La belle histoire du dessin (rare) de Matisse mis aux enchères à Manosque

  • Un dessin rare au fusain d’Henri Matisse est mis aux enchères à Manosque samedi, et exposé à la maison des ventes dès vendredi après-midi.
  • Il a fallu un an pour expertiser et connaître l’histoire de ce dessin qui dormait dans un carton au-dessus d’une armoire, chez une habitante de la ville.

Des journées d’expertise, la maison de vente Ivoire Manosque en organise plusieurs fois dans l’année. « Nous sommes souvent sollicités, mais c’est rare d’avoir toutes ces belles pièces du puzzle pour arriver à ce résultat, là tout est bon », sourit Jennifer Primpied-Rolland, commissaire-priseur. Elle se souvient du jour où une habitante est venue lui apporter pour avis un
dessin, roulé comme un poster et gardé au-dessus d’une armoire, pensant que c’était un faux. Samedi, elle dirigera la
vente aux enchères de ce grand dessin au fusain et à l’estompe… bel et bien signé Henri Matisse et daté de 1938, avec une mise à prix à 150.000 ou 200.000 euros (pour une estimation entre 300.000 et 400.000 euros).

L’enquête a duré un an pour remonter le fil de l’histoire, et s’assurer qu’il s’agissait bien d’un original. On sait aujourd’hui qu’il a été offert par le peintre au Philadelphia Museum of Art, qui lui consacre une grande rétrospective au printemps 1948. Transmis à une religieuse du Couvent des Minimes, le dessin revient ensuite dans la région jusqu’à l’actuelle propriétaire, au gré de différentes successions. « Nous n’avons nulle trace d’exposition publique », relève Jennifer Primpied-Rolland. Ainsi, l’exposition prévue à la salle des ventes de Manosque vendredi (de 14 heures à 18 h) et samedi (10 heures à midi), avant la vente, sera une première.

Allô, je suis la fille de la modèle…

Mais l’expertise révèle surtout deux raretés du dessin, qui feront sans doute s’envoler les enchères (des collectionneurs ont manifesté leur intérêt jusqu’à l’étranger). D’abord, il s’agit en réalité d’une œuvre préparatoire à un décor commandé par le milliardaire Rockefeller pour la cheminée de sa résidence de New York. « Ces premiers jets au fusain sont les plus emprunts d’émotion, après Matisse intellectualise, épure plus son travail », détaille la commissaire-priseuse.

Autre élémént remarquable : la femme qui figure sur le dessin est l’une des modèles préférée de Matisse à la fin des années 1930. Elle s’appelle Hélène Galitzine-Mercier, et apparaît sur plusieurs de ses fameuses toiles. Et c’est la suite de la belle histoire : la maison de vente a reçu un coup de fil de sa fille. « Elle habite la région et était très émue de voir le portrait de sa maman, son regard, poursuit Jennifer Primpied-Rolland. Elle m’a appris que sa propre fille se mariait le 26 juin. » A 15 heures, pile à l’heure où elle lancera l’enchère du dessin d’Henri Matisse.

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