Chiara Ferragni : « Ce documentaire, c’est moi, plus vulnérable et plus réelle que sur les réseaux sociaux »

ELLE. Vous documentez votre vie sur les réseaux sociaux chaque jour. Pourquoi ce film ?

Chiara Ferragni. On me demandait souvent l’origine du succès, quelle était mon histoire. J’ai voulu un documentaire qui parle aussi bien de ma vie personnelle que de mon business. Pour en montrer plus que ce que je poste.

ELLE. Vous pouvez contrôler votre image sur les réseaux sociaux, mais pas là.

Chiara Ferragni. J’avais peur de découvrir le résultat, c’est ma vie vue par les yeux de quelqu’un d’autre. Mais c’est une femme qui est derrière la caméra, Elisa Amoruso, une Italienne, elle ne vient pas de la mode, elle ne connaissait rien à ma vie, c’était intéressant. C’est terrifiant de donner le pouvoir de la narration à quelqu’un d’autre, mais le résultat que l’on voit, c’est bien moi, plus vulnérable et plus réelle que ce que vous voyez sur les réseaux sociaux.

ELLE. Vous ressentez la pression d’être parfaite ?

Chiara Ferragni. A mes débuts, quand j’essayais de me faire un nom, j’avais peur de ce que les gens pensaient de moi, je me demandais si j’allais compter dans la mode, je ne savais pas quoi faire de ma vie, je me mettais la pression. Et puis, j’ai atteint un point où je ne veux plus me soucier de ce que l’on pense de moi, et ça m’a changé la vie. Je n’ai pas besoin d’être parfaite, c’est bien de montrer ses défauts. J’aime mon métier, mais ce n’est pas grave de se sentir triste ou de faire des erreurs.

ELLE. Vous le montrez sur les réseaux sociaux ?

Chiara Ferragni. Sur les réseaux, on a l’impression que tout le monde a une vie mieux que la sienne. Mais ce n’est pas vrai, et cela fait du mal, cela vous fait vous sentir triste et seule.






© Fournis par ELLE
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ELLE. Dans le film, vous dites qu’en tant que femme, vous avez senti l’obligation de travailler plus.

Chiara Ferragni. On se met plus de barrières. Quand on a du succès, on a l’impression qu’on ne le mérite pas. J’entends une voix qui me disait « Tu ne le mérites pas, tu n’es pas une experte en mode ». Alors qu’on attend des hommes qu’ils aient du succès. Les femmes doivent se battre contre les stéréotypes et montrer qu’elles sont aussi puissantes que les hommes.

ELLE. Vous avez le monde à vos pieds aujourd’hui, il vous arrive encore de douter ?

Chiara Ferragni. Tout le temps ! A chaque nouvelle aventure, comme pour ce documentaire. On ne sait jamais ce qui va arriver, les gens peuvent détester. Au printemps, je vais participer à une émission, « Making the cocktail », je serai juge aux côtés de Naomi Campbell et Heidi Klum. C’est nouveau, ça me fait peur, mais c’est génial. C’est une nouvelle expérience. On ne peut pas réussir tout le temps. Ce n’est pas grave de faire des erreurs, ce qui est grave c’est de ne rien faire.

ELLE. Vous avez peur d’être une mauvaise mère ?

Chiara Ferragni. Je ne me sens pas coupable, mais j’ai ce sentiment qu’ont beaucoup de mères qui travaillent. C’est dur, je voyage beaucoup, mon fils me manque, je rate des moments précieux, mais au fond de moi, je sais que c’est le bon choix pour moi mais aussi pour ma famille et mon fils. Il faut faire des compromis. Je ne serais pas complètement heureuse si j’arrêtais de travailler, et avec mon travail je voyage. Je le montre à mes followers, aux femmes qui travaillent, qu’on ne doit pas se sentir coupables.

ELLE. Dans le film, votre mari, Feder, vous propose de passer une année sabbatique.

Chiara Ferragni. Je pense que je ne pourrais jamais vraiment me déconnecter. J’adore l’énergie que je reçois des réseaux sociaux. Poster, susciter des réactions, discuter. Parfois, je peux ne rien poster pendant deux jours, et ce n’est pas grave. Mais je n’imagine pas ne pas regarder mon téléphone pendant plus d’une journée. Mais ne jamais dire jamais ! Pour moi, poster, ce n’est pas un travail, j’aime partager, ça m’amuse, et c’est devenu mon travail, donc c’est parfait !

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