- A l’occasion des 20 ans de la téléréalité, 20 Minutes propose une série d’articles sur ce phénomène qui a bouleversé le petit écran.
- TMC diffuse un documentaire qui revient sur les moments cultes de l’histoire de la téléréalité.
- Sa réalisatrice, Simone Mortimer, nous explique pourquoi certaines séquences nous restent en mémoire alors que tout le reste a été oublié.
La scène de la piscine entre Loana et Machin-Edouard, le « Non mais allô » de Nabilla, Kamel qui ne sait pas ce qu’est du thym (du « time ? »)… C’est à peu près tout ce dont vous vous souvenez quand on vous demande de raconter les moments cultes de la téléréalité.
Le documentaire Les 20 ans de la téléréalité
diffusé en deux parties sur TMC revient, heureusement, sur d’autres épisodes marquants. « L’idée était de retracer l’évolution de la téléréalité à travers la nostalgie que l’on éprouve pour certains programmes, raconte sa réalisatrice, Simone Mortimer. On utilise les séquences fortes comme des madeleines de Proust qui nous permettent un décryptage du phénomène. »
Des séquences cultes mais rares
Si, spontanément, et peut-être aussi par snobisme, les téléspectateurs de 2021, disent ne pas se souvenir de grands moments de la téléréalité, le documentaire de Simone Mortimer agit en effet comme un révélateur de souvenirs enfouis.
« Les premières années, ces émissions faisaient quand même des audiences hallucinantes, explique celle qui a été rédactrice en chef et productrice de nombreux programmes de téléréalité depuis 20 ans. Tout le monde a vu ces séquences. En 2001, le Loft a été un vrai phénomène de société, on en parlait dans les JT, les cours de récré, entre collègues, aux repas de famille… » Dans un monde sans réseaux sociaux ni chaînes d’info en continu (mais avec Le Zapping, alors pourvoyeur officiel de
séquences télévisuelles cultes), les images d’une Loana triomphante remontant les Champs-Elysées ou du couple en crise Diana et Brandon ont marqué les mémoires.
Des concepts forts
Pourquoi, alors, faut-il se creuser les méninges pour se souvenir de ce qu’il se passait dans La ferme célébrités, Popstars ou Première compagnie ? « Avec le recul, on réalise l’évolution formidable qu’ont connue ces programmes, raconte Simone Mortimer. Passé la sidération du Loft 1, il a fallu s’adapter. L’effet de surprise n’a pas duré longtemps et très vite les chaînes ont dû inventer de nouveaux concepts, plus rythmés. Il a fallu créer des situations pour susciter des réactions. D’où les mécaniques et les concepts qui sont apparus par la suite. On ne pouvait plus se contenter de filmer des gens se faire des tartines. Au bout de quelques années par exemple, Secret Story a complètement relancé le
genre en créant de nouveaux enjeux. »
Les concepts, parfois brillants comme pour Mon incroyable fiancé, auraient-ils triomphé au détriment des séquences cultes ? « Les émissions de téléréalité de deuxième génération étaient meilleures, estime Simone Mortimer. Benjamin Castaldi a introduit de l’humour et du second degré dans son animation. Avec La ferme célébrités, on a aussi commencé à avoir un traitement plus humoristique, des concepts avec des personnages et des situations cocasses. » Aucune nostalgie donc chez la réalisatrice : « Ce qui m’a marqué, c’est de constater à quel point il ne passait pas grand-chose dans Loft Story. On était vraiment fasciné par pas grand-chose… »
Un feuilleton plus fade
N’empêche, personne n’a jamais détrôné Loana en popularité. Mis à part l’exception Nabilla, les stars de téléréalités des années 2010 ont beaucoup moins marqué le grand public qui a bien du mal à citer des noms de candidats ou des moments marquants. Pourtant, ces épisodes sont désormais largement diffusés sur les réseaux sociaux. Mais « la téléréalité est rentrée dans les mœurs, estime Simone Mortimer. Il y a une chose qui n’a pas changé, c’est le casting. Le critère est toujours le même : des personnalités extraverties. On cherche des personnalités. Mais aujourd’hui c’est moins free style qu’avec Loft Story. Ce n’est plus du 24 heures sur 24. Tout est monté aujourd’hui, contrôlé. »
Enfin, la cible des émissions de téléréalité a changé. Il y a les programmes qui ont évolué – comme Koh-Lanta qui est devenu un jeu d’aventures – et la pure téléréalité qui a migré sur les chaînes à plus faible audience. « Sur la TNT les audiences ne sont pas les mêmes, et ce n’est plus le même public. La téléréalité d’aujourd’hui est diffusée en access, à un horaire qui n’est pas pour les parents. Entre deux saisons des émissions, les aventures des candidats se poursuivent sur les réseaux sociaux. Et contrairement aux premières générations du Loft, on les suit d’années en années, c’est devenu un feuilleton. On s’attache à leurs aventures. » Mais un feuilleton, ça n’est pas forcément marquant…
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