Laurent Voulzy se souvient de son premier séjour en Guadeloupe : "Je reconnaissais des choses qui étaient en moi"

Depuis, c’est une énorme histoire d’amour avec cette île. Vous avez mis du temps à la découvrir, à ressentir ses odeurs, remontées à la surface d’une façon fulgurante.

Oui. A 35 ans, cela faisait un moment que je voulais y aller. Depuis dix ans, j’aurais pu me payer le voyage, mais j’étais toujours embarqué dans des répétitions, dans une tournée ou dans des enregistrements. Un jour, je me suis retrouvé un peu obligé d’y aller parce qu’on m’a dit : « Il y a une espèce de Téléthon là-bas, tu ne peux pas manquer ça. Tu es un des seuls artistes d’origine antillaise en métropole et c’est impossible que tu n’y ailles pas. »

Finalement, je suis allé pour la première fois en Guadeloupe à 35 ans, alors que j’avais très peu de temps. Cela a été un choc incroyable, bouleversant.

à franceinfo

Le lendemain de mon arrivée, je suis parti tout seul dans la ville de Sainte-Anne. J’avais les larmes qui coulaient, parce que j’ai ressenti des odeurs de cuisine, des choses que j’avais senties chez moi, ma mère faisant de temps en temps des plats antillais. J’entendais parler créole, je voyais la démarche des gens et je reconnaissais des choses, des odeurs, que j’avais senties ou pas senties, mais qui étaient en moi.

C’était très bouleversant et encore aujourd’hui, quand je retourne là-bas, je ressens un peu la même chose, c’est-à-dire que j’ai tellement entendu parler des Antilles jusqu’à très tard dans ma vie sans les connaître, que c’était comme une légende pour moi. Donc quand je vais là-bas, j’ai une double vue, une vue d’être là sur place, de profiter du moment et aussi une vue « légendaire ».

Ce double album best of est une façon de revisiter tous vos titres incontournables, mais c’est aussi l’opportunité pour vous d’en présenter certains qui ne sont pas très connus, mais auxquels vous tenez beaucoup. Quel est celui qui, selon vous, manquait ?

Bungalow vide, j’aime beaucoup. C’est une des chansons préférées d’Alain. Les paroles sont tellement belles en plus, c’est « Tout au bout de la plage, là-bas, mon cœur se plaint. » C’est joli. C’est pour ça que ça s’appelle Florilège, je trouve que ce mot est plus beau que « best of ». C’est un choix de chansons qui ne sont pas forcément les plus connues, qui ont été sur des albums, mais ne sont pas passées à la radio.

C’était l’occasion pour moi de les mettre et peut-être de les faire un peu connaître, de leur donner une nouvelle vie. C’était cruel de choisir, c’est comme les montages dans le cinéma, il faut supprimer de belles images, sinon, le film durerait six heures. Il fallait faire un choix de chansons. 36, c’est quand même pas mal et puis après, il fallait les mettre dans l’ordre, c’était assez ludique.

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