Comment les médias ont attisé la haine et le racisme envers Meghan Markle

Dans l’interview accordée à Oprah Winfrey pour CBS et diffusée le 7 mars 2021, dans laquelle elle évoque, entre autres, ses pensées suicidaires et le racisme à l’encontre de son fils Archie, Meghan Markle a surtout, de bout en bout, pointé du doigt le traitement médiatique qui lui a été infligé et notamment souligné la mise en concurrence systématique faite par les tabloïds entre Kate Middleton et elle. « (…) ils semblaient vraiment vouloir une histoire avec une héroïnes et une méchante », analyse-t-elle.

Aujourd’hui, le couple affirme d’ailleurs que ce traitement médiatique outrancier, mensonger et asymétrique a été la cause et le moteur principal de leur départ du Royaume-Uni. Une pression constante devenue impossible à vivre, et face à laquelle ils soulignent n’avoir reçu aucun soutien de la famille royale. Rétrospective.

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Meghan Markle, la cible d’attaques racistes par les tabloïds depuis 2016

Dès son arrivée dans le clan Windsor, au moment de l’annonce de sa relation avec le prince Harry, en 2016, Meghan Markle devient la cible principale des tabloïds britanniques. Ancienne actrice, divorcée, américaine et métisse, la future duchesse de Sussex a d’emblée été victime d’attaques sexistes et racistes de la presse.

Dans un communiqué publié après l’annonce, le prince Harry s’inquiétait déjà du sort réservé à sa compagne : « Le prince Harry s’inquiète pour la sécurité de Mme Markle et est profondément déçu de ne pas avoir pu la protéger. Il n’est pas normal que, quelques mois après le début d’une relation avec lui, Mme Markle soit soumise à une telle tempête. Il sait que les commentateurs diront que c’est ‘le prix qu’elle doit payer’ et que ‘tout cela fait partie du jeu.’ Il n’est pas du tout d’accord. Ce n’est pas un jeu – c’est sa vie et la sienne. »

Cinq ans plus tard, les faits ne peuvent qu’être confirmés. Dans leur livre, Harry et Meghan, Libres, sorti en 2020, les journalistes royauté Carolyn Durand et Omid Scobie dénoncent les biais sexistes et racistes utilisés par les tabloïds britanniques pour évoquer des rumeurs autour de Meghan Markle.

Le journaliste est notamment revenu sur ce point auprès de Marie Claire, dans un récent entretien : « En épousant quelqu’un de la famille royale, avec une telle exposition médiatique, elle était consciente de ce qui est tristement attendu dans la plupart de nos sociétés. Mais ce à quoi elle ne s’attendait pas, c’est que cela vienne de certains tabloïds britanniques. On a dit qu’elle était née du mauvais côté de la barrière, on a fait des commentaires dégradants sur les dreadlocks de sa mère… Sur les réseaux sociaux, c’est aussi devenu hors de contrôle. Au point que le palais de Kensington ne savait plus quoi faire en terme de modération, tant les commentaires affreux, racistes, étaient nombreux. »

Le prince Harry, qui avait déjà dénoncé le comportement des tabloïds envers son épouse, a évoqué dans l’interview sur CBS, un « environnement toxique ». Alors qu’il explique à Oprah Winfrey que son père, le prince Charles, a probablement dû faire la paix avec les médias britanniques, en tant que futur souverain, le fils du Prince Charles et de Lady Di indique que cela n’était pas envisageable pour son couple, « parce que c’était différent ». Différent à cause du racisme, confirme Meghan Markle, « et à cause des réseaux sociaux ».

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Le cliché sexiste des belles-soeurs rivales entretenu par la presse

Autre procédé nuisible mis en place par les tabloïds dès cette époque : la comparaison entre la nouvelle arrivante, Meghan et la désormais bru installée Kate Middleton. Pour se rendre compte de ces différences, il faut revenir aux fiançailles du prince Harry et de Meghan Markle, à l’automne 2017.

Dès lors que le prince cadet a trouvé sa princesse, la presse britannique y a vu l’opportunité de créer une compétition, dans un premier temps entre la « team Meghan et Harry » et la « team Kate et William ». Pour se concentrer très rapidement, d’après un cliché sexiste bien connu, sur la prétendue rivalité entre Kate Middleton et Meghan Markle. Comme si l’arrivée de la seconde ne pouvait se faire qu’au détriment de la première.

La superposition de plusieurs gros titres à ce sujet réalisée par BuzzFeed, début 2020, lorsque Meghan et Harry ont fait part de leur choix de prendre leurs distances de la famille royale est parlante. À l’époque, le site d’informations américain a comparé vingt titres de tabloïds comparant Kate et Meghan, et ce, toujours à l’avantage de la duchesse de Cambridge.

Alors que Kate est enceinte du prince Louis, en 2018, le Daily Mail titre sur la façon dont la duchesse tenait « tendrement » son ventre. Quelques mois plus tard, en janvier 2019, alors que Meghan Markle reproduit le même geste durant sa propre grossesse, le ton est bien différent : « Pourquoi Meghan Markle ne peut-elle pas enlever les mains de son ventre ? »

En 2017, pendant la grossesse de Kate, The Express loue sa consommation d’avocat, comme faisant partie de sa « cure de nausées matinales ». Au contraire, « l’avocat bien aimé de Meghan Markle » est par la suite relié aux « abus des droits de l’Homme ». Le double standard est flagrant. 

Le baptême des enfants des couples princiers en a aussi fait les frais du côté du Daily Mail. Alors qu’en juillet 2018, le tabloïd évoque une « Kate rayonnante regardant avec amour le prince Louis endormi », en juillet 2019, il écrit : « La reine ne sera pas au baptême d’Archie parce que Meghan, Harry et les parrains mystérieux avaient prévu de le baptiser AUJOURD’HUI, mais ont dû se réorganiser lorsqu’ils ont réalisé que sa Majesté et le prince Charles étaient déjà occupés. »

Pour le Mirror, en 2018, le manteau de Kate est « parfaitement coordonné » avec celui d’Elizabeth II. En 2019, Meghan est une nouvelle fois mise en opposition à la monarque : « Comment la confusion de Meghan Markle à propos d’un chapeau lui a presque causé de gros problèmes avec la reine », titre le tabloïd. 

En janvier 2020, la correspondante de Libération à Londres, Sonia Delesalle-Stolper, analyse ce traitement différentiel auprès de franceinfo : « La manière dont elle est comparée à Kate Middleton est assez frappante : il n’est pas rare de trouver, sur une double page, un article critique envers Meghan à côté d’un autre sur Kate, apparue radieuse à une inauguration ou un gala. » Selon elle, la rupture a eu lieu de façon frappante après la naissance d’Archie : « La presse people s’offusquait de ne pas le voir suffisamment, mais lorsque Meghan l’a montré en public, on lui a reproché de l’exposer à son avantage et même de ne pas le porter convenablement ! »

La soi-disant « dispute » entre Meghan et Kate avant le mariage : le déclic de Meghan Markle

Dans cette guerre supposée entre les belles-soeurs, Meghan Markle est revenue sur un épisode marquant auprès d’Oprah Winfrey.

En 2018, le Telegraph avait affirmé que Meghan Markle avait fait pleurer Kate Middleton, quelques jours avant son mariage. Or, la duchesse de Sussex a expliqué à Oprah Winfrey que la situation inverse s’était produite. « Je ne dis pas cela pour être désobligeante envers quiconque, parce que cela s’est produit pendant l’une des semaines difficiles menant au mariage. Elle (Kate Middleton, ndlr) était contrariée par quelque chose, mais elle a reconnu ses torts. Elle s’est excusée et m’a amenée des fleurs et une note d’excuses », a détaillé l’ancienne actrice. 

La dispute concernait les tenues des demoiselles d’honneur, dont faisait partie la princesse Charlotte. « Cela m’a heurtée, cela m’a fait pleurer », a poursuivi Meghan Markle. « Ce qui a été choquant c’est que six à sept mois après notre mariage, la situation inverse a été décrite ». C’est à ce moment là, continue-t-elle, que le déclic a eu lieu : « Si les médias racontaient ces mensonges et que personne ne les démentait, qu’est ce que cela allait être après ? ».
Et d’indiquer : « Cela a été difficile d’être blâmée, non seulement pour quelque chose que je n’avais pas fait, mais qui m’est arrivé ».

C’est une bonne personne (Kate Middleton, ndlr). Si vous m’aimez, vous n’avez pas à la détester. Et si vous l’aimez, vous n’avez pas besoin de me détester. » 

Si vous m’aimez, vous n’avez pas à la détester. Et si vous l’aimez, vous n’avez pas besoin de me détester.

Buckingham accusé de manque de soutien et de complicité 

Ce traitement médiatique différentiel et extrêmement violent, mais aussi, l’absence de réaction de la Firme, ont signé la séparation du couple du reste du clan.

À ce sujet, Meghan Markle dit à Oprah Winfrey : « Malheureusement, si les membres de la famille disent : ‘C’est ce qui nous est arrivé à tous’, s’ils peuvent comparer l’expérience que j’ai vécue… Kate s’appelait ‘Waity Katie’, ‘Kate qui attend d’épouser William’. Même si j’imagine que c’était vraiment difficile, ce n’est pas la même chose. Et si un membre de sa famille dit avec aisance : ‘Nous avons tous eu à faire face à des choses impolies’. Impoli et raciste, ce n’est pas la même chose ». Et de poursuivre : « Il y a une équipe de communication prête à défendre, surtout lorsque les choses ne sont pas vraies, mais ce n’est pas arrivé pour nous ».

Le prince Harry a de son côté affirmé être attristé par le fait que sa famille n’ait pas pris en compte le racisme comme différence de traitement médiatique, pointant une indifférence coupable : « Les gens qui ne le voient pas choisissent de ne pas le voir » affirme-t-il.

Le petit-fils d’Elizabeth II et Meghan Markle ont également indiqué avoir été d’autant plus blessés du silence de Buckingham qu’en 2019, 72 députées avaient décidé de prendre la défense de Meghan Makle en dénonçant « des sous-entendus aux relents colonialistes et dépassés » entretenus par la presse à l’encontre de la duchesse de Sussex.

Début 2020, c’est encore Meghan Markle qui est la cible des tabloïds après l’annonce du couple concernant son  départ de la famille royale : The Sun titre sur le »Megxit », contraction de Meghan et Brexit. Un terme largement repris dans la presse. Meghan Markle est ainsi désignée comme responsable, voire même instigatrice de la décision, sous-entendant qu’elle manipule et éloigne Harry de sa famille. C’est pourtant vite oublier l’aversion affichée du du cadet du prince Charles et de Diana Spencer pour les tabloïds, lui qui a toujours très mal vécu la surmédiatisation de sa famille.

Ce 9 mars 2021, en réponse à l’interview fracassante de Meghan et Harry sur CBS, la Firme a publié un maigre communiqué, aussi policé que laconique : « Toute la famille est attristée d’apprendre à quel point les choses ont été difficiles ces dernières années pour Harry et Meghan. Les problèmes évoqués, notamment ceux concernant une forme de racisme, sont préoccupants. Si nos souvenirs peuvent varier, ils sont pris au sérieux et la famille va s’en charger de manière privée. » 

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