Antoinette dans les Cévennes, récit rocambolesque et tendre

Sa folie douce est contagieuse mais réclame sans relâche qu’on la protège. Ses éclats de rire cachent des larmes. Elle ne sait pas vivre, alors encore moins aimer ou être aimée. Antoinette dans les Cévennes est le deuxième long métrage de Caroline Vignal, ex-étudiante de La Femis, après vingt ans d’absence. 

Ce film a valu à l’actrice principale, la rayonnante Laure Calamy (Dix pour cent, Un monde sans femmes), de remporter le César de la Meilleure actrice. Il avait aussi été sélectionné au Festival de Cannes. Antoinette dans les Cévennes est diffusé sur Canal Plus mardi 13 juillet, à 21h05.

Avant cela, Caroline Vignal avait réalisé des fictions pour la radio, des collaborations comme scénariste. Certains de ses projets avaient été avortés, dont une comédie musicale, avant de finalement assurer sa première réalisation à 29 ans, Les autres filles, sélectionnée à la Semaine de la critique à Cannes.

La drôlerie du désespoir

Antoinette dans les Cévennes possède la fougue, la tendresse, la drôlerie désespérée de ces films longtemps gardés en soi, comme une pierre précieuse qu’on taille patiemment.

La réalisatrice a mis tout ce qu’elle aime dans ce film labellisé « Cannes 2020 » : les Cévennes, donc (« une région encore sauvage qui [la] relie au Midi, [sa] terre d’enfance très abîmée »), la marche, la liberté, les rencontres fugaces, le rapport aux animaux.

Antoinette dans les Cévennes, c’est l’histoire d’une jeune institutrice lancée aux trousses de son amant en vacances avec sa femme, puis de son errance sur des chemins de randonnée avec un âne pour seul compagnon.

Une rom com fougueuse et burlesque

L’amour, elle le trouve finalement avec ce bourricot, créature biblique et capricieuse. La rom com prend une voie inattendue et on a droit à un magnifique récit rocambolesque, plein d’embardées tendres et loufoques parce que, son auteure l’avoue, elle adore « le pathétique, le ridicule, l’autodérision, et [a] du mal avec ce qui se prend au sérieux ».

Alors il n’y a pas de honte à rire des mésaventures d’Antoinette. Qui va se perdre, croiser un motard sexy, dormir au milieu des animaux de la forêt, s’égarer dans un vaudeville, plonger dans une fable picaresque, pleurer, hurler, dorloter, insulter son âne, nous faire croire que l’art de la comédie burlesque n’est pas mort.

D’un coup de foudre cinéphile à 16 ans (« Le rayon vert d’Éric Rohmer a planté une graine, j’ai compris qu’il était possible pour moi de faire des films »), Caroline Vignal brode une variation sur la solitude féminine en plein cagnard estival et nous donne l’envie irrésistible – attention spoiler – d’écouter en boucle Amoureuse de Véronique Sanson en hommage à une scène d’ouverture appelée à devenir culte.

Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, avec Laure Calamy et Benjamin Lavernhe. 

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