Dans cette adaptation d’un fait réel, Clint Eastwood pointe les contradictions de l’Amérique. L’acteur Paul Walter Hauser, magistral dans la peau de Richard Jewell, est la révélation du film.
Dans la nuit du 26 juillet 1996, durant les jeux Olympiques d’Atlanta, une bombe explosait dans le Parc du Centenaire, provoquant la mort de deux personnes et blessant plus d’une centaine d’autres. Le carnage aurait été pire si Richard Jewell, agent de sécurité, n’avait repéré et signalé à la police le sac contenant l’engin explosif. Le voilà propulsé héros national. Pourtant, quelques jours plus tard, il devient le suspect numéro 1 de l’attentat et fera l’objet d’une enquête poussée du FBI, avant d’être lavé de tout soupçon. Le véritable auteur de l’attentat, Eric Rudolph, un survivaliste, sera arrêté, sept ans plus tard, dans l’indifférence générale.
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Hommage à un antihéros
Depuis Mémoires de nos pères (2006), Clint Eastwood se passionne pour des héros ancrés dans la réalité, tels ceux d’American Sniper (2014) et de Sully (2016). Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que l’infatigable réalisateur (89 ans en 2019) ait choisi d’adapter cette histoire édifiante d’un homme confronté à la machine policière et à la violence de médias sans éthique. « Pour moi, il s’agit d’une tragédie américaine : celle de Monsieur Tout-le-Monde pris dans la tourmente d’événements extraordinaires l’ayant dépassé. Il est seul contre la société et l’opinion publique. Le film est une manière d’honorer sa mémoire », explique-t-il, puisque le vrai Richard Jewell est décédé en 2007. Avec sa maestria habituelle, Eastwood transforme ce fait divers en thriller haletant. Il y questionne les contradictions de l’Amérique : comment fabrique-t-elle ses héros ? Comment les jette-t-elle sans préavis ? Avec ses kilos en trop et ses airs de vieux garçon grincheux, Jewell relève plutôt de l’antihéros. C’est même un personnage ambigu : ancien shérif adjoint renvoyé pour excès de zèle, amateur d’armes à feu, il fait un coupable idéal. Il n’est, a priori, ni attachant ni sympathique. Heureusement, l’homme sait être prévenant et ne manque pas d’humour…
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“Tu peux le faire”
Alors, qui pour interpréter Richard Jewell ? Il a été question de Jonah Hill, avant que Paul Walter Hauser ne s’impose. On a vu ce second couteau dans BlacKkKlansman, de Spike Lee, et dans Moi, Tonya au côté de Margot Robbie. Il se souvient de ce que lui a dit Eastwood lors de leur rencontre : « Mon instinct me dit que tu peux le faire, que le job est pour toi. Tu as cette qualité d’everyman, d’homme de la rue. » Excellent feeling ! L’expression « entrer dans la peau de son personnage » semble avoir été inventée pour Hauser, qui aurait pu hésiter à incarner cet homme en clair-obscur, habité par un respect excessif de l’ordre et des institutions. « Il y a quelque chose de beau dans la naïveté de Richard, souligne l’acteur. Et même une forme de pureté et d’honnêteté dans son rapport à l’autorité. Dans un monde idéal, ce serait de beaux sentiments. » Il apporte beaucoup d’humanité à ce personnage, marchant dans les pas de ses modèles, John Goodman et Philip Seymour Hoffman.
Le Cas Richard Jewell : mardi 2 février à 21h10 sur Canal+
I. Magnier
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