Mon Roi : la scène tendue où Tony annonce à Georgio qu’elle veut divorcer

Présenté au Festival de Cannes en 2015, Mon Roi, le quatrième film de Maïwenn, a été salué par la critique. Une partie de la force du film réside dans l’interprétation des deux acteurs principaux : Emmanuelle Bercot, qui a remporté le prix d’interprétation féminine Cannes pour son rôle, et Vincent Cassel. Il sera rediffusé sur Arte le mercredi 18 novembre.

Quand ils se rencontrent en boîte de nuit, Georgio (Vincent Cassel) est un fêtard charmeur aux multiples conquêtes et Tony (Emmanuelle Bercot), une brillante avocate, qui tombe éperdument amoureuse. Leur histoire commence, d’abord fusionnelle et passionnée, avant de devenir de plus en plus destructrice. Dès le début, Georgio se surnomme lui-même « le Roi des connards ».

Tony, mariée au « Roi des connards »

Et puis, tout se détériore. Tony tombe enceinte. Ensemble, ils ont un petit garçon – que lui souhaitait avoir. Lui, reste pourtant toujours fêtard, toxicomane, lunatique et infidèle, et part à la rescousse de son ex, aussi prône à l’auto-destruction, dès que possible, délaissant Tony et leur fils. L’avocate doit assumer seule l’éducation de leur enfant, et porte sur ses épaules leur relation de couple.

Tony repense à cette spirale infernale en rééducation, après une chute de ski. Le film se construit successivement autour de souvenirs de moments d’abord heureux, puis de scènes de conflit intenses, voire violentes. Le constat est clair : Tony est malmenée par Georgio, tantôt enjoliveur, tantôt cruel. 

Dix ans de relation qu’elle raconte à une psychologue, mais aussi à elle-même. Dans une des scènes les plus importantes du film, le couple se retrouve dans un café. Tony annonce à Georgio qu’elle souhaite divorcer, et lui agit une fois encore comme un manipulateur.

Un film sur une relation fusionnelle, toxique et dangereuse

« Tu as meilleure mine, c’est pas difficile », lance Georgio, en s’asseyant face à son épouse, dans un café. Impassible, fatiguée de cette relation en dents de scie et sûre de son choix, Tony lance : « Je veux divorcer. » C’est la deuxième fois qu’elle lui demande. Cette fois-ci, elle est calme et sûre d’elle.

Lui ne réagit pas pendant quelques secondes, avant de lui demander si elle l’aime encore, essayant de détourner la conversation, et la prendre par les sentiments. Elle répond que oui. « Bon, et bien voilà, c’est réglé », veut conclure Georgio. « Non, ce n’est pas réglé, le problème c’est ni toi, ni moi, le problème c’est nous deux ensemble », poursuit Tony.

Le problème c’est ni toi, ni moi, le problème c’est nous deux ensemble.

En face, Georgio semble perdre patience et fait mine de ne pas comprendre. Alors Tony s’explique : elle veut vivre sans lui, apprendre à se reconstruire et lui laisser sa liberté, qu’il a pourtant toujours pris soin de garder.

Quand le pervers narcissique se fait passer pour une victime

C’est alors que Georgio essaie de placer Tony en position de victime qui a cherché son malheur. « Tu te rappelles que c’est toi qui es venue me chercher ? ». Alors qu’elle affiche sa volonté de divorcer, il lui rappelle que c’est elle qui a fait le premier pas au début de leur histoire, des années auparavant.

« Tu as bien vu que j’étais un mec avec des potes, avec des bouteilles, tu m’as vu, tu m’as calculé quand même ! », lance-t-il, vexé. Son but : se dédouaner des comportements nocifs qu’il a pu avoir envers elle. Tony connaissait sa personnalité, elle n’a qu’à « assumer » son choix d’avoir voulu une relation avec lui, estime Georgio.

Tu te rappelles que c’est toi qui es venue me chercher ?

« Tu sais, il y a un moment où il faut construire », poursuit-il, donneur de leçons. « Mais on construit rien, reprend-elle, on se détruit, c’est tout ». Tony a enfin réussi à comprendre les limites de cet amour et tente de le faire comprendre à Georgio, en vain.

Georgio est l’incarnation du pervers narcissique. Jusqu’au bout, il va tenter de montrer qu’il n’a pas de défaut et n’a rien à se reprocher, tout en noyant Tony sous les reproches, et en essayant de la rendre responsable de la situation dans laquelle elle se trouve.

Il l’illustre d’ailleurs en assimilant amour et souffrance : « Quand on aime, on souffre. C’est pas facile », défend Georgio, tentant de normaliser les situations anormales qu’il fait endurer à son épouse.

En quelques minutes, cette scène s’est imposée comme une illustration forte des relations toxiques, où l’un mine l’autre par son égocentrisme, son incapacité à se remettre en question, et son côté manipulateur.

Ce terme de « pervers narcissique » n’est pourtant pas celui employé par Emmanuelle Bercot, qui joue Tony. Dans une interview accordée à Marie Claire, l’actrice avait expliqué préférer le terme « flamboyant » pour décrire le personnage de Georgio : « ll est drôle, beau, séduisant, fantaisiste, libre, ou en tout cas c’est comme ça qu’il apparaît. Maintenant, on n’a jamais accès à ce qu’il est lui lorsqu’il est seul face à lui même. On ne sait pas qui il est et s’il souffre, ou pas, de cette relation. »

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  • Ghost : la scène romantique et sensuelle de la poterie

Source: Lire L’Article Complet

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Présenté au Festival de Cannes en 2015, Mon Roi, le quatrième film de Maïwenn, a été salué par la critique. Une partie de la force du film réside dans l’interprétation des deux acteurs principaux : Emmanuelle Bercot, qui a remporté le prix d’interprétation féminine Cannes pour son rôle, et Vincent Cassel. Il sera rediffusé sur Arte le mercredi 18 novembre.

Quand ils se rencontrent en boîte de nuit, Georgio (Vincent Cassel) est un fêtard charmeur aux multiples conquêtes et Tony (Emmanuelle Bercot), une brillante avocate, qui tombe éperdument amoureuse. Leur histoire commence, d’abord fusionnelle et passionnée, avant de devenir de plus en plus destructrice. Dès le début, Georgio se surnomme lui-même « le Roi des connards ».

Tony, mariée au « Roi des connards »

Et puis, tout se détériore. Tony tombe enceinte. Ensemble, ils ont un petit garçon – que lui souhaitait avoir. Lui, reste pourtant toujours fêtard, toxicomane, lunatique et infidèle, et part à la rescousse de son ex, aussi prône à l’auto-destruction, dès que possible, délaissant Tony et leur fils. L’avocate doit assumer seule l’éducation de leur enfant, et porte sur ses épaules leur relation de couple.

Tony repense à cette spirale infernale en rééducation, après une chute de ski. Le film se construit successivement autour de souvenirs de moments d’abord heureux, puis de scènes de conflit intenses, voire violentes. Le constat est clair : Tony est malmenée par Georgio, tantôt enjoliveur, tantôt cruel. 

Dix ans de relation qu’elle raconte à une psychologue, mais aussi à elle-même. Dans une des scènes les plus importantes du film, le couple se retrouve dans un café. Tony annonce à Georgio qu’elle souhaite divorcer, et lui agit une fois encore comme un manipulateur.

Un film sur une relation fusionnelle, toxique et dangereuse

« Tu as meilleure mine, c’est pas difficile », lance Georgio, en s’asseyant face à son épouse, dans un café. Impassible, fatiguée de cette relation en dents de scie et sûre de son choix, Tony lance : « Je veux divorcer. » C’est la deuxième fois qu’elle lui demande. Cette fois-ci, elle est calme et sûre d’elle.

Lui ne réagit pas pendant quelques secondes, avant de lui demander si elle l’aime encore, essayant de détourner la conversation, et la prendre par les sentiments. Elle répond que oui. « Bon, et bien voilà, c’est réglé », veut conclure Georgio. « Non, ce n’est pas réglé, le problème c’est ni toi, ni moi, le problème c’est nous deux ensemble », poursuit Tony.

Le problème c’est ni toi, ni moi, le problème c’est nous deux ensemble.

En face, Georgio semble perdre patience et fait mine de ne pas comprendre. Alors Tony s’explique : elle veut vivre sans lui, apprendre à se reconstruire et lui laisser sa liberté, qu’il a pourtant toujours pris soin de garder.

Quand le pervers narcissique se fait passer pour une victime

C’est alors que Georgio essaie de placer Tony en position de victime qui a cherché son malheur. « Tu te rappelles que c’est toi qui es venue me chercher ? ». Alors qu’elle affiche sa volonté de divorcer, il lui rappelle que c’est elle qui a fait le premier pas au début de leur histoire, des années auparavant.

« Tu as bien vu que j’étais un mec avec des potes, avec des bouteilles, tu m’as vu, tu m’as calculé quand même ! », lance-t-il, vexé. Son but : se dédouaner des comportements nocifs qu’il a pu avoir envers elle. Tony connaissait sa personnalité, elle n’a qu’à « assumer » son choix d’avoir voulu une relation avec lui, estime Georgio.

Tu te rappelles que c’est toi qui es venue me chercher ?

« Tu sais, il y a un moment où il faut construire », poursuit-il, donneur de leçons. « Mais on construit rien, reprend-elle, on se détruit, c’est tout ». Tony a enfin réussi à comprendre les limites de cet amour et tente de le faire comprendre à Georgio, en vain.

Georgio est l’incarnation du pervers narcissique. Jusqu’au bout, il va tenter de montrer qu’il n’a pas de défaut et n’a rien à se reprocher, tout en noyant Tony sous les reproches, et en essayant de la rendre responsable de la situation dans laquelle elle se trouve.

Il l’illustre d’ailleurs en assimilant amour et souffrance : « Quand on aime, on souffre. C’est pas facile », défend Georgio, tentant de normaliser les situations anormales qu’il fait endurer à son épouse.

En quelques minutes, cette scène s’est imposée comme une illustration forte des relations toxiques, où l’un mine l’autre par son égocentrisme, son incapacité à se remettre en question, et son côté manipulateur.

Ce terme de « pervers narcissique » n’est pourtant pas celui employé par Emmanuelle Bercot, qui joue Tony. Dans une interview accordée à Marie Claire, l’actrice avait expliqué préférer le terme « flamboyant » pour décrire le personnage de Georgio : « ll est drôle, beau, séduisant, fantaisiste, libre, ou en tout cas c’est comme ça qu’il apparaît. Maintenant, on n’a jamais accès à ce qu’il est lui lorsqu’il est seul face à lui même. On ne sait pas qui il est et s’il souffre, ou pas, de cette relation. »

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