Ennui, anxiété, lubie… Mais que se passe-t-il dans la tête d’une femme qui s’engage sur une voie sportive inédite ?
Si sortir des sentiers battus du fitness requiert un petit grain de folie, assumer ce choix ne s’improvise pas : encore faut-il trouver le circuit d’apprentissage pour adulte qui nous convienne.
Association, stage d’initiation… les rencontres et l’entourage ont un rôle de poids dans la prise de décision et dans l’installation de l’activité sur le temps. Ainsi, Emmanuelle, 33 ans, s’est essayée à l’escalade à 29 ans pour accompagner ses amis qui tentaient leurs premières lignes. « Mon compagnon est aussi moniteur d’escalade. Au départ, j’avais une appréhension car j’avais testé l’activité quand j’étais enfant et je n’avais pas aimé », confie-t-elle. Les débuts sont compliqués, avec quelques frayeurs mais sans jamais se faire le mal car Emmanuelle est « assez prudente ». Après cinq mois de pratique quasi hebdomadaire, la jeune femme finit par se sentir à l’aise.
Organisation, patience, progression !
« De nombreuses personnes débutent la grimpe à l’âge adulte. C’est une discipline en pleine croissance, une passion que l’on partage facilement entre amis, notamment via l’escalade de bloc. Celle-ci est limitée à 4,50 m, une hauteur raisonnable qui évite le vertige », note Nicolas Vere, coach moniteur d’État à la nouvelle salle Arkose Pont de Sèvres. « On peut aussi pratiquer entre amis, chacun à son niveau car un même mur propose plusieurs parcours ».
Le centre de Boulogne Billancourt déroule le tapis rouge aux débutantes avec une heure d’initiation au prix d’une entrée et des séances collectives pour acquérir les règles du jeu et de sécurité. Sans oublier les quelques tips qui permettront de commencer à grimper en se faisant plaisir ! « Cette démarche permet de démarrer tranquillement, sans prendre des mauvaises habitudes, ni se faire mal », précise Nicolas Vere.
Pour celles qui n’ont pas fait de sport depuis un moment, il conseille de suivre en amont un léger programme de remise en forme. Un bon moyen de mettre toutes les chances de son côté, surtout si l’on n’a plus 20 ans. « Courir relancera doucement la machine ; un circuit de renforcement musculaire en salle de sport cultivera le tonus nécessaire », indique le moniteur.
Mettre toutes les chances de son côté
Pour gagner du temps et optimiser la préparation physique, Aymeric Vattier, coach au très en vue Club Molitor parisien, œuvre à faire le lien avec l’activité que l’on souhaite explorer. « Il s’agit d’encourager les qualités physiques demandées. Ainsi, l’escalade requiert de renforcer le haut et le bas du corps tout en consolidant le gainage », illustre-t-il.
Accompagner une femme qui vise un semi-marathon implique au contraire de se concentrer sur sa proprioception, ses chevilles et ses genoux afin d’éviter les blessures.
Selon le professionnel, se lancer dans une nouvelle activité est une belle manière de se dépasser : « cheminer physiquement vers un objectif permet de se sentir bien, de construire un lien intime avec soi et, à la clé, une meilleure qualité de vie ».
Aussi, une fois par mois, l’établissement organise des sessions découverte afin d’initier les membres du club spa à une nouvelle activité dans les meilleures conditions. Yoga paddle, plongée sous-marine, danse avec Kalon – un concept créé par des danseuses des plus grands cabarets parisiens… « Si les membres accrochent, on intègre la discipline au planning », observe Aymeric Vattier.
Autre bénéfice appréciable : le tissage de nouvelles relations, avec ses amis, son professeur, les autres pratiquants ! « Au pied du mur d’escalade, ou échange souvent à plusieurs sur la manière d’attaquer un itinéraire, qui représente toujours une forme de problème à résoudre », évoque Nicolas Vere. « Être puissant physiquement ne suffit pas. Il faut apprendre à lire des prises qui ne sont pas jetées au hasard des parois. C’est un sport très complet, à la fois mental et physique ».
À force de venir à bout de parcours de différents niveaux de difficulté, on finit par développer confiance et aisance face aux vrais problèmes de la vie.
Une décision personnelle
À entendre les heureuses audacieuses, le déclic vient toujours un peu du dehors, mais ce sont bien nos ressources intérieures qui font le reste. À 44 ans, Magaly choisit la natation pour mieux passer un moment délicat de sa carrière. « Dans un contexte très tendu de licenciement, je souhaitais faire du sport tous les deux jours pour ne mordre personne. Je me suis dit que me confronter à ma peur viscérale de l’eau détournerait mon attention du bourbier professionnel dans lequel j’étais », se remémore-t-elle.
L’ingénieure chef de projet se lance avec un premier enseignant à Vélizy (78), près de son travail, mais ne progresse pas vraiment. Elle rencontre un autre professeur dans la piscine de sa ville. C’est le bon ! « Je lui ai partagé d’emblée mes limites et j’ai pris mon temps. Mon suréquipement l’a beaucoup amusé au départ. J’ai mis plusieurs années à me détacher du pince-nez », sourit-elle.
« Il y a quatre ans, je ne savais nager que la brasse, et mal. J’ai dû prendre une trentaine de cours avant d’être satisfaite ». Magaly maitrise désormais le crawl et le dos crawlé, ne peut toujours pas nager dans la mer « parce que ça bouge trop » mais passe de bons moments en piscine. « Ce challenge m’a permis de diluer la pression. Et si j’avais su à quel point nager résout les problèmes de dos, j’aurais commencé plus tôt », se réjouit la quadra qui a même repris le jogging grâce à ses acquis en piscine.
Changer l’image que l’on a de soi
Aurélie s’est aventurée sur une planche de kite-surf par amour (son nouveau compagnon pratiquait alors depuis dix ans, ndlr), mais surtout parce qu’elle ne voulait pas passer ses vacances côté plage, à regarder son partenaire kiffer sans elle. De l’extérieur, la belle brune trouve le sport esthétique et aérien, les pratiquants, humbles, l’ambiance, sympathique. Mais les débuts sont éprouvants.
« J’avais 35 ans, n’avais jamais fait de sport, n’aimais pas mettre la tête sous l’eau et pour corser les choses, mon premier stage s’est fait sur un plan d’eau complexe ». Aurélie ne se démonte pas et s’offre un moniteur pour elle toute seule. La styliste passe beaucoup de temps à patauger pour remonter sur sa planche. « Je me suis dit plusieurs fois que je ne n’y arriverais jamais, mais je suis plutôt tenace. Il m’a fallu quelques semaines de vacances (espacées de plusieurs mois) pour gagner en autonomie et me sentir à l’aise », raconte-t-elle. « Ce qui est formidable avec le kite, c’est qu’on ne perd jamais ce qu’on a acquis. C’est un peu comme faire du vélo ou du ski ».
Aurélie salue au passage le rôle décisif de son chéri qui l’a beaucoup encouragée et aidée, notamment en récupérant sans ciller sa planche pour lui économiser des efforts. « Au final, j’étais très fière de moi. Je sortais d’une rupture difficile qui avait miné ma confiance en moi. Cet apprentissage a été réparateur. Ça rend fort de commencer et de réussir quelque chose de nouveau », témoigne cette mère de deux enfants. D’après elle, le processus lui a permis de changer de regard sur elle en même temps que sa manière de vivre l’activité évoluait, au fil des progrès. « En réalité, le kite est un sport très doux qui s’apparente à du pilotage », partage cette femme comblée qui vient de poster ses premiers sauts sur les réseaux sociaux. Et tous ses amis de commenter… Bravo !
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