En baptisant le cacao « nourriture des dieux« , le célèbre naturaliste suédois du XVIIIe siècle, Carl von Linné, ne s’était pas trompé. Outre le ravissement gustatif qu’il procure, le chocolat recèle en effet des vertus nutritionnelles et médicinales hors pair.
Il renferme notamment de grandes quantités de magnésium (environ 100 mg pour 100 g), un minéral impliqué dans l’équilibre du système nerveux, la prévention de l’inflammation et du vieillissement cellulaire. Et il regorge surtout d’une teneur exceptionnelle en composés antioxydants : des flavonoïdes, mais aussi du zinc, du manganèse, du cuivre et des vitamines C et E.
À elles seules, ces précieuses substances représentent plus de 10% du poids de la poudre de cacao. Un record pour un aliment courant ! Mieux : elles sont peu dénaturées lors de la digestion puisque près de la moitié d’entre elles persiste encore dans le sang une à deux heures après avoir croqué ou bu du chocolat.
« Sa capacité antioxydante serait ainsi quatre à cinq fois plus élevée que celle du thé noir, deux à trois fois plus élevée que celle du thé vert et deux fois plus que celle du vin », note le Dr Franck Senninger*, nutritionniste. D’où ses bienfaits indéniables, en particulier pour notre système cardiovasculaire.
Du cacao à consommer « tout cru »
« Durant leur torréfaction, les fèves de cacao perdent une grande part de leur contenu en antioxydants », déplore Frédéric Marr, l’un des défenseurs français du concept de l’alimentation vivante, c’est-à-dire des aliments consommés au plus proche de leur état brut naturel.
Pour préserver les principes actifs du cacao, cet explorateur culinaire s’est lancé dans la confection de chocolats crus (vendus sous la marque Rrraw). Les fèves venues du Pérou ne sont pas torréfiées. Directement broyées puis liquéfiées à froid (moins de 40 °C), elles donnent naissance à une pâte sept fois plus riche en flavonoïdes que les chocolats noirs ordinaires. En bouche, le résultat est surprenant : très fort en goût mais un peu amer puisque très peu sucré.
Pour décrocher son « label santé », le roi suisse du chocolat haut de gamme Barry Callebaut mise, quant à lui, sur la non-fermentation des fèves, autre étape du processus habituel de fabrication durant laquelle les antioxydants se dégradent aussi beaucoup. Légèrement amères (mais pas plus que celles à 70 ou 80 % de cacao), ces tablettes à teneur garantie en polyphénols sont commercialisées sous le nom de ActicoaTM.
Bon pour le cœur et les vaisseaux
Les chercheurs de l’école de santé publique d’Harvard ont passé au crible fin 2011 plusieurs dizaines d’études internationales sur l’impact des flavonoïdes du chocolat sur la santé du cœur et des vaisseaux.
Verdict : ils protègent bel et bien le bon cholestérol de l’oxydation, ce qui fait baisser le taux de mauvais cholestérol susceptible de se déposer dans les artères, augmente la capacité de dilatation des veines, accroît la fluidité du sang et diminue la pression artérielle. Des effets qui, additionnés, contribuent à éloigner le spectre de l’infarctus du myocarde et des accidents vasculaires cérébraux (AVC).
Une étude australienne, publiée en mai 2013 dans le British Medical Journal, est une fois de plus venue corroborer ce résultat. Chez les 2013 patients hypertendus suivis durant dix ans à l’Institut du cœur et du diabète de Melbourne, une consommation quotidienne de chocolat semble avoir évité l’apparition de dix-huit troubles cardiovasculaires importants, dont trois au moins se seraient révélés fatals.
Quant au chocolat blanc, il est dénué de tout effet protecteur car il ne contient que du beurre de cacao
D’autres travaux récents suggèrent qu’elle diminue aussi les symptômes de la fatigue chronique, et améliore les performances intellectuelles chez les personnes âgées.
Naturellement, tous les chocolats ne se valent pas. Les différentes études scientifiques menées sur le sujet ont été réalisées avec du chocolat noir à 60 % de cacao minimum. Ce dernier est en effet de loin le mieux pourvu en flavonoïdes : 750 mg pour 100 g. C’est deux fois plus que le chocolat au lait dans lequel les protéines laitières, qui interagissent avec ces substances, entravent leur absorption et réduisent donc d’autant les bénéfices escomptés.
« Quant au chocolat blanc, il est dénué de tout effet protecteur car il ne contient que du beurre de cacao, et non de la poudre de cacao », précise le Dr Senninger.
Dix grammes par jour, la juste dose
Oubliez pour autant les orgies de chocolat noir. Cet aliment a beau être vertueux, il n’en possède pas moins une densité énergétique importante. Cent grammes d’une tablette ordinaire fournissent en moyenne 500 calories, en raison des matières grasses (30 g pour 100 g) et du sucre (10 g pour 100 g) ajoutés à la pâte afin de masquer l’amertume des flavonoïdes.
Les chocolats très riches en cacao ne sont pas moins caloriques. Ils sont certes moins sucrés, mais généralement plus gras que les autres. Il en est de même des chocolats « light » ou « sans sucre » qui n’apportent en fait que 5 à 10 kcal de moins que les autres en raison de leur forte teneur en lipides.
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Selon nombre de nutritionnistes, la portion idéale se situerait autour de 10 g par jour, soit deux petits carrés ou un grand. Une quantité déjà suffisante pour diminuer les risques d’infarctus et d’AVC de 39 %, estime l’Institut allemand de nutrition humaine (Nuthetal).
Et ce, sans faire pencher la balance du mauvais côté. Car comme l’ont montré des épidémiologistes de l’université de Californie en mars 2012, les accros au chocolat noir affichent le plus souvent un indice de masse corporelle (IMC) 15 % à 20 % inférieur à celui de la population générale.
L’explication avancée est simple : les polyphénols du cacao bloquent une partie des enzymes chargées de l’assimilation des acides gras et des glucides. Ils évitent ainsi les pics brutaux de glycémie pourvoyeurs de diabète et la prise de kilos superflus. De quoi se laisser fondre de plaisir et sans culpabilité !
Du tonus avant l’effort
Quel est le meilleur encas une à deux heures avant la pratique d’un exercice physique ? Du chocolat noir, répondent les biologistes britanniques de l’Université Aberystwyth, au pays de Galles. Selon leur étude publiée dans la revue European Journal of Nutrition en avril 2011 l’absorption de quelques carrés à 70 % de cacao limiterait les dommages musculaires dus au stress oxydant induit par l’effort.
Des cyclistes volontaires se sont prêtés au jeu. Ceux qui en avaient mangé avant l’entraînement ont présenté, deux heures et demie plus tard, un taux moindre de F2-isoprostanes, un marqueur biologique de l’oxydation et donc de la fatigue des tissus. Moins lésées, les fibres musculaires se révèlent capables de performances bien supérieures.
Sans oublier qu’on trouve dans le cacao de la théobromine, substance qui influence positivement notre humeur et non seulement comme un euphorisant, mais comme un antidépresseur en stimulant la production de sérotonine, l’hormone du bonheur.
Un petit coup de blues, une baisse de régime ou juste une envie de se réconforter ? Pensez au chocolat. D’autant qu’il constitue également un excellent aphrodisiaque. Stimulateur de libido, le chocolat fait des émules depuis des siècles : Casanova, la comtesse du Barry ou encore le marquis de Sade, ces figures célèbres n’hésitaient pas à en consommer.
Des études récentes ont prouvé que les phényléthylamines présentes dans le cacao agissaient bien de la même façon que des amphétamines, bien connues pour activer les zones du cerveau qui décuplent le désir sexuel. À bon entendeur…
*Auteur des « Bienfaits du chocolat », paru en novembre 2013 aux éditions Jouvence.
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