À Arles, l'exposition "Masculinités" questionne avec brio les multiples façons d'être un homme

Alona Pardo, commissaire à Londres, nous confronte au terme de masculinité(s) à travers cette exposition aussi rare que complexe. A retrouver à Arles jusqu’au 26 septembre.

Rarement une exposition aura été autant en harmonie avec les questions qui, depuis quelques années, sont au cœur des sociétés, aussi bien à l’Ouest qu’à l’Est, sur la masculinité. Alona Pardo, commissaire au Barbican, à Londres, qui a conçu cette exposition monumentale et dérangeante – de manière positive – préfère utiliser le pluriel : «masculinités». «Il y a de multiples façons d’être un homme – ou même de le devenir», souligne-t-elle. «Ce que nous appelons masculinité aujourd’hui a changé au cours des époques.»

Pour illustrer son point, Pardo a convoqué pas moins de 50 photographes et plus de 300 œuvres. C’est un énorme voyage des années 60 à aujourd’hui, à travers ce que signifie être un homme. On passe de la masculinité dans la famille (et la «famille» imaginée par Avedon avec son projet sur l’Establishment américain à la fin des années 60), à la représentation du patriarcat, au corps noir, à l’identité queer, au regard des femmes sur les hommes (superbe projet d’Annette Messager qui filme l’entrejambe des hommes dans la rue), les stéréotypes masculins, l’identité trans.

Karlheinz Weinberger, Horseshoe Buckle [Ceinture en fer à cheval], 1962.

L’exposition analyse le rôle des films et de la photographie dans la construction de la masculinité et son interprétation dans la culture, mais aussi comment la masculinité évolue avec le temps, les époques, les lieux. Masculinités expose les pionniers de la photographie – Avedon, Catherine Opie, Peter Huja, Sunil Gupta, Robert Mapplethorpe, Wolfgang Tillmans, par exemple – mais aussi de nouveaux talents moins connus comme Masahisa Fukase, George Dureau, Hal Fisher, Sam Contis ou encore Hank Willis Thomas et Marianna Wex. Rarement une exposition, par son souffle, son ampleur, mais aussi par la beauté des œuvres présentées et, parfois, leur humour, aura eu sur ses visiteurs, qu’ils soient conquis ou choqués, un impact aussi important. Salutaire.

Masculinités, La libération par la photographie. Mécanique Générale, jusqu’au 26 septembre.

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