Trente-cinq ans après sa mort, Michel Colucci est toujours très présent dans l’esprit des Français. Par la voix de Gérard Jugnot, ce doc retrace, avec tact et finesse, le parcours de celui qui n’était pas qu’un clown provocateur. Entretien avec l’acteur…
Avez-vous le souvenir précis du jour où vous avez rencontré Coluche ?
Gérard Jugnot : Oui. C’était en 1971. Il jouait Thérèse est triste, à l’Alliance française. Et Philippe Noël, le fils de Tsilla Chelton, qui était avec lui sur scène, m’avait invité. J’ai tout de suite été impressionné par sa puissance comique. C’était dingue et immédiat.
A-t-il été une sorte de modèle pour la troupe du Splendid ?
Pas un modèle, mais lui et tous ceux qui faisaient partie de la bande du Café de la Gare nous ont un peu ouvert le chemin. Il était plutôt comme un grand frère. Il nous a aidés financièrement. Je crois, d’ailleurs, que c’est l’un des seuls que nous n’avons pas remboursé. Il ne voulait pas. (Dans le film, Thierry Lhermitte raconte comment Coluche a déchiré le chèque de remboursement qui lui était destiné, ndlr.)
Quels sont les trois premiers mots qui vous viennent à l’esprit en pensant à lui ?
« Rire », bien sûr. « Rue Gazan », où était située sa maison, à Paris. Et puis « violence ». Une violence qu’il avait dans son humour, dans sa vie, avec la moto. Il était fort, aussi. Et puis, malheureusement, sa mort… La violence de sa mort.
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Lui avez-vous « piqué » des trucs, des mimiques ?
Il ne se gênait pas pour nous en piquer. (Sourire) Tout le monde le faisait, d’ailleurs, mais ce n’était pas « piquer », c’était s’inspirer d’un esprit… On le faisait tous.
Le film s’intitule Coluche, une époque formidable. Est-ce une façon de lui adresser un clin d’oeil avec l’un de vos plus beaux rôles, dans le film du même nom ?
Oui, Une époque formidable, c’est le titre d’un de mes films (sorti en 1991), et surtout d’un bouquin (sous-titré Mes années Splendid, publié en 2016) sur notre jeunesse à tous, de la bande du Splendid : la façon dont on s’est rencontrés, et ce qu’on en a fait. Quelle aventure formidable ! Cette chance que nous avons eue de nous être trouvés, et d’avoir connu des personnalités comme Michel Colucci, Patrick Dewaere, Romain Bouteille, Miou-Miou, Josiane Balasko, Henri Guybet…
Sans Coluche, et peut-être d’autres, auriez-vous osé monter sur scène ?
On se serait lancés dans le métier, bien sûr, mais pas comme ça. Ils nous ont appris à nous prendre en main, à ne pas attendre que le téléphone sonne ! Et puis, surtout, cette manière de jouer un peu plus « vrai » : c’était très important, pour nous.
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Qu’est-ce que vous aimeriez que l’on retienne de Coluche ?
J’aimerais que l’on se souvienne de tout : de sa drôlerie, d’une certaine émotion et, sans doute, d’un certain désespoir : celui qu’il y avait derrière cette forte personnalité.
Dans le film, Claire Nadeau dit, à propos de sa mort : « Notre jeunesse était finie. » Est-ce aussi votre sentiment ?
Elle a raison. La mort est entrée dans notre jardin avec la disparition de Patrick Dewaere, en 1982, puis celle de Coluche, en 1986. Il y a eu comme deux grands trous à ce moment-là pour la bande.
Coluche, une époque formidable : vendredi 11 juin à 21h05 sur France 3
Interview Frédérick Rapilly
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