Alain Bashung et Chloé Mons : nouvelle vie pour leur fille Poppée, « je vais prendre mon appart »

Embarquons avec la femme d’Alain Bashung, Chloé Mons, qui publie son deuxième roman, “Jachère”, et sa fille de 20 ans, Poppée, qui sera prochainement dans la saison 2 de “Mytho”, pour un moment intime. Une interview à deux voix. Pour la première fois.

A propos de

  1. Alain Bashung

  2. Chloé Mons

  3. Poppée Bashung

Sur scène, pendant des années, les voix de la chanteuse Chloé Mons et d’Alain Bashung se sont répondu. Ce que l’on ne savait pas, que l’on ne voyait pas, c’est cette petite fille qui, de la coulisse, ne ratait pas une miette du duo de ses parents. Aujourd’hui, assises côte à côte sur le canapé, on sent entre elles un lien si profond qu’il n’a pas besoin d’être visible. Chloé et Poppée. Mère et fille. Pas fusionnelles. Mieux que ça : complices d’âmes. Soudées bien sûr par ce chagrin abyssal qui a suivi la mort d’un amoureux pour l’une et d’un père pour l’autre (Alain Bashung a disparu en 2009), mais, bien avant cela, par l’amour lumineux et indiscutable qui a bercé les premières années de celle qui a célébré le 15 janvier ses 20 ans.

GALA : Comment avez-vous fêté votre anniversaire, Poppée ?
POPPÉE : On s’est retrouvés avec quelques amis, c’était très chouette, mais avec le couvre-feu à 18 heures, ce n’était pas non plus la grosse rigolade ! Et avec tout ce qui se passe, même si on a plein de rêves, c’est compliqué de se projeter. On vit dans l’incertitude.

GALA : Vous, Chloé, que faisiez-vous à 20 ans ?
CHLOÉ : Je m’apprêtais à quitter Lille, où j’avais fini le Conservatoire, pour venir faire une licence et une maîtrise de cinéma à Paris.

GALA : C’est justement au cinéma que l’on va bientôt vous découvrir, Poppée ?
POPPÉE : Oui, je viens de tourner dans la deuxième saison de la série Mytho (prévue sur Arte en 2021, la saison 1 est actuellement sur Netflix, ndlr) et j’ai un petit rôle dans le prochain film de Samuel Benchetrit, Cette musique ne joue pour personne, mais on ne sait pas quand il sortira. Et je suis en deuxième année d’une école de théâtre qui s’appelle l’Ecole du jeu, à Paris.

GALA : Quand on grandit dans une famille d’artistes, a-t-on d’autres choix que de le devenir soi-même ?
CHLOÉ : Mes parents sont des intellectuels, très éclairés, mais pas des artistes. Ou alors des artistes de la vie. Cependant, pour mon frère comme pour moi, seule cette voie nous semblait possible. Poppée, elle, a vraiment baigné dans cet environnement…
POPPÉE : Après, avoir des parents artistes, ça laisse surtout la liberté d’être qui on est.

GALA : Cette liberté était-elle au cœur de l’éducation que vous avez reçue ?
POPPÉE : Oui, mais avec des règles. Ce n’était pas l’anarchie.
CHLOÉ : Je suis en effet quelqu’un de structurant même si, à la maison, il y a toujours eu une grande transparence et une grande confiance. Il n’y a aucun sujet tabou.
POPPÉE : C’est vrai ! Nous deux, par exemple, on se dit tout. Et c’est génial !
CHLOÉ : Et puis il y a ce passé qu’il nous a fallu traverser, cette histoire singulière qui nous soude. Et qui a sans doute rendu plus profond encore ce lien indéfectible qui lie généralement les parents à leurs enfants.

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GALA : Dans votre deuxième roman, Jachère (Médiapop Editions), vous racontez justement ce « mantra du soir », inventé pour votre fille pour l’aider à s’endormir après la mort de son père…
CHLOÉ : Effectivement. Ça fait partie de ces rituels qui nous ont liées très fort. Un mantra pour faire la peau à la peur !

GALA : Vous retrouvez-vous en Poppée ?
CHLOÉ : Elle a sa propre personnalité, mais elle possède, comme moi, ce mélange de grande force et de sensibilité. Toutes les deux, on est des guerrières.

GALA : Quand vous partiez en tournée avec Alain Bashung, votre fille était-elle du voyage ?
CHLOÉ : Toujours !
POPPÉE : Je m’en souviens… J’étais souvent sur le côté de la scène. Ou dans la salle avec mes grands-parents.

GALA : Quand avez-vous pris conscience que vos parents étaient célèbres, Poppée ?POPPÉE : Il y a forcément un moment où tu sais que tu as un nom, mais pas plus que ça. Sans doute parce que je suis très simple avec ça et que mes parents ont toujours été très, très discrets. Mon quotidien était le même que celui des autres. Le soir, même quand il y avait papa, on mangeait à telle heure et après, au lit. C’était une vie normale.
CHLOÉ : C’est vrai qu’Alain et moi avons toujours vécu hors showbiz. En toute discrétion. Et du coup, les gens sont plutôt respectueux vis-à-vis de Poppée et silencieux par rapport à ça. Je crois que ça l’a beaucoup protégée. En fait, on a vécu quelque chose de très sain tout en étant dans une vie totalement anormale. Avec toujours de vrais repères de bon sens.
POPPÉE : Je suis très fière de mes parents. Fière d’avoir ce père et cette mère.

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GALA : Après la mort de votre père, au début, vouliez-vous garder votre maman pour vous toute seule ?
POPPÉE : Franchement, non, je ne crois pas…
CHLOÉ : Moi, je peux répondre que non ! Parce que, tout de suite après, tu me disais : « Alors, quand est-ce que tu rencontres quelqu’un ? »

GALA : Ces années qui ont suivi, Chloé, vous en avez fait des livres qui sont des autofictions. Le premier, Let go, parlait du deuil de l’être aimé. Comment est né le deuxième, Jachère ?
CHLOÉ : D’une nécessité. Comme tout ce que je fais. Ce livre est une mise au point sur tous les hommes de ma vie et sur les onze ans entre la mort d’Alain et l’arrivée de l’homme avec lequel je suis aujourd’hui. J’ai voulu raconter ce qu’est être une fille vivante, et ce que cette pulsion de vie provoque autour. Pour moi, c’était un livre essentiel.

GALA : Avec Alain, vous partagiez la même exigence quant à l’amour, aux sentiments… CHLOÉ : Oui. Et moi, je ne peux vivre que ça. Mais ce n’est pas parce que c’est fort que c’est passionnel et invivable. Non. C’est un amour assez calme en fait. Avec Alain, c’était calme. C’était un amour profond, durable et calme. Mais indiscutable. Et je suis vraiment dans cette dimension-là quand je suis dans l’amour. Je ne suis ni dans l’hystérie ni dans la destruction. Mais dans le lumineux et le constructif.

GALA : Poppée, avez-vous lu les deux livres de votre mère ?
CHLOÉ : Pas le deuxième. Elle me l’a donné, bien sûr, mais en me disant qu’il n’était pas nécessaire que je le lise car il y est question de sa vie de femme. Et même si on partage tout, si on se dit tout de nos histoires, je n’ai pas forcément envie d’en connaître le détail. Mais j’ai lu Let go. Ça fait du bien de se dire qu’on est le fruit d’une histoire d’amour aussi incroyable. Je me suis construite dans cet amour. Et ça aussi, ça m’a protégée.

GALA : Lisez-vous beaucoup ?
POPPÉE : Ah oui ! La lecture, c’est toute ma vie ! Depuis toute petite. Claude Ponti a accompagné ma petite enfance. Il y avait aussi les histoires du soir. C’était souvent maman qui me les lisait, mais aussi papa. Je me souviens notamment de La petite fabrique, on créait des histoires complètement dingues… Aujourd’hui, je parle beaucoup de littérature avec ma mère, mais aussi avec ma grand-mère. Et puis je commence à être une bonne collectionneuse de vieux livres. J’aime les belles éditions.

GALA : Et les réseaux sociaux ?
POPPÉE : J’ai un compte Instagram, mais c’est tout. Le minimum syndical. Ça prend trop de temps tout ça, c’est trop d’énergie mal placée.

GALA : Chloé, qu’avez-vous voulu surtout transmettre à votre fille ?
CHLOÉ : L’essentiel, c’est-à-dire rester axée exactement sur ce qu’elle veut faire. Et comme elle a choisi quelque chose d’artistique, c’est encore plus primordial. Etre absolument en phase avec elle-même. Mais elle sait tout ça. Elle me voit faire. Elle a vu son père qui était lui aussi très intègre. Elle a eu ces données au départ. Et puis la liberté également.

GALA : Avez-vous l’angoisse du « nid vide » ?
CHLOÉ : Pas du tout, parce que je suis dans le démarrage d’une nouvelle vie. C’est un nouveau chapitre à écrire. D’ailleurs, on va lâcher notre maison. C’est le chantier sur lequel je travaille en ce moment et, du coup, pour Poppée, c’est aussi le moment de prendre son envol.
POPPÉE : Oui et je suis contente ! Je vais prendre mon appart, ça va être chouette ! C’est aussi un redémarrage pour moi.

Crédits photos : Agence / Bestimage

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