Faute de cinémas, le festival de Gérardmer fera trembler dans les chaumières

Ça va trembler dans les chaumières : c’est en ligne que le festival international du film fantastique de Gérardmer se tient à partir de mercredi. L’occasion de découvrir des inédits, en attendant une réouverture des salles plus incertaine que jamais.

Une fois n’est pas coutume, cette 28e édition de ce qui est devenu le plus grand rendez-vous du cinéma de genre en Europe ne verra pas de hordes de passionnés déferler sur la station vosgienne.

Tant pis pour l’ambiance, mais les organisateurs ne voulaient pas pour autant annuler l’évènement et ils se sont rabattus sur une diffusion par internet. « Gérardmer, c’est un rendez-vous populaire, le rassemblement des fans du genre fantastique, on ne voulait pas en priver le public », explique à l’AFP le patron du festival, Bruno Barde.

Une plateforme, ouverte au public de mercredi à dimanche, présentera 30 films inédits, dont 12 en compétition officielle. Angoissants et/ou sanguinolents, ces films viennent du Canada, de France, de Suède ou encore de Corée du Sud.

Les amateurs semblent être au rendez-vous: les 400 pass qui permettent de voir l’ensemble de la sélection ont été écoulés. Il reste possible d’acheter sur le site des billets virtuels à la séance (5 euros). Certains contenus sont gratuits.

Parmi les films présentés, les plus téméraires pourront tenter « Possessor », de Brandon Cronenberg, le fils du légendaire réalisateur David Cronenberg. Ce film sur des assassins en col blanc qui prennent le contrôle du corps de leurs victimes avait marqué par son ultra violence, lors de sa présentation au festival américain de Sundance.

Dans l’air du temps, « Host » de Rob Savage, a été réalisé pendant le confinement et raconte une séance de spiritisme à distance…

Le festival est aussi l’occasion de présenter une nouvelle génération d’auteurs français: dans « La Nuée » Just Philippot filme un élevage de criquets comestibles, tandis que les frères Zoran et Ludovic Boukherma présentent « Teddy », entre drame social et film de loup-garou, avec Anthony Bajon (l’acteur de « La Prière », de Cédric Kahn).

– Marre des DVD ! –

Les réputés studios d’animation Ghibli sont aussi de la partie, avec « Aya et la Sorcière », un premier film (tous publics celui-là) en dessin numérique, signé du fils d’Hayao Miyazaki, Goro.

Une moisson de nouveautés et d’inédits, dont se réjouit d’avance auprès de l’AFP le président du jury Bertrand Bonello : « Je n’en peux plus de mes DVD ! Je suis extrêmement heureux de voir des films récents ».

« Dans cette période, voir des films fantastiques c’est bien. On va voir comment les cinéastes mettent en scène l’époque », poursuit ce cinéaste éclectique qui a réalisé le biopic « Saint Laurent » (2014) ou « l’Apollonide – Souvenir de la maison close » (2011). Le jury regardera les films par internet mais se réunira physiquement pour délibérer.

Premier rendez-vous de l’année pour les cinéphiles, ce Gérardmer en ligne inspirera-t-il d’autres festivals contraints de composer, parfois pour la deuxième année, avec la pandémie ?

Le festival Premiers plans à Angers a aussi opté pour le virtuel et offrira gratuitement ses neuf long métrages, sur inscription, à partir de lundi. La Berlinale, rendez-vous majeur, tiendra sa compétition en ligne en mars, mais espère se rattraper avec des projections physiques pour le public à l’été.

D’autres croisent encore les doigts : l’Alpe d’Huez (comédie) a préféré reculer sa date, à fin mars plutôt que janvier, et Annecy (animation) est toujours prévu du 14 au 19 juin.

Et les yeux sont rivés sur Cannes. Le plus gros rendez-vous mondial du 7e art a dû renoncer l’an dernier aux projections sur la Croisette, un crève-coeur pour la profession. Ses organisateurs tablent sur une édition physique, en mai comme d’habitude, avec une option entre fin juin et fin juillet si les conditions l’exigent.

Quant à Gérardmer, l’édition en ligne n’a pas vocation à se reproduire, insiste Bruno Barde. Qui espère voir à nouveau, dès l’an prochain, ses chers aficionados du film d’horreur « faire la queue en moonboots pour la séance de minuit ».

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