La garde alternée: Une solution qui a fait ses preuves

Moitié-moitié. 12% des enfants de parents séparés vivent équitablement au domicile de chacun. Avec le recul, ce partage se révèle une source d’équilibre, profitable aux enfants.

Restez informée

Vivre 50% du temps chez papa, 50% du temps chez maman. Depuis la loi de 2002 sur l’autorité parentale, la résidence alternée en cas de séparation des parents figure dans le code civil. « La résidence de l’enfant peut être fixée en alternance au domicile de chacun des parents ou au domicile de l’un d’eux ». Le phénomène prend doucement de l’ampleur. Ainsi, la part des enfants alternants a doublé entre 2010 et 2016*. Parmi les 4 millions d’enfants mineurs dont les parents sont séparés, 11,5% étaient alternants l’an passé (contre 10,6% en 2018). Et plus l’enfant grandit, plus cette solution est choisie pour concerner jusqu’à 15% des enfants âgés de 10 ans. Chez les petits en revanche, la formule séduit moins. « À des âges où les mères sont très impliquées dans la prise en charge des enfants, les parents privilégient la résidence maternelle », assure l’Insee. Affaire d’âge mais aussi de milieu social. Ainsi, c’est majoritairement parmi les personnes les plus diplômées, cadres ou professions intermédiaires que ce mode de garde est plébiscité par les parents. Si les répercussions de la résidence alternée sur le bien-être des enfants inquiétaient à ses débuts, les rares études existantes indiquent qu’ils ont un niveau de stress moins élevé que ceux qui vivent chez un seul de leur parent. La garde alternée permet de maintenir le lien avec chaque partie de la famille, de fixer un cadre régulier. Et si le couple conjugal n’est plus, le couple parental peut ainsi perdurer.

« Moins de moments à deux mais plus intenses »: Céline, 42 ans, mère d’Anthony 9 ans

Depuis 6 ans, je m’occupe de mon fils une semaine sur deux, à partir du vendredi. Au début, c’était dur de vivre sans lui car il n’avait que 3 ans. Être seule le jour de la fête des mères ou de Noël me brisait le cœur. Mais depuis, voir autant son papa que sa maman participe à son équilibre. Quand je le retrouve, c’est toujours une fête et je suis là pour lui à 100%. Nous avons moins de moments à deux mais ils sont plus intenses. Avec son papa, nous savons faire des efforts : pour sa communion, nos deux familles seront réunies. Lors de son anniversaire, nous passons la journée tous les trois pour une activité sympa, comme du canoë. Mais nous faisons gare à ne pas lui donner l’espoir que nous reviendrons ensemble…créatrice du blog une-nouvelle-vie.com

« J’ai crée une complicité qui m’est propre »: Jean-Baptiste, 40 ans, père de Raphaël, 14 ans et Juliette, 11 ans

Depuis 2013 et notre séparation, la maman de mes enfants et moi avons mis en place la résidence alternée. Parce que je participais activement à leur éducation et leur quotidien, il était inconcevable de les avoir seulement 4 jours par mois ! Comme je travaille en profession libérale, j’ai dû modifier mon emploi du temps pour finir à 17h une semaine sur deux. Mon chiffre d’affaire a baissé de 10% mais sans regret, car je suis plus présent. Les élever en solo m’a permis de créer une complicité qui m’est propre, sans compromis. Chez moi, c’est plus rock’n’roll, plus improvisé, et ça me correspond bien !

« J’ai dû m’investir et tant mieux! »: Mathieu, 32 ans, père de Lyzzie, 2,5 ans

Quand sa maman m’a quitté et que la garde alternée a débuté, ma fille avait un an et demi. C’était un peu sportif de m’occuper d’un bébé en solo car j’avais l’habitude de me reposer sur mon ancienne compagne ! J’ai dû m’investir et tant mieux : cela a renforcé nos liens. J’ai décidé de prendre un appartement près de chez ma mère et ma grand-mère qui m’aident beaucoup car, responsable d’un EHPAD je travaille deux weekend sur trois. Malgré le chagrin et la colère qui m’animaient au début, le bonheur de Lyzzie a toujours été ma priorité. A chaque transition le dimanche, mon ex et moi prenons le temps de discuter, de transmettre les informations clés. Les séparations me donnent le cafard mais je fais tout pour ne rien montrer. instagram.com/papa_solo_dun_ange

« Une semaine je m’occupe d’eux, la suivante de moi »: Marion, mère Gabriel, 13 ans et Hélène, 11 ans

Après notre rupture en 2014, le papa des enfants ne les prenait qu’un week-end sur deux. C’était trop peu, ils étaient malheureux. Quant à moi, j’étais noyée dans la logistique. Nous avons donc choisi la résidence alternée à partir du vendredi, avec les mercredis chez moi car je ne travaille pas. Une semaine je m’occupe d’eux, une semaine, je m’occupe de moi. Cette solution me permet de voir mes amis, de souffler, de prendre soin de moi. Grâce à ça, j’ai pu être disponible mentalement pour retrouver l’amour. Mon nouveau compagnon a aussi ses enfants une semaine sur deux, tout comme la nouvelle femme de mon ex. Mieux vaut ne pas toucher au calendrier, sinon c’est le bazar !

« Un regard différent porté sur les parents »: Benoît Hachet, sociologue à l’École des hautes études en sciences sociales, auteur de « Une semaine sur deux, comment les parents se réinventent » (Ed. les Arènes)

Pour les parents qui choisissent la résidence alternée, c’est d’abord parce que cela leur semble le plus juste et le meilleur pour leurs enfants. Ils habitent en moyenne à 5km l’un de l’autre et dans 89% des cas, c’est la formule une semaine sur deux qui est mise en place. 7 % préfèrent la découper (en période de 3 jours ou 5 jours) alors que 4 % alternent chaque quinzaine ou chaque mois. D’après mon enquête, entretenir de bonnes relations n’est pas un impératif : 58 % des couples disent s’entendre moyennement ou difficilement. Cette solution n’est pas répandue de la même façon sur tout le territoire : elle est plus rare à Paris, en Ile de France et dans les grandes agglomérations car il est plus difficile de s’y loger et donc d’assumer une habitation suffisamment grande avec un seul salaire. Enfin, le regard porté sur les parents n’est pas identique: les papas sont considérés comme des héros, les mamans comme des femmes souffrant de l’absence de leur progéniture.

A lire aussi: Garde alternée : cette astuce va simplifier le quotidien des parents séparés

Source: Lire L’Article Complet