Contrairement aux cinémas, rouverts depuis le 19 mai, et autorisés à remplir tous leurs fauteuils rouges à partir du mercredi 30 juin, La Clef reste fermée depuis 2018. Au coeur du 5ème arrondissement de Paris, à quelques mètres de la grande mosquée et du jardin des Plantes, la grille de cette salle associative est baissée. Mais chaque soir, le collectif qui l’occupe, Home Cinema, propose une projection suivie d’un débat à plusieurs spectateurs, devenus des fidèles.
Ces militants, pour la plupart très jeunes, refusent que La Clef passe des mains de la Caisse d’Épargne, son propriétaire, à celles du groupe SOS, géant de l’économie sociale et solidaire, dirigé par Jean-Marc Borello. Ce proche d’Emmanuel Macron a acheté les 600 mètres carrés du cinéma en février 2021 pour quatre millions d’euros.
Risque de spéculation immobilière
Home Cinema estime que SOS compte vider le lieu de sa substance et faire de la spéculation immobilière. « Ce n’est même pas une question de confiance ou d’inimitié mais une question de projet », explique Lucie, une des membres du collectif. « On n’a pas le même projet. Le Groupe SOS achète des bâtiments souvent très grands et qu’ils revendent parfois. On imagine le bénéfice financier que cela procure… Nous, c’est presque l’inverse en fait. On va sortir de la grille du marché immobilier. On voit bien que cela ne fonctionne pas ».
Le collectif a longtemps espéré que la mairie de Paris préempte le bâtiment. Une partie de la majorité municipale y était favorable. Mais les services de la ville contactés par franceinfo écartent finalement cette possibilité, disant ne pas vouloir interférer dans une vente immobilière entre deux entités privées, et jouent un rôle de médiateur.
L’acheteur dit vouloir garder le cinéma
De son côté, le groupe SOS affirme vouloir garder La Clef comme cinéma, travailler avec le collectif une fois propriétaire des murs, mais commence à s’impatienter du retard pris par la vente et du refus de dialogue des occupants. « Tant que le lieu est occupé, et comme en plus il n’y a pas de dialogue possible avec le collectif, on achètera le jour où on pourra accéder aux locaux », précise Nicolas Froissard, porte-parole du groupe SOS. « Cela aurait été le cas depuis longtemps si le collectif avait accepté de travailler avec nous. Ce sera finalement le jour où il n’y aura plus personne dans le cinéma. »
Les militants, soutenus par plusieurs associations et personnalités de la culture, sont susceptibles d’être délogés à tout moment par la police, même si la mairie de Paris et le groupe SOS soutiennent que ça ne viendra pas d’eux. Seul l’actuel propriétaire, la Caisse d’Épargne, peut demander l’intervention des forces de l’ordre pour que l’acheteur entre dans les lieux et rende la vente de La Clef effective.
Matteu Maestracci a rencontré le collectif qui occupe La Clef à Paris – Reportage.écouter
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