- La finale de l’Eurovision a eu lieu samedi à Rotterdam (Pays-Bas) et a été remporté par les Italiens de Måneskin.
- En finissant deuxième, la France a obtenu son meilleur résultat depuis 30 ans.
- Le palmarès voit se démarquer les pays fondateurs et les chansons non-anglophones.
De notre envoyé spécial à Rotterdam (Pays-Bas)
Le grand concert international qu’est l’Eurovision a livré samedi, lors de la finale, tout ce que l’on attend de lui : de la musique, mais aussi du suspense et des surprises. Et une victoire de l’Italie. Si vous n’avez pas suivi la soirée, voici les principaux points à retenir.
- Du jamais vu pour la France depuis 30 ans
Commençons par être chauvins en saluant la deuxième place de Barbara Pravi. Un classement que la France n’avait pas connu depuis 1991. Cette édition, qui était organisée… en Italie, avait traumatisé les fans français du concours puisque
la représentante tricolore, Amina, était arrivée première ex aequo avec la Suédoise Karola, avant d’être rétrogradée à la deuxième place car le règlement avait prévu de départager des cas d’égalité. Il se trouve que, ce samedi, c’est Karola qui a annoncé les résultats des votes du jury suédois – elle a d’ailleurs eu un mot sympa pour Amina. Pour en revenir à la deuxième place de ce soir, ne boudons pas notre plaisir et sachons l’apprécier. Bravo
Pravi !
- Trois pays fondateurs en force
Avec la chanson Zitti e buoni du groupe Måneskin, l’Italie remporte une troisième victoire à l’Eurovision. L’aboutissement d’une belle constance dans le concours : depuis son retour dans cette compétition en 2011, elle avait jusqu’à ce samedi finit sept fois dans le top 10, dont deux fois deuxième, en 2011 et 2019. Nos voisins récoltent donc le fruit de leur régularité. Et cela répare un affront historique : en 1958, l’immense classique de la chanson transalpine qu’est Volare de Domenico Modugno n’avait fini que troisième. Cette année-là, la France l’avait emporté avec Dors, mon amour d’André Claveau. Et la Suisse avait fini deuxième. Et le concours se tenait aux Pays-Bas. Des similitudes troublantes qui relèvent de la drôle de coïncidence. En revanche, avec un podium Italie, France, Suisse, cette édition 2021 fait triompher trois des pays fondateurs de l’Eurovision. Une parfaite manière de battre en brèche l’idée reçue selon laquelle la géopolitique décide du trio de tête.
- Des « Zéro point » en série
A l’Eurovision, les « nul point », c’est-à-dire les scores vierges, font partie de la légende. C’est un peu le panache de la lose. Depuis que le système de vote additionne les votes du public à ceux du jury, il est quasiment impossible de repartir avec un zéro pointé de l’Eurovision. Le Britannique James Newman est pourtant parvenu à accomplir ce tour de force : il n’a trouvé ni les faveurs de pros, ni ceux des téléspectateurs. Le dernier « zéro point » total au concours remonte à 2003 avec le duo Gemini qui représentait… le Royaume-Uni. A l’époque, il était impossible d’accuser le Brexit. Mais, encore plus saisissant, lors de cette finale 2021, le public a snobé non pas un seul mais quatre artistes au total ! L’Allemand Jendrik, l’Espagnol Blas Canto et le Néerlandais Jeangu Macrooy n’ont reçu aucun point au télévote, mais ils en avaient recueilli quelques-uns auprès des jurés, ce qui a limité la casse. Autre constat : deux pays du Big 5 (les qualifiés d’office pour la finale car plus gros contributeurs financiers de l’Eurovision), l’Italie et la France, ont fini aux deux premières places, mais les trois autres (Espagne, Allemagne et Royaume-Uni) sont lanternes rouges. Et les Pays-Bas, également en queue de peloton, étaient aussi un finaliste automatique en raison de son statut de pays hôte.
- La langue anglaise en déroute
Qui a dit qu’il fallait absolument chanter en anglais pour remporter l’Eurovision ? En 2017, le Portugais Salvador Sobral avait déjà prouvé que la langue de Shakespeare n’était pas une condition pour triompher. Mais le concours 2021 nous offre une mastercalss de méthode Assimil. Parmi les chansons du Top 5, on en trouve une en italien, deux en français et une en ukrainien. Seuls les Islandais, quatrièmes, avaient un morceau anglophone, 10 Years. Notons qu’outre leur place sur le podium, les deux chansons francophones ne sont pas reparties les mains vides. Voilà de Barbara Pravi a reçu le prix de la meilleure chanson décérnée par les médias accrédités, ainsi que le prix de la meilleure performance artistique selon les commentateurs. Le prix de la meilleure composition a été décernée à Tout l’univers du Suisse Gjon’s Tears.
- Les absents n’ont pas toujours tort…
La bulle Eurovision n’était pas vraiment une bulle sanitaire. Si mille précautions ont été prises pour éviter les contaminations au Covid-19 – toute personne accréditée devait se soumettre à un test toutes les 48 heures –, il y a eu de mauvaises nouvelles. L’un des musiciens du groupe islandais Daði og Gagnamagnið a ainsi été
testé positif en milieu de semaine. En conséquence, ces artistes n’ont pas pu défendre leurs chances en direct sur scène mais sont restés en course via un enregistrement d’une de leurs répétitions. Une alternative qui ne les a pas complètement privés de toutes leurs chances car l’Islande s’est classée cinquième des votes du jury et cinquième du télévote ce qui, une fois les suffrages combinés, se matérialise en une quatrième place avec 378 points.
- Les stars à la peine
Le rappeur américain Flo Rida avait fait le déplacement depuis les Etats-Unis pour représenter Saint-Marin avec Senhit. Mais son empreinte carbone est plus grande que son score final : 50 points. Le duo a ainsi fini 22e sur 26. Le groupe belge Hooverphonic n’a été guère mieux loti. S’il est 12e des votes des jurys, il a été dézingué par le public qui lui a accordé… 3 points. Résultat : une 19e place.
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