Cette mise en avant du rôle des fantasmes dans nos vies est ‘folle’. On se pose tous la question en regardant le film.
David Foenkinos : Cela interroge sur son propre désir. Les gens nous révèlent leurs fantasmes, alors je n’ose pas le dire, mais ça peut aussi donner des idées. Finalement, c’est extrêmement symbolique, le fantasme, c’est le symbole de notre vie intérieure. De ce qu’on cache ou de ce qu’on a envie de partager ou de ce qu’on veut avouer ou pas avouer. C’est aussi ce qui permet la comédie.
Le fantasme est un révélateur de personnalité, d’intimité très fort
à franceinfo
Êtes-vous ‘voyeurs’ tous les deux ?
David Foenkinos : On est à fond ‘voyeurs ». On ne peut pas être réalisateurs et ne pas être ‘voyeurs’, on voit et on revoit et on revoit au montage. Clairement, on a vraiment les pires vices.
Vous êtes extrêmement complémentaires l’un et l’autre. Vous êtes issus du même nid et vous avez eu deux trajectoires différentes, pour mieux vous retrouver finalement. Enfants, vous aviez déjà les mêmes envies, les mêmes rêves ou vous étiez déjà différents ?
David Foenkinos : On avait six ans d’écart. Ça se voit moins maintenant, je suis le plus jeune. Et c’est vrai que Stéphane va apporter beaucoup de cinéma à la maison. Il m’a transmis ça, on avait donc ce point commun. On avait des vies très différentes avec l’écart d’âge. C’est assez étonnant de voir à quel point, effectivement, on est totalement complémentaires.
Stéphane Foenkinos : Ce n’est absolument pas calculé et c’est ça qui est beau. Je pense que des gens nous auraient forcé en nous disant : « Vous allez travailler ensemble ! » On ne l’aurait peut-être pas fait. C’est vrai que j’ai un frère écrivain, mais j’ai découvert un frère metteur en scène.
Vos parents étaient très absents.
David Foenkinos : On ne va peut-être pas dire ça. Ils voyageaient beaucoup, ça c’est sûr, mais ils n’étaient pas non plus très absents.
En attendant, vous vous êtes vraiment découverts des passions dans l’imaginaire, à travers les livres, la lecture, l’écriture. Du coup, ça a développé ce sens-là chez vous deux ?
Stéphane Foenkinos : De se transposer dans un écran. J’ai vraiment vécu à travers des films très jeune. C’est étonnant. On n’arrive pas à comprendre pourquoi les choses se font comme ça, mais c’est agréable quand aujourd’hui, mon compagnon de jeu est mon frère, alors que ce n’était pas écrit.
On a le sentiment que vous avez une quête de progression tout le temps, de se nourrir en permanence de l’image et d’apporter autre chose.
Stéphane Foenkinos : En fait, on est toujours dans un éternel recommencement.
Ce métier nous oblige à toujours redémarrer à zéro. C’est fou. On continue toujours à s’interroger, à se questionner
à franceinfo
Dans La délicatesse, on a un personnage qui garde sa simplicité, ses valeurs. C’est ce qui vous définit et qui se retrouve à l’image dans Les fantasmes.
David Foenkinos : Ils ont été portés par ce qu’on leur a proposé et peut-être qu’ils avaient aussi confiance dans la façon dont on voyait les choses.
C’est ce qu’il y a de plus important quand on fait du cinéma, essayer d’emmener tout le monde vers un espace de liberté
à franceinfo
Quel est votre fantasme ? Est-il avouable ?
David Foenkinos : Je me suis rendu compte en faisant le film, que peut-être j’étais proche du plus tordu des fantasmes du film qui est la thanatophilie. Alors, je ne suis pas excité par la mort, mais c’est vrai que dans tous mes livres, dans nos films aussi, il y a souvent des scènes de cimetière. Il y a des scènes de vie et en tout cas, quand on a le sentiment de la finitude, je pense que ça peut être pleinement réjouissant aussi.
Stéphane Foenkinos : Moi, je botte en touche et je dis la cinéphilie, c’est un fantasme comme un autre.
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