C’est une tétralogie cinématographique de science-fiction qui a marqué les années 2010. Hunger Games, inspiré de la saga littéraire américaine éponyme à succès, écrite par Suzanne Collins, raconte l’histoire d’une jeune femme, Katniss Everdeen (Jennifer Lawrence) qui – bien malgré elle – va devenir le symbole de la résistance face à un gouvernement violent et injuste.
C’est dans le premier opus du blockbuster, diffusé sur TMC ce jeudi 6 mai à 21h15, que l’on retrouve une scène devenue aujourd’hui culte, dans laquelle Katniss effectue le salut à trois doigts de son district, qui deviendra par la suite un signe de ralliement.
L’impact de cette séquence a été tel qu’aujourd’hui même, dans des pays comme la Birmanie ou la Thaïlande, des manifestants pro-démocratie utilisent ce symbole de rébellion comme manifestation de leur résistance à l’oppression militaire.
Attention, si vous ne l’avez jamais vu, ce papier contient des spoilers importants.
Trois doigts levés vers le ciel
L’histoire se déroule dans une future Amérique du Nord, divisée en 12 districts soumis à un pouvoir central autoritaire. Dans le premier opus donc, par un élan de courage et d’amour, Katniss se porte volontaire pour remplacer sa petite soeur Prim, lors de la 74ème édition des Hunger Games. Emprisonnés dans une arène hostile, filmée 24h/24, vingt-quatre jeunes tirés au sort doivent s’entretuer, et ce, dans le seul but de divertir les puissants de Panem.
Enfermée depuis plusieurs jours avec les autres participants, la jeune femme va avoir un geste qui va marquer le tournant du film, mais aussi le point de départ d’un soulèvement de très grande ampleur. Ce signe, c’est le salut propre aux résidents du district 12 : les trois doigts du milieu sont levés (le pouce replié sur le petit doigt), appuyés contre les lèvres puis tendus en direction du ciel, vers les personnes à qui il s’adresse.
Et s’il apparaît plus tôt dans le film sans qu’on y prête véritablement attention, la scène en question va marquer les esprits des spectateurs. Alors qu’elle s’est rapprochée de la petite Rue, candidate du district 11, celle-ci meurt dans ses bras. Dévastée, Katniss tend alors ses trois doigts levés à la caméra pour partager son chagrin d’abord, et dire aux habitants du district de Rue, qu’elle se bat aussi pour eux.
“Un geste adieu à ceux que l’on aime”
Rapidement, le signe devient ainsi un symbole de ralliement et de résistance contre le pouvoir central. Il sera utilisé pour défier le président Snow et les membres du gouvernement, afin d’exprimer de manière silencieuse le refus de certains districts à se plier aux intimidations du pouvoir.
Pourtant, initialement, c’était un geste d’amour. Comme évoqué précédemment, on voit ce signe apparaître bien plus tôt dans le film : alors que Katniss prend la place de sa soeur lors de la moisson, la foule présente refuse d’applaudir le départ de la jeune femme et effectue ce salut. “C’est un vieux geste de notre district, rarement utilisé, qu’on voit parfois lors des funérailles. Un geste de remerciement, d’admiration, d’adieu à ceux que l’on aime”, explique Katniss elle-même dans le film.
D’ailleurs, pour la petite anecdote, ce salut n’est pas à proprement parler une invention de l’auteure de la saga littéraire. En effet, il a été popularisé par Robert Baden-Powell, fondateur du scoutisme. Le pouce placé sur l’auriculaire signifie la protection du plus faible par le plus fort, les trois doigts du milieu symbolisent la loyauté, la responsabilité vis-à-vis d’autrui et le respect de la loi scout.
De la fiction à la réalité, un symbole de résistance en Thaïlande et Birmanie
Depuis la sortie des quatre volets du film, Katniss Everdeen est devenue une véritable figure de proue de la pop culture. Mais aussi un modèle pour une jeunesse révoltée, au-delà des écrans de cinéma. En effet, huit jours après le coup d’Etat perpétré par la junte birmane (la Tatmadaw) le 1er février 2021, la foule récupère ce geste pour en faire un symbole de résistance. Un geste “d’abord timidement utilisé”, détaille un article du Figaro, puis qui “s’est répandu parmi les manifestants, gagnant aussi les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ont affiché leur soutien par ce signe de la main”.
La contestation de cette prise de pouvoir autoritaire est incarnée par une jeunesse engagée, mais qui se veut pacifique et porteuse d’espoir. C’est pour défendre les principes démocratiques, incarnés par Aung San Suu Kyi, femme d’Etat retenue prisonnière par la junte, que ces jeunes lèvent ainsi leurs trois doigts au visage des militaires.
Néanmoins, ce n’est pas la première fois que ce signe est récupéré dans le cadre d’un- soulèvement contre un pouvoir considéré comme répressif. Déjà en 2014, dans un pays voisin, la Thaïlande, la jeunesse estudiantine pro-démocratie du pays avait utilisé (et continue de le faire) ce geste à portée politique.
“C’est l’objectif de toute dystopie : utiliser la fiction pour mieux critiquer les dérives réelles”, commente Sandra Hamiche, chercheuse à l’Université Sorbonne-Nouvelle, dans ce même article du Figaro. En effet, on se souvient de la récupération du masque de V pour Vendetta (à Wall Street, par exemple, lors de la crise financière de 2008) ou encore du visage du Joker dans des manifestations précédentes (à Hong Kong notamment).
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