq signalements ont été faits auprès de l’Assistance publique des hôpitaux de Paris (APHP) concernant « un manque d’information autour d’examens pratiqués durant des consultations de gynécologie ».
L’hôpital Tenon et la faculté de médecine de Sorbonne Université – où le professeur enseigne – vont ouvrir une enquête.
De son côté, le Pr Daraï a toujours nié ces pratiques abjectes.
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