- La franchise Power est un énorme succès avec plusieurs séries sur la criminalité, la violence, la famille et la survie à New York.
- Le spin-off et prequel Power Book III : Raising Kanan débute le 18 juillet sur la plateforme Starzplay et s’intéresse à la jeunesse du méchant joué par 50 Cent.
- Le rappeur et producteur revient pour 20 Minutes sur cette réussite en séries, le rôle de la musique, et le New York des années 1990 qu’il a ressuscité.
En plus de 20 ans de carrière, Curtis Jackson, alias 50 Cent, s’est imposé comme un rappeur incontournable des années 2000, au même titre qu’Eminem qui l’a découvert. Il partage avec lui d’avoir son propre film, semi-autobiographique, Réussir ou mourir. 50 Cent a continué à faire du cinéma, tout d’abord chez les grands (Les Rois du désert, La loi et l’ordre) puis en direct-to-DVD (la franchise Evasion). Mais le public, français surtout, sait moins qu’il est à la tête d’un empire, d’un univers partagé à la
Marvel Cinematic Universe. Toutes proportions gardées.
Depuis 2014, le rappeur est en effet le producteur de la série Power, longue de six saisons et déclinée en pas moins de quatre spin-offs. Si l’originale suivait la double vie de James « Ghost » St. Patrick, à la fois propriétaire de night-club et dealer de drogues à New York, son nouveau dérivé, le prequel Power Book III : Raising Kanan, s’intéresse à Kanan Stark, son mentor, partenaire et pire ennemi. Cette série tient d’autant plus à coeur à 50 Cent qu’il interprétait Kanan dans Power (maintenant sous les traits du jeune Mekai Curtis) et qu’elle le replonge dans son adolescence new-yorkaise, faite de deals, de violence et de recherche d’identité.
Le rappeur et producteur répond aux questions de 20 Minutes, à l’occasion de la diffusion de Power Book III : Raising Kanan dès le 18 juillet, en même temps que les Etats-Unis, sur Starzplay.
Lors de votre premier rendez-vous avec la créatrice Courtney A. Kemp dans un café de Los Angeles, imaginiez-vous quelques années plus tard être à la tête d’un empire « Power » avec plusieurs séries de plusieurs saisons ?
C’est énorme, j’avoue. A l’origine, je réfléchissais à un projet à la Super Fly, le film de blaxploitation de Gordon Parks Jr où la musique de Curtis Mayfield disait beaucoup de choses. Comme si elle était la bande originale des pensées du héros : musiques et dialogues s’entremêlaient, se nourrissaient. J’ai ainsi enregistré une chanson par personnage pour Power, pour leur donner une identité. Mais il a fallu bien deux ans pour que le projet soit pris par une chaîne, par Starz.
A chaque fois, la même question revenait : « Mais qui va jouer le héros Ghost ? Toi ? » Je n’étais pas sûr de vouloir être la tête d’affiche d’une série, cela demande un tel investissement, tellement de temps, tu ne peux plus rien faire d’autre à côté. En revanche, j’ai dû faire toute la promotion au début de la série, car les acteurs et actrices n’étaient pas encore assez établies. Les médias ne voulaient pas parler de la série si je n’étais pas là. A partir de la saison 3 et le succès de la série, c’est bon, ils n’avaient plus besoin de moi, ils pouvaient se débrouiller tout seuls. (rires)
Vous jouez quand même dans la série, le méchant Kannan Stark. Le rôle a-t-il été écrit spécialement pour vous ?
Lorsque le projet peinait à se monter, j’ai dit à la créatrice Courtney « Ok, ok, je vais jouer Ghost ». Elle était là à chaque rencontre avec les chaînes, elle savait que cela suffirait à vendre le show. Nous avons réfléchi, continué à pitcher la série, mais elle me répétait « si tu fais ça, tu dois en être à 100 % ». J’ai fini par lui dire : « Je ne peux pas jouer un autre personnage ? » (rires) Elle m’a alors écrit un rôle taillé pour moi, et ma seule demande était que si je jouais un méchant, je voulais que ce soit le pire méchant vu à la télévision. Et elle a fait du super boulot si vous voulez mon avis. Très vite, je tuais femmes et enfants !
Comment est venue l’idée de donner à Kannan sa série, son prequel ?
Si Kannan est déjà un personnage important de la mythologie Power, je sentais que la partie la plus cool de sa vie était à raconter, sa vie dans les années 1990 à New York. La ville a toujours eu une place à part entière dans Power, avec sa diversité, ses nationalités, ses cultures, ses musiques… Mais le New York des nineties est tellement différent d’aujourd’hui, je voulais revenir à cette époque, la recréer et la faire ressentir au public. Le showrunneur Sascha Penn et son équipe de scénaristes ont fait un boulot incroyable. Il était déjà là, en coulisses, sur Power, mais avec Raising Kannan, il prend la lumière.
« Power » parle criminalité, politique, famille, survie… Des sujets que vous abordiez déjà en musique. Est-ce que votre travail de producteur télé est une évolution de votre carrière de rappeur ?
C’est complètement différent. Quand j’ai commencé travailler pour le cinéma et la télévision, je me suis rendu compte que la musique était le premier budget à être coupé. Des réalisateurs rendaient leur director’s cut, avec les chansons correspondantes, parfaites, mais il fallait les enlever, ou les changer, faute de budget. J’ai ainsi voulu rendre sa grandeur et son sens à la musique dans les films et les séries.
« Power » fait partie de ses séries récentes faites par, avec et sur des Afro-américains. Vous êtes à Hollywood depuis 20 ans, avez-vous vu le monde changer ?
Absolument. La diversité, c’est la clé. Power a été produit pour un public ciblé, à l’instar d’autres séries comme Empire ou Black-ish. Il y a longtemps eu une ligne entre les acteurs de télé et les stars de cinéma, mais les séries ont tout changé et vous avez maintenant des acteurs oscarisés comme Forest Whitaker qui fait Godfather of Harlem. Ils ont 10 heures par saison pour se donner à un rôle, créer des personnages iconiques. La multiplication des plateformes et des diffuseurs offre plus d’opportunités, de libertés.
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