Harcèlement moral au travail : comment savoir si j’en suis victime ?

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Qu’est-ce que le harcèlement moral au travail ? En êtes-vous victime ? Quels sont vos recours ? On fait le point.

Qu’est-ce que le harcèlement moral au travail ?

Le harcèlement moral au travail n’a rien d’un concept flou : il est défini très précisément dans l’article L1152-1C du Code du travail comme «  un ensemble d’actes et de paroles qui sont répétés et qui ont pour effet de dégrader les conditions de travail du salarié, d’atteindre sa dignité, d’altérer sa santé physique et/ou psychique ou de compromettre son avenir professionnel « .

Le harcèlement moral, c’est rare ? Non, malheureusement. En 2010, 22,3 % des salariés français déclaraient avoir subi des  » comportements hostiles  » (pouvant s’apparenter à du harcèlement moral au travail) : ils n’étaient que 17,3 % en 2003.*

Mais ça ne signifie pas que le harcèlement moral au travail est en hausse :  » cela peut aussi vouloir dire que les gens ont moins honte, moins peur d’en parler  » suggère Pascale Coton, vice-présidente du CESE.

En effet : le retentissement des  » affaires  » La Poste et France Télécom (au moins deux condamnations judiciaires pour la première entre 2017 et 2019, 35 suicides de salariés au début des années 2000 pour la seconde) ont sans doute contribué à la libération de la parole…

Harcèlement moral : c’est grave ?  » C’est très grave, affirme Pascale Coton. Comme le harcèlement sexuel, le harcèlement moral au travail a des répercussions sur la vie de famille et sur la vie de couple. Les personnes qui subissent ces actes développent des problèmes de santé physique (troubles du sommeil, troubles alimentaires, prise ou perte de poids…) et/ou des problèmes de santé mentale (dépression, anxiété, troubles du comportement alimentaire…). Ça peut aller jusqu’à des actes désespérés, comme le suicide. « 

Comment savoir si je suis victime de harcèlement moral au travail ?

Il est à noter qu’un harcèlement moral au travail peut être le fait d’un chef, mais aussi d’un collègue, d’une personne plus ou moins élevée dans la pyramide hiérarchique… Une situation de harcèlement moral se définit selon 3 critères :

  • La personne est victime de paroles et/ou de comportements violents,
  • La personne subit cette violence de façon répétée et/ou régulière,
  • La personne observe des conséquences négatives sur sa santé physique et/ou mentale.

Quelques exemples de violences en actes ou en paroles, listées par le Ministère de la Santé :

  • On vous laisse entendre que vous êtes mentalement dérangé(e) :  » tu es folle ! « ,  » tu dis n’importe quoi « ,  » tu devrais te faire soigner « ,  » tu vois quelqu’un pour tes problèmes ? « …
  • On vous dit des choses obscènes ou dégradantes : insultes, surnoms dégradants ( » ma grosse « ,  » ma poule « …),
  • On critique injustement votre travail (ou vous n’obtenez pas d’explications quant à ces critiques) :  » c’est nul « ,  » tu dois recommencer, c’est illisible « ,  » Machin ferait mieux que toi « …
  • On vous charge de tâches inutiles et/ou dégradantes : faire le ménage, faire le café, ranger les manteaux, trier des documents inutiles…
  • On vous  » met au placard  » : vous n’avez pas de travail à effectuer, on ne vous confie aucune tâche,
  • On sabote votre travail et/ou on vous empêche de travailler dans de bonnes conditions : délais trop courts, matériel qui ne fonctionne pas…
  • On vous ignore, on fait comme si vous n’étiez pas là : en réunion, à la pause-café…
  • On vous empêche de vous exprimer : refus de vous laisser parler en réunion, habitude de vous couper la parole, non-lecture de vos e-mails…
  • On vous ridiculise en public : surnoms dégradants, plaisanteries humiliantes, grimaces pendant que vous parlez…

«  Il peut aussi y avoir des comportements violents : on jette les dossiers sur votre ordinateur, on claque violemment la porte de votre bureau, on vous saisit par le bras ou par la main… Pensez également aux menaces :  » je pourrais te remplacer facilement « ,  » si tu ne fais pas ce que je te demande, tu t’en vas « …  » ajoute Pascale Coton.

Harcèlement moral au travail : que puis-je faire ?

Premier réflexe : vous tourner vers un supérieur hiérarchique en lequel vous avez confiance.  » Ça peut être votre chef, le chef de votre chef ou quelqu’un de plus haut encore dans la pyramide hiérarchique  » précise Pascale Coton.

Sinon, un délégué syndical peut aussi constituer un soutien efficace : idem pour le médecin du travail, le CHSCT (qui s’appelle aujourd’hui CSE) ou encore votre médecin traitant ou une assistante sociale.

À savoir. Une situation de harcèlement moral au travail ne conduit pas forcément en justice, heureusement !  » Il y aura d’abord une médiation entre vous et votre harceleur, souligne la spécialiste. Mettre une personne face à sa propre violence est parfois suffisant pour arranger les choses. « 

Le conseil de la pro.  » Parlez ! Si vous pensez être victime de harcèlement moral au travail, il faut absolument en parler à quelqu’un de confiance. Être victime, ce n’est ni une honte, ni une marque de faiblesse : la violence n’est pas inévitable dans le monde de l’entreprise, ce n’est pas normal, vous n’avez pas à subir ! « 

Merci à Pascale Coton, vice-présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et vice-présidente de la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC).

*Source : Ministère du travail, juin 2014

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