Passion et haine en héritage, retour à New York avec la nouvelle adaptation de ce classique américain.
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Steven Spielberg s’est fait un cadeau à 100 millions de dollars (ou quelque 85 millions d’euros, si l’on préfère) : porter à l’écran la célèbre comédie musicale créée en 1957 par Leonard Bernstein, Stephen Sondheim et Arthur Laurents. Inspiré du Roméo et Juliette de Shakespeare, West Side Story met en scène l’amour impossible entre Tony, de la bande des Jets, Américains d’origine européenne, et Maria, sœur du chef des Sharks, immigrés portoricains.
Après la première adaptation cinématographique de Robert Wise et Jerome Robbins en 1961, auréolée de dix Oscars, le réalisateur de Jurassic Park nous replonge dans le New York des années 1950 avec son film, qui devait sortir en décembre et a été repoussé d’un an, en raison de la Covid-19… Au programme de ce long-métrage haut en couleur : des jupons colorés qui virevoltent, des chansons mythiques entre classique, jazz et mambo (Tonight, America, Maria), des chorégraphies somptueuses et un New York plus vrai que nature. Terminées les séquences en studios et les décors digitaux, Spielberg a investi la Grande Pomme pour le tournage, qu’il a achevé le 28 septembre 2019. La « ville qui ne dort jamais » y occupe ainsi une place de choix.
West Side Story 2021 : une déclaration d’amour à Manhattan
« Je viens de rencontrer une fille prénommée Maria…. » Près de 60 ans après la première adaptation, le jeune acteur de 26 ans, Ansel Elgort (Baby Driver), fait sien le costume de Tony. La sérénade qu’il entonne en quittant un bal de promo un brin agité a été filmée le long de 107e rue, sur l’île de Manhattan, entre les avenues Amsterdam et Broadway (du néerlandais brede weg, large route). Un joli clin d’œil à la plus ancienne et la plus longue avenue de Big Apple – w22 kilomètes de long –, haut-lieu du théâtre et des comédies musicales.
West Side Story 1961 : tout est possible à Spanish Harlem
Juillet 2019. Les habitants de Harlem, dans le nord de Manhattan, se retrouvent plongés dans les années 1950. Et pour cause : voitures vintage, façades de boutiques, stands ambulants de bretzels y sont installés ! Toute une époque a été reconstituée, jusque dans les costumes d’une armée de comédiens venus assurer l’incroyable chorégraphie d’America. Chaussures plates rétro et fédoras (chapeaux de feutre) pour les hommes, longues robes florales pour les femmes, la vingtaine de danseurs a ainsi virevolté sur l’air d’une chanson évoquant les difficultés de la communauté portoricaine. Alors qu’Anita loue l’Amérique, son petit ami Bernardo lui rappelle les préjugés racistes du pays. Surnommé « El Barrio », le quartier en espagnol, East Harlem regroupe l’une des plus grandes communautés de Portoricains de la côte est des Etats-Unis. Arrivés dans les années 1930, les « Nuyoricans » (contraction de New York et de Portoricains) sont aujourd’hui près de 130 000.
Flatbush : casting parfait à Brooklyn
28 septembre 2019. Le projet pharaonique s’achève à Brooklyn, là où il avait commencé par des auditions qui ont duré plus de deux mois. Et, plus précisément, dans les studios Steiner, aménagés dans l’ancien complexe Navy Yard, un chantier naval ouvert au lendemain de la Révolution américaine et utilisé par l’US Navy jusqu’à sa fermeture définitive en 1966. L’équipe avait auparavant investi l’arrondissement de Brooklyn. En particulier Flatbush, quartier le plus ancien de la mégalopole (mais aussi l’un des plus chers !), réputé pour ses petites maisons familiales. Un creuset cosmopolite : colonisé par des fermiers hollandais au début du XIXe siècle, il a ensuite accueilli des Juifs, des Italiens, des Irlandais, ainsi qu’une forte concentration d’immigrés des Caraïbes. La « petite Caraïbe » est ainsi devenue le décor idéal pour représenter le fief des Sharks, constitué de la deuxième génération d’émigrés portoricains.
George Washington Bridge : rixes à Washington Heights
Quartier de l’Upper West Side, dans le nord de Manhattan, Washington Heights, souvent raccourci en « The Heights » (les hauteurs, en français), a servi de cadre à plusieurs scènes, dont les affrontements entre les deux bandes rivales. L’équipe s’est posée dans le parc Fort Tryon, du nom du dernier gouverneur britannique de la province de New York. Ce fort, offert en 1931 par l’un des héritiers Rockefeller, propose une vue imprenable sur la vallée de l’Hudson et le New Jersey.
Silk City : dernier espoir dans le New Jersey
Pour compléter les prises de vue en extérieur, les acteurs sont descendus dans l’Etat voisin du New Jersey et se sont arrêtés à Paterson, connue sous le nom de « Silk City » (la ville de la soie). Un événement qui n’a pas manqué d’attirer l’attention : le chanteur Bruce Springsteen, grande figure de l’Etat, s’y est offert un bain de foule et Steven Spielberg s’est vu remettre les clés de la ville ! Sous une chaleur étouffante, il a mis en boîte, près de la mairie, la chorégraphie de I feel pretty , dans laquelle Maria, anciennement campée par Natalie Wood, déclare sa flamme à Tony en chantant.
Le chant du cygne de San Juan Hill
La première version de West Side Story avait été réalisée dans un studio de Los Angeles, à l’exception de l’incroyable prologue de danse et de musique tourné à San Juan Hill. Le quartier allant être détruit, les décorateurs avaient pu à loisir le maquiller de graffitis. En lieu et place, un complexe culturel, le Lincoln Center, a vu le jour.
Article paru dans le numéro Femme Actuelle Jeux Voyages n°44 décembre-janvier 2021
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