HPI chez l’adulte : les signes qui peuvent indiquer que vous êtes à haut potentiel intellectuel

« HPI ». Derrière ces trois lettres se cache un terme de plus en plus employé, mais dont le véritable sens reste mal connu : le « haut potentiel intellectuel ». Il s’agit d’un fonctionnement différent, qui peut être détecté chez les enfants mais aussi chez les adultes. Qu’est-ce que le HPI ? Comment le détecter à l’âge adulte ? Explications de Catherine Zobouyan, neuropsychologue.

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On dit d’eux qu’ils sont « surdoués », « précoces » ou que ce sont des « zèbres ». Autant de termes utilisés pour parler des personnes à « haut potentiel intellectuel » (HPI). Bien qu’ils représentent seulement 2 % de la population générale, ils ont récemment été mis en lumière dans la série TF1 baptisée HPI. Audrey Fleurot y incarne Morgane, une mère de famille dont le QI est de 160 et qui devient consultante pour la brigade criminelle.

HPI : des personnes qui réfléchissent et ressentent différemment

Si l’acronyme « HPI » est désormais sur le devant de la scène, nombreux sont ceux qui ignorent sa véritable signification. Les personnes à haut potentiel intellectuel ont « un fonctionnement différent de par leur façon de réfléchir, de penser et de ressentir. Elles ont une présence et une sensibilité intenses. Cette intensité se fait également ressentir dans leur façon d’analyser et de percevoir les choses », explique Catherine Zobouyan, neuropsychologue. Les observations cliniques montrent que de nombreux HPI peuvent aussi être hypersensibles ou encore hyperesthésiques, ce qui signifie que leurs émotions et leurs sens sont exacerbés, qu’il s’agisse du toucher, de l’ouïe ou encore de l’odorat. « De nombreuses études actuelles tentent d’ailleurs de mieux comprendre ce fonctionnement émotionnel », note la neuropsychologue.

Les HPI ressentent intensément leurs propres émotions mais aussi celles des autres et ont également une certaine rapidité d’analyse. « Ils peuvent ainsi avoir des réactions décalées, une vision différente des situations et une exprimer intensément leur joie, leur tristesse ou encore leur colère« , précise-t-elle. Une particularité qui peut parfois expliquer leur difficulté à se faire comprendre des autres ou à trouver sereinement leur place.

Haut potentiel intellectuel : de nombreuses idées reçues

Une multitude de fausses croyances circulent sur les HPI. Le haut potentiel intellectuel est parfois décrit comme une pathologie, alors qu’il s’agit en réalité d’un fonctionnement particulier, différent. Mais ce n’est pas tout : « Le terme ‘surdoué’, qui laisse entendre qu’ils ont toujours un sur-don et le terme ‘précoce’, qui laisse supposer qu’ils sont forcément en avance, participent à ces mythes », explique la neuropsychologue.

Ainsi, on dit souvent que les HPI sont des génies, qu’ils sont surperformants et doués en tout, ce qui n’est pas toujours le cas. « Il n’est pas rare que des HPI se démarquent dans des activités ou des métiers et surinvestissent des domaines en particulier. C’est leur curiosité qui leur donne envie de faire ces découvertes, mais ils ont aussi tendance à se lasser rapidement », indique Catherine Zobouyan.

Autre idée reçue : les HPI sont souvent réduits à leur hypersensibilité ou à leur QI élevé. Or, « c’est l’ensemble de ces particularités qui définissent ce fonctionnement », précise-t-elle.

HPI chez l’adulte : consulter pour mieux se comprendre

S’il ne définit pas le haut potentiel intellectuel, le QI fait partie de ces marqueurs : il est fixé à 130 dans le cas des HPI. Le QI est évalué à travers un bilan psychologique, qui permet de mesurer la façon de réfléchir, de penser et de raisonner. La sphère émotionnelle est également évaluée dans ce bilan, qui s’intéresse notamment à la sensibilité, à la créativité ou encore à l’hyperesthésie. Autant d’éléments qui permettent de diagnostiquer le haut potentiel intellectuel grâce à des outils spécifiques et normés.

Ce diagnostic peut être posé dans l’enfance, mais aussi à l’âge adulte. Dans le premier cas de figure, il permet à l’enfant de mieux se comprendre, de mettre des mots sur ses particularités, de comprendre sa façon de raisonner, de développer davantage de stratégies pour apprendre, de mieux réguler ses émotions et de mettre du sens sur ses réactions.

Lorsque ce diagnostic n’est pas posé dans l’enfance, cela peut avoir des conséquences sur l’adulte HPI. « Il manque souvent de confiance en lui et se remet en question car son décalage peut avoir été vécu comme une vulnérabilité, une fragilité ou encore un dysfonctionnement selon l’environnement dans lequel il a évolué », explique la neuropsychologue. Mais ce n’est pas systématique : nombre de HPI vont bien car ils ont appris à se suradapter et à répondre à ce que l’on attendait d’eux.

Si certains adultes décident de consulter tardivement, c’est parce qu’ils souhaitent mieux se comprendre. « De plus en plus d’adultes font cette démarche à cause d’une souffrance au travail, d’un manque de confiance en eux ou de difficultés dans leurs relations aux autres. C’est souvent à cause d’un ennui au travail ou de leur hypersensibilité qu’ils s’interrogent », indique Catherine Zobouyan.

HPI : quels sont les signes évocateurs à l’âge adulte ?

Les caractéristiques du haut potentiel intellectuel chez les enfants et chez les adultes sont similaires mais ne se manifestent pas de la même façon. « Les enfants HPI posent beaucoup de questions, ont un besoin de précision absolu, s’intéressent à des domaines spécifiques et peuvent être en décalage avec les autres, notamment à l’école. Trouver leur place dans ce contexte peut être un véritable enjeu, car leurs réactions particulières peuvent entraîner un rejet des autres enfants », explique la neuropsychologue. Un phénomène qui varie si le haut potentiel intellectuel a été identifié ou encore en fonction de l’environnement.

Chez les adultes non détectés, il y a également cette notion de décalage mais elle n’a pas la même intensité que chez les enfants. « Cela fluctue selon leur parcours, leur métier, leur fonctionnement ou encore l’accompagnement dont ils ont pu bénéficier. En fonction de ces paramètres, leur différence est plus ou moins conscientisée », explique Catherine Zobouyan.

Certains signes sont néanmoins évocateurs du haut potentiel intellectuel chez l’adulte, à savoir :

  • une grande curiosité, une rapidité à traiter l’information, une pensée en arborescence, une vision des choses assez globale avec une pensée en ramification ;
  • un besoin de sens, de compréhension ;
  • une grande sensibilité, un rapport intense au monde et aux autres. « Pour s’adapter à ce qu’on leur demande, certains adultes HPI peuvent masquer leur fonctionnement dans leur manière de travailler, d’analyser. Ils se mettent de côté, finissent par se réprimer et se dévaloriser. Ils peuvent aussi se surinvestir au travail, en amour ou encore en amitié et peuvent ainsi donner toute leur énergie dans ces domaines, ce qui a tendance à créer un sentiment de décalage avec les autres », précise Catherine Zobouyan.
  • de la créativité et de l’imagination ;
  • un sens de l’esthétisme, un goût de l’harmonieux et du beau.

Comment accompagner les adultes HPI ?

La prise en charge de l’adulte HPI varie en fonction des individus. « Pour certains, le simple fait de consulter et de poser les choses permet parfois de les apaiser, de donner du sens sur ces différences », explique la neuropsychologue.

Si l’hypersensibilité de l’adulte HPI fait que ce dernier a du mal à réguler ses émotions, un accompagnement psychologique plus classique pourra lui être proposé. L’objectif ? L’aider à prendre conscience de l’intensité des émotions, à les exprimer et à les moduler, afin de lui redonner confiance. « La méditation de pleine conscience peut également être efficace dans ce cas de figure », ajoute la neuropsychologue.

Merci à Catherine Zobouyan, docteure psychologue clinicienne, neuropsychologue et directrice des centres Cogito’Z à Paris.

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