Vaccination et pass sanitaire : femmes enceintes, les oubliées des nouvelles mesures ?

Parfois déjà réticentes à se faire vacciner, les femmes enceintes se retrouvent face à un dilemme supplémentaire avec l’extension du pass sanitaire – les autorités de santé recommandent la vaccination à partir du second trimestre de grossesse.

« Donc, je vais devoir m’enfiler des cotons-tiges dans le nez tous les deux jours jusqu’à septembre…» Marie est enceinte depuis quelques semaines. Et à l’annonce des nouvelles mesures de lutte contre le Covid-19, c’est la douche froide. «Déjà que c’est très stressant d’être enceinte dans une période de pandémie, mais là, c’est la double peine : si je ne me fais pas vacciner tout de suite, je suis vouée à être confinée. Et comment faire pour aller à l’hôpital ? »

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Ne pas aller aux rendez-vous de suivi, ou subir des tests PCR réguliers

Même si la jeune femme n’est pas opposée au vaccin, les autorités de santé recommandent aux futures mamans d’attendre le second trimestre pour recevoir leur première dose – elles étaient d’ailleurs parmi les premières à pouvoir se faire vacciner, en avril dernier, par ARN messager (Pzifer et Moderna). 

Vidéo: Covid-19 : aide-soignantes en Ehpad, elles refusent de se faire vacciner (Dailymotion)

Mais d’ici la semaine prochaine, le pass sanitaire sera nécessaire pour entrer dans les bars, restaurants, centres culturels et commerciaux. A partir d’août, il faudra en être dépositaire également pour se rendre à l’hôpital – et donc, pour chaque rendez-vous de suivi de grossesse. «Je pense également aux femmes qui ont des grossesses à risques et qui ont des rendez-vous tous les trois jours à la maternité, s’emporte Marie. Comment vont-elles faire ? Des tests avant chaque visite ? Ça n’a pas de sens ! » D’autant que les tests deviendront payants à l’automne. 

Le dilemme des soignantes 

De quoi angoisser également Luce. Enceinte de trois mois, elle est très hésitante à se faire vacciner avant d’avoir accouché. Elle assure prendre toutes les précautions pour éviter de contracter le virus, face auquel elle a conscience d’être d’autant plus vulnérable. « Je lis tout et son contraire sur la question. Si je n’attendais pas un bébé, je me serais fait vacciner il y a longtemps. Si je suis prête à accepter le “risque” pour moi, pour mon enfant, j’ai peur. C’est humain, non..? »

Problème : Luce travaille dans un Ehpad. A partir du 15 septembre, elle risque de voir son contrat rompu si elle ne se résout pas à se faire vacciner. « Je dois choisir entre mettre potentiellement la santé de mon bébé en danger, ou ne pas pouvoir l’accueillir dans de bonnes conditions, nous confit-elle. C’est un dilemme d’une rare violence. » 

Des recommandations unanimes 

Une réticence partagée par de nombreuses femmes enceintes, bien que les autorités de santé soient formelles : la grossesse accroît les risques de développer une forme grave du Covid-19, notamment pour les femmes « entrant dans leur troisième trimestre de grossesse et les femmes enceintes avec comorbidités », détaille la Haute Autorité de santé (HAS) dans son guide. Elle conseille par ailleurs la vaccination, qui permettra au foetus de développer également des anticorps. Les données récoltées sur la vaccination aux Etats-Unis des femmes enceintes, qui ont quelques mois d’avance sur la France, sont également très rassurantes : il n’y a eu aucun effet secondaire à déplorer. 

Le ministère de la Santé, que nous avons contacté, n’a pas encore de réponses aux questions de Marie et Luce : « Après les grandes annonces vient le temps des assouplissements et des cas particuliers. Nous sommes en train de travailler sur la question », nous a assuré le cabinet d’Olivier Véran. 

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