Piochant dans la pop culture ou offrant une énième jeunesse à un morceau culte, la série se révèle le lieu idéal pour réunir plusieurs générations sous la même bande-son.
Image et son sont indissociables pour qui veut porter à l’écran une histoire. Un film ou une série ne se résument pas qu’au scénario et aux intrigues qui en découlent, ni aux décors ou aux acteurs. Parfaitement écrite, jouée, réalisée et montée, une scène peut perdre de son éclat suite à une mauvaise sélection musicale ! En effet, le choix de la musique est d’autant plus crucial lorsque l’on sait que celle-ci contribue à l’ambiance d’une séquence ainsi qu’à ses retombées. Pour preuve, voici 20 chansons, choisies avec soin, totalement indissociables des univers qu’elles habitent. Attention, spoilers en cascade !
20 – Venus / Shocking Blue (The Queen’s Gambit)
Présent dans le sixième épisode de la série événement diffusée sur Netflix en octobre 2020, la version originale de ce tube planétaire — eh oui, Bananarama en 1986 n’en a fait qu’une cultissime reprise ! — appuie avec brio la descente aux enfers de Beth. Seule et affligée, elle délaisse les échecs au profit d’une spirale d’addictions : alcool, drogue, tristesse. Cette musique a souvent été utilisée en publicité ; pas étonnant donc que Beth ait l’air de promouvoir son propre malheur. Sa maison n’est pas entretenue, elle vit en sous-vêtement, ses poubelles sont remplies de bouteilles vides ; bref, elle semble être dans cet état de dépendance depuis des mois. Beth danse, Venus s’embrase, et les échecs ne sont plus un simple jeu. Une chanson iconique pour une personnalité qui l’est tout autant.
19 – Baby Got Back / Sir Mix-A-Lot (Friends)
Au-delà de ses personnages mythiques et de ses lieux qui le sont tout autant, Friends réunit aussi par ses moments ancrés dans la pop culture. Outre les fameux « I’m fine ! » et le « I know ! » de la fratrie Geller, c’est un autre instant de vie du quotidien de ces joyeux new-yorkais qui devrait se rappeler à vous : « I like big butts and I cannot lie, you other brothers can’t deny… » Vous l’avez en tête ? Tant mieux, car c’est pour sa part, le seul moyen qu’a trouvé Ross pour faire rire Emma. Espérant arriver au même résultat et n’essuyant que des échecs, Rachel se résoudra à la fredonner aussi. Et les voilà reprenant avec entrain et en chœur, cet air de Sir Mix-A-Lot devant leur fille. Mais le mini-concert ne durera qu’un temps et se transformera en grand moment de solitude à l’arrivée du reste de la bande. Un conseil avant de cliquer sur la vidéo : réfléchissez bien, vous risquez de vouloir binge watcher la série de nouveau.
18 – The Name Game / Shriley Ellis (American Horror Story : Asylum)
1964, Shirley Ellis bouscule le monde avec son « Name Game » qu’elle avait l’habitude de chanter petite. Plus de soixante-dix ans après, ce sont les spectateurs d’American Horror Story qui la découvre interprétée par Sister Jude (interprétée par Jessica Lange) dans l’épisode 10 de la saison 2. Sortie d’une violente séance d’électrochocs, elle se met à frapper le juke-box de la salle commune. Sarah — Lana Banana — Paulson s’inquiète et lui demande si elle se souvient de son nom. Et Sister Jude emmène le spectateur et tous les patients présents dans son délire. Littéralement. The Name Game se lance sur le Juke Box, et dans un numéro acidulé digne de cabarets, Sister Jude s’échappe en musique de cette bien triste réalité.
17 – How To Save A Life / The Fray (Scrubs)
Malgré son caractère comique, Scrubs contient quelques scènes qui en ont fait pleurer plus d’un. Saison 5, épisode 20, trois minutes suffisent à bouleverser l’hôpital du Sacré-Cœur. Suite à la mort d’une patiente donneuse d’organes, trois transplantations ont lieu durant la garde du Docteur Cox. Cet air de The Fray accompagne ce dernier, trop sûr de lui, qui va perdre un à un ses patients par négligence. Le troisième décès sonne le glas de son mental breakdown. « Where did I go wrong ? I lost a friend… » JD tente de le rassurer, en vain. La douleur de l’échec est immense pour Cox. Il est humain après tout et l’erreur est à son image. Si le spectateur assiste impuissant à la déchéance de Cox, il peut toutefois se réconforter en voyant l’élève dépasser le maître : JD remettra son mentor sur les rails, et ce pour encore 4 saisons ! Par ailleurs, on retrouve également cette chanson culte dans quasiment toutes les saisons de Grey’s Anatomy !
16 – Chasing Cars / Snow Patrol (Grey’s Anatomy)
Bien que la série de Shonda Rhimes soit souvent associée à ce même titre de The Fray, il est une autre chanson qu’elle a réussi à ancrer dans les mémoires sensibles de ses spectateurs : Chasing Cars du groupe Snow Patrol. Car si les paroles invitent à s’allonger ensemble et à fuir le monde, les premières notes nous transportent, quant à elles, instantanément dans les heures les plus sombres de l’ancien Seattle Grace Hospital. On se souvient certes de l’épisode chorale de la saison 7 où la chanson est reprise par les membres du cast. Mais comment oublier, saison 2, Izzy dans sa robe de soirée, comme tout droit sorti d’un conte de fées, pleurant un Denny Duquette tant aimé, et Karev, obligé de l’arracher de ce décor où amour et mort sont à jamais liés. Et c’est avec un cover que cette chanson revient neuf saisons plus tard, pour une fois de plus illustrer la mort d’un personnage et non des moindres, Derek Sheperd. Meredith, main sur le torse de son mentor de mari, accompagne le dernier souffle de celui-ci ; et c’est pour elle que le spectateur retient le sien.
15 – Roxanne / Police (Community)
Diffusée de 2009 à 2015 sur NBC et aujourd’hui disponible sur Netflix, Community renferme de nombreux trésors d’épisodes, tant d’un point de vue narratif que technique. Après South Park, c’est au tour de Greendale d’entrer dans la liste des villes fictives du Colorado, où l’on suit le quotidien d’un « community college » à travers un groupe d’étudiants aux univers disparates. Dans l’épisode 4 de la troisième saison, la petite bande est réunie chez Abed et Troy. Afin de déterminer qui ira récupérer les pizzas au livreur qui attend en bas, Jeff lance un dé et crée par conséquent, selon Abed, sept chronologies différentes. Le titre Roxanne du groupe Police est présent dans chacune d’entre elles, et peine à être écouté jusqu’au bout. Mais cette ritournelle rock entêtante, enregistrée en 1978, est déjà dans la tête du spectateur, et maintenant sûrement dans la vôtre.
14 – Never Ending Story / Limahl (Stranger Things)
Emprisonnés dans une sorte de bunker russe, Joyce et Hopper ont besoin, dans l’épisode final, d’un code — les chiffres de la constante de Planck — afin d’ouvrir le coffre contenant les clés nécessaires à leur libération. Problème : seule Suzie, la petite amie non imaginaire de Dustin connaît correctement la valeur de cette fameuse constante, et ne la livrera que si celui-ci entonne avec elle « Never Ending Story » de Limahl, voix emblématique du groupe Kajagoogoo. Ce duo offre ainsi une des scènes les plus précieuses de la série. Alors que le reste de la bande est au plus mal, le jeune couple se laisse emporter par la magie entêtante de cette chanson phare des années 1980. La troisième saison de Stranger Things, à l’instar des deux précédentes, rend hommage à cette folle décennie, avec une bande-son digne des meilleures boums de l’époque.
13 – Don’t Stop Believin’ / Journey (Glee)
On ne compte plus les reprises et mash-up effectués par le club de chant le plus célèbre de Netflix, dirigé par Will Schuester. Ce titre du groupe de rock Journey de 1981 est la chanson la plus présente dans la série. La troupe du McKinley High la reprendra en effet pas moins de six fois durant ses 121 épisodes. Elle clôture le premier épisode « L’effet Glee » où l’on assiste à la naissance du Glee Club avec ses premiers membres face à un Mister Schu plein d’espoir. « Don’t stop believin’, hold on to that feelin' », un leitmotiv qui deviendra au fil du temps l’hymne de la série. L’occasion de revoir le Glee Club à ses débuts, et de penser aux regrettés Cory Monteith et Naya Rivera, le temps d’une chanson.
12 – Make your own kind of music / Mama Cass (Lost)
Retour en 2005 avec le premier épisode de la saison 2 de la série de J.J. Abrams où apparaît pour la première fois le personnage de Desmond Hume. Cette scène d’ouverture, sublimée par ce standard des années 1970 de Mama Cass, plonge le spectateur dans le quotidien confortable de Desmond à l’intérieur du bunker, objet de convoitise des survivants du vol océanique 815 lors de la première saison. Qui est ce personnage ? Que fait-il ? Pourquoi est-il dans le bunker ? Pourquoi tape-t-il la suite de nombres 4 8 15 16 23 42 avant d’appuyer sur entrée ? Pour le moment, aucune idée. Le spectateur est simplement rassuré et se sent comme à la maison pour la première fois dans Lost grâce à ce fond sonore pop, tout droit sorti d’un souvenir d’enfance.
11 – Anyone Who Knows What Love Is / Irma Thomas (Black Mirror)
Enregistré pour la première fois en 1964 par la « reine de la soul de La Nouvelle-Orléans », Anyone Who Knows What Love Is a été choisi par Charlie Brookers, l’un des créateurs du show, afin de rassembler tous les épisodes dans un même univers artistique, à l’image d’un motif qui les lierait. Cet air entêtant apparaît en effet à quatre reprises, comme ici lors dans « Fifteen Million Merits », lors de la première saison, puis dans « White Christmas » pour la deuxième, « Men Against Fire » en saison trois et « Crocodile » en ce qui concerna la quatrième. Bien qu’elle appelle de ses notes à la nostalgie, la tendresse et à l’amour, cette chanson illustre généralement le plus ignoble des possibles contenus dans chacun des mondes de Black Mirror.
10– Groove Is In The Heart / Deee-Lite (How I Met Your Mother)
L’inattendu appelle parfois l’évident, et cette danse endiablée entre Robin et Barney ne nous fera pas mentir. Pendant le repas de mariage de Punchy, ami d’enfance de Ted, Robin se dirige vers Barney, bien décidée à lui avouer une bonne fois pour toutes ce qu’elle ressent pour lui. Avant qu’elle n’ait pu dire quoi que ce soit, ce dernier entraîne la jeune journaliste sur la piste de danse, au son du mythique « Groove is in the heart », sorti au début de la décennie 1990 par le groupe Deee-Lite. Le duo offre un moment musical intense et complice qui fera chavirer le cœur de Robin. La musique, constituée d’une multitude de samples et de genres (rap, funk, électro), est à l’image du couple phare de la saison 7, imprévisible et haut en couleur.
9 – Kokomo / Beach Boys (Space Force)
Cette satire loufoque de l’US Space Force sauce Trump met en scène le général Mark Naird. Sa mission : tout simplement mener la guerre depuis l’espace. Et qui de mieux que Steve Carell pour incarner ce militaire dépassé et à côté de ses pompes, auquel il est impossible de ne pas s’attacher ? Dans cette scène, il part se réfugier dans son bureau afin d’échapper à la pression ambiante et de s’évader à sa façon (un clin d’œil à The Office qui n’est pas passé inaperçu). « Aruba, Jamaica, oh I want to take ya, Bermuda, Bahama, come on pretty mama… » murmure Naird, comme un mantra ; et le voilà quelques secondes plus tard chantant ce classique des Beach Boys sorti en 1988, la chorégraphie de Carell en cadeau.
8 – Bella Ciao (Casa de Papel)
Impossible de ne pas parler, dans ce classement, de ce braquage musical commis par la série Casa De Papel en reprenant ce chant partisan italien du début du XXe siècle, fidèle des révolutions communistes. Hymne de rébellion et de résistance, il illustre à merveille le propos de la série qui ne rêve que d’unité et de liberté. C’est pourquoi on peut notamment l’entendre chanter en chœur par l’ensemble des braqueurs après que Moscou ait découvert le second tunnel. Mais là où elle prend tout son sens, c’est dans ce flashback de l’épisode 13 de la saison 1. Attablés dans le salon de la maison de Tolède et le plan du vol en tête, le Professeur et Berlin interprètent émus Bella Ciao en souvenir du passé. De nombreuses reprises participeront à l’engouement autour de cette chanson qui deviendra l’hymne intemporel de la série espagnole.
7 – Ta Katie t’a quitté / Bobby Lapointe (Plan Cœur)
Tomber amoureux sur du Bobby Lapointe n’est pas donné à tout le monde et encore moins aux plus jeunes d’entre nous. Jules et Elsa ont eu cette chance. La série française que vous pouvez retrouver sur Netflix, au-delà de raconter avec humour et tendresse les histoires d’amitié et d’amour de trois amies parisiennes, remet au goût du jour ce titre de 1964. Virtuose des mots, le touche-à-tout que fut Boby Lapointe est inscrit dans le panthéon des souvenirs d’Elsa, qui connaît par cœur cette chanson. Frédéric Magnon, compositeur français aussi connu sous le nom Avril, s’est inspiré de sa rythmique si particulière et des percussions pour créer Close To Me, musique que Jules composera en pensant à Elsa.
6 – A Horse With No Name / America (BoJack Horseman)
Le doux cover que font Michelle Branch et Patrick Carney de ce classique rock du groupe America, sorti initialement en 1972, illustre une énième traversée du désert de BoJack. Au-delà du nom de la chanson, celle-ci représente l’état d’esprit dans lequel se trouve BoJack dans le deuxième épisode de la saison quatre : en deuil, de Sarah Lyne, de ce qu’il a été, de ce qu’il ne sera jamais. Horseman s’éloigne de ses proches, disparaît et ne veut plus être BoJack ; il ne veut littéralement plus avoir de nom. Il recherche un refuge où il sera libre d’être qui il veut et, surtout, qui il peut. Il semble étrangement trouver ce havre de paix en la demeure de ses grands-parents maternels. Le processus du deuil peut avoir des conséquences insoupçonnées dans le temps, et c’est là une des raisons de BoJack de vouloir oublier qui il est, pour mieux oublier sa douleur.
5 – Cha Cha Slide / DJ Casper (Orange Is The New Black)
DJ Casper est révélé au grand public début des années 2000 par ce son dance célèbre pour la chorégraphie que contient le rap. Il s’adonne à l’exercice du caméo dans le premier épisode de la sixième saison d’Orange Is The New Black. Dans cette scène musicale, Suzanne, aussi connue sous le nom de Crazy Eyes, passe un entretien psychologique alors qu’elle n’a pas suivi son traitement. Elle délire sur ces codétenues ainsi que sur le personnel de la prise, et la présence de DJ Casper donne le rythme à son hallucination. En quelques minutes, la série aborde les maladies mentales et comportementales avec intelligence et bienveillance. Une scène aux airs presque enfantins où Suzanne se concentre sur ce qui se passe en elle, en emmenant les spectateurs dans le royaume de sa douce folie.
4 – Someday Soon / Alexi Murdoch (This Is Us)
« I love my father and I love him well, I hope to see him someday soon » pourrait être le leitmotiv de This Is Us où le rapport au père est l’élément scénaristique autour duquel la série prend racine. Cette ballade mélancolique et pleine d’espoir apparaît à deux reprises dans l’épisode 4 de la première saison. D’abord lors d’une sortie piscine de la famille Pearson. Personne ne se rend compte que Kévin perd pied et manque de se noyer, et le jeune garçon viendra reprocher à Jack cette négligence. Puis, à la toute fin de l’épisode, après que William ait rassuré Randall sur ses choix de vie. Deux scènes apparemment différentes, mais tellement similaires dans leur intention. Alexi Murdoch chante la fragilité de l’existence et l’incertitude qui en découle. Car quoi de plus délicat et précieux que les liens qui unissent un être à un autre ?
3 – Sail / AWOLNATION (Fleabag)
Créée et interprétée par Phœbe Waller-Bridge, Fleabag nous embarque dans le quotidien londonien de cette trentenaire désabusée et sarcastique, autant accro au sexe qu’à son malheur. Elle est assise dans le métro de Londres en scène d’ouverture du premier épisode de la saison 2, quand résonnent les premières notes de Sail, premier morceau du groupe rock AWOLNATION. Habitué du petit et du grand écran, ce titre de 2011 participe à ce moment aussi surréaliste que dérangeant. Les personnes autour d’elle pleurent, crient et semblent presque possédées à chaque montée en puissance de la chanson, entrecoupées d’instants neutres de calme. On comprend que toute la scène a seulement lieu dans l’imaginaire de Fleabag, lorsqu’à l’occasion d’un énième regard caméra — marque narrative de fabrique du show — elle annonce aux spectateurs que ses règles sont sur le point d’arriver. Une preuve s’il en fallait encore une, à travers cette représentation du chaos menstruel, que l’humour britannique règne en maître dans la compréhension de l’être humain.
2 – I Want It That Way / Backstreet Boys (Brooklyn Nine-Nine)
Brooklyn Nine-Nine met en scène le quotidien rocambolesque d’un commissariat de quartier, bien loin du tumulte impressionnant de Manhattan. Et s’il ne fallait retenir qu’une seule scène pour entrevoir l’esprit de la série, ce serait celle-ci. Et pour cause, toute l’efficacité comique de la série, créée notamment par Michael Schur à qui l’on doit entre autres The Office, The Good Place et Parks and Recreation (rien que ça !), tient dans ces quelques minutes. L’immaturité et le sérieux confondus de Jack Perralta, incarné par le génial Andy Samberg, rendent hommage à ce titre tout aussi culte des Backstreet Boys, sorti en 1999. « Ahh chills, literal chills ! »
1 – Forever / Chris Brown (The Office)
Scène feel good par excellence, le mariage de Jim et Pam à Niagara Falls est un des meilleurs moments musicaux de la série. Inspirée d’une vidéo devenue virale sur YouTube en 2009, Forever de Chris Brown accompagne témoins et demoiselles d’honneur lors de leur entrée à l’église dans l’épisode 5 de la saison 6. Chacun des membres du cast de The Office se livre à un enchainement chorégraphié et personnalisé — il n’y a qu’Angela qui refuse de se prêter au jeu. Bien que Pam ait spécifiquement inscrit cette chanson dans la liste de celles à ne pas diffuser pendant la cérémonie, ce titre sorti en 2008 emporte acteurs et spectateurs dans un tourbillon d’amour, d’absurde et d’humour ; en bref, tout The Office contenu en un seul instant de télévision.
Source: Lire L’Article Complet