Auguste Perret, architecte visionnaire, a réinventé cette ville meurtrie par la Seconde Guerre mondiale.
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François Ier, le fondateur
A l’heure des grandes découvertes, les souverains européens veulent tous se rendre maîtres des océans. Face aux ambitions espagnoles, portugaises et anglaises, le roi François Ier ordonne le 7 février 1517 la fondation d’un port fortifié. Il choisit un emplacement stratégique, au nord de l’estuaire de la Seine, déjà connu sous le nom de Havre de Grâce. Destiné à assurer la sécurité des navires, ce lieu doit aussi devenir la porte défensive de Paris. L’architecte italien Girolamo Bellarmato est chargé du projet.
L’âge d’or du XIXe siècle
Deux siècles plus tard, Le Havre est devenu une cité florissante grâce à l’essor spectaculaire du commerce maritime. Café, coton et chocolat arrivent par navires entiers du Nouveau Monde. Cette prospérité économique s’accompagne d’un accroissement démographique sans précédent. Sous le Second Empire, les enceintes sont arasées et remplacées par de grands boulevards. Les faubourgs annexés multiplient par cinq la surface urbaine. La Première Guerre mondiale marque un coup de frein brutal à cet âge d’or mais grâce à sa bourse internationale, la ville continue de régner sur le marché européen du café jusqu’à la fin des années 1930.
L’épopée océanique
Avec la mode des bains de mer au XIXe siècle, Le Havre devient une villégiature prisée. Inauguré en 1857, le boulevard Impérial (devenu boulevard de Strasbourg et avenue Foch) relie la gare à la plage. Les traversées océaniques entre Le Havre et New York prennent aussi leur essor. Fleurons de la Compagnie générale transatlantique, les paquebots Paris, Normandie, Ile-de-France et enfin France opèrent la liaison jusqu’en 1974. Aujourd’hui, la ville reste le premier port de croisière français en Manche et Atlantique. Né en 2017, l’établissement public French Lines & Compagnies témoigne de cette riche histoire maritime.
Un laboratoire urbain
A la libération de Paris, le 25 août 1944, la ville est toujours sous le joug nazi. Les 5 et 6 septembre, un déluge de bombes alliées l’anéantit à 80%.
Priorité nationale, la reconstruction est confiée à Auguste Perret. Ce spécialiste du béton armé s’appuie sur le plan antérieur du Havre, tout en imaginant un urbanisme avant-gardiste et une technologie de construction innovante, la préfabrication. L’architecte réalise un ensemble d’une unité exceptionnelle sur 133 hectares, où tous les immeubles sont érigés selon le même standard. Longtemps décrié, ce centre-ville est classé depuis 2005 au Patrimoine mondial de l’Unesco.
Une exposition au Musée d’art moderne
Malgré le classement du centre-ville reconstruit au Patrimoine mondial de l’Unesco, la cité normande pâtit encore d’une mauvaise image. Pour inverser la tendance, le MuMa a accueilli depuis 2005 une trentaine d’artistes de tous horizons venus présenter leur vision du Havre. C’est au tour du Bruxellois Philippe de Gobert de s’approprier l’histoire récente de la ville : « J’ai construit une maquette d’un appartement type de la reconstruction du Havre, qui m’a servi de base à des photographies d’intérieurs fictifs, dit-il. J’ai aussi conçu des maquettes des bâtiments d’Auguste Perret à une autre échelle, que j’ai placées dans des paysages évoquant de près ou de loin le port ou le bord de mer et les ciels tourmentés de ce berceau de l’impressionnisme. Le tout en attachant plus d’importance au caractère poétique et imaginaire de mes images qu’à une vraisemblance historique.«
Du merveilleux en architecture au conte photographique, jusqu’au 7 novembre 2021.
Musée d’art moderne André Malraux, Le Havre (76).
muma-lehavre.fr
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Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Histoire n°20 de juillet-août 2021
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