« My loneliness is killing me », chantait Britney Spears, et en ce moment, le sentiment semble plus présent que jamais. Entre confinements, couvre-feux, quarantaine et règle des six, difficile de pallier cette solitude qui nous ronge. Une réalité qui touche principalement les célibataires, mais aussi les couples, puisque 60 % des personnes mariées en souffriraient de temps à autres, selon Psychology Today. Pas franchement réjouissant, comme bilan.
Alors certes, il y a toujours les alternatives digitales qui, à grands coups d’appels en visio, d’ateliers à distance ou de dating par écrans interposés, nous mettent un peu de baume au coeur – quand elles ne nous angoissent pas. Mais rien de bien comparable à sentir son entourage près de soi.
On déteste l’absence de présence et du coup, on flippe avant de les vivre de ces moments où on va y être brutalement confronté·e. On redoute le soir, quand l’ordi s’éteint et qu’on n’échange plus avec nos collègues, qu’on a pour seule compagnie le son de la télé, qu’on finit par passer la soirée à ruminer. Du coup, on trouve toutes les excuses pour s’occuper l’esprit, sans vraiment adresser le problème à la racine. Et on finit par l’aggraver. Critique.
Heureusement, une lueur d’espoir dans ce contexte moisi : tout ça se normalise, s’analyse, et plus tard, se guérit. La preuve.
Une crainte amplifiée par un défaut de représentation
En anglais, cette appréhension apparemment commune (42 % des femmes appartenant à la génération des millennials auraient davantage peur de la solitude que d’être diagnostiquée avec un cancer, c’est dire) a un nom précis : la monophobie. Ou « FOBA » pour « Fear of Being Alone ». Plutôt explicite.
D’après une spécialiste, la faute reviendrait notamment à sa (mauvaise) représentation dans la culture populaire. « Dans les séries que nous voyons, les livres que nous lisons, il y a relativement peu de récits qui célèbrent un personnage qui est seul par choix », souligne en ce sens à Glamour Alyssa Petersel, fondatrice de MyWellbeing, un site sur la santé mentale conçu pour aider à mettre en relation thérapeutes et clients.
« En ce qui concerne le fait de fonder une famille, il y a également très peu d’exemples de personnes qui choisissent d’être seules, en particulier les femmes, qui n’éprouvent pas de remords ou de regrets », déplore-t-elle. Coucou Bridget Jones, Carrie Bradshaw, et la majorité des héroïnes de comédies romantiques pré-#MeToo.
Depuis des décennies, on nous répète plus ou moins subtilement qu’être solo ne résulte jamais d’un choix conscient, mais plutôt d’une situation subie et forcément malheureuse, déprimante, honteuse ou pathétique. Et aussi, qu’on finira par se mordre les doigts d’avoir préféré, grosse égoïste que nous sommes, ne pas nous reproduire pour jouir de la vie sans avoir à dire adieu à son précieux sommeil.
Et puis, cette phobie peut aussi révéler un manque de confiance en soi, un sentiment d’être indigne d’amour, voire de ne simplement pas savoir se comporter en face à face avec soi-même, énumère l’auteur et expert en relations Robert Locke, sur LifeHack. A tous ces potentiels facteurs, il y a quelques solutions. Des rituels à expérimenter puis intégrer pour, non pas combler la solitude, mais mieux savoir la supporter – et même, qui sait, l’apprécier.
Quelques façons d’y remédier
Avant toute chose, la clé sur laquelle s’accorde spécialistes et commun des mortel·le·s, c’est l’acceptation et la normalisation du sentiment. A L’Express, Cécile, jeune mère séparée, explique ainsi qu’il est essentiel d' »avoir un regard indulgent et bienveillant sur sa solitude », en travaillant entre autres « à ne pas se sentir paria, pathétique, hors norme ».
Elle poursuit : « pour positiver la solitude, il faut peut-être avant tout en accepter ses corollaires : les moments de blues et de peur. On ne peut pas y échapper. » Et avertit contre un réflexe qui pourrait s’avérer inefficace, voire nocif : « Multiplier des activités, oui, mais trop en faire est aussi une fuite en avant. » Plutôt que de se noyer dans les distractions, on utilise donc chaque occasion pour être dans l’instant, et se réconcilier avec ce qui nous effraie tant.
Par exemple, en pratiquant une séance de méditation, ou un exercice facile qui rend « simplement heureux·se » conseille à son tour Alyssa Petersel, qui liste le coloriage ou la pâtisserie. « Ces activités peuvent paraître enfantines, mais aussi faire jaillir des aspects de la joie que nous avons perdus de vue », précise-t-elle. Dans la même veine, il y a l’écriture, le « journaling » ou tout ce qui colle à la catégorie passe-temps créatif n’impliquant pas une pression outre mesure.
Le fait de sacraliser et ritualiser ce tête-à-tête aussi, en se concoctant un repas que l’on aime particulièrement, en usant et abusant de soins qui ont le don de nous apaiser, en lançant un film qui, de préférence, ne dépeint pas notre état comme une tare incurable (on vous voit). En apprenant à se suffire, surtout, et à aimer profiter de sa propre personne.
Et puis, si ça nous est vraiment insupportable, se rappeler qu’il ne s’agit ni d’un défi ni d’une compétition, et se confier. S’ouvrir (vraiment) à un·e professionnel·le, voire à un·e ami·e, à un membre de notre famille qui subit peut-être la même peur. Pour relativiser, décompresser et pourquoi pas finir par en rire avec tendresse, se félicitant de petit à petit de soigner cette peur. Tout ça pour, finalement, en sortir plus apte à l’affronter.
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