Covid-19 : d’ici mars, le variant pourrait devenir dominant en France et aggraver la situation épidémique

Alors que la campagne de vaccination contre la Covid-19 s’accélère et que de plus en plus de Français semblent y adhérer, une modélisation de l’Inserm mise en ligne ce samedi 16 janvier se veut pessimiste quant à l’évolution de l’épidémie sur le territoire.

Selon l’Institut, le variant britannique « deviendrait dominant en France entre fin février et mi-mars » et « les nouvelles hospitalisations hebdomadaires devraient atteindre le niveau du pic de la première vague entre mi-février et début avril », en l’absence de renforcement des mesures de distanciation sociale.

Avec le variant, une « épidémie dans l’épidémie »

Qualifiée d’ »épidémie dans l’épidémie » par l’épidémiologiste Arnaud Fontanet le 11 janvier au micro de RMC, la circulation du variant britannique constitue selon lui une menace « très sérieuse ». Et pour cause : s’il ne représente qu’environ 1,4% des cas actuellement, il pourrait être à l’origine du troisième vague dans les semaines à venir.

La modélisation de l’Inserm s’est basé sur plusieurs données, comme l’enquête flash menée les 7 et 8 janvier par Santé Publique France pour analyser la circulation du variant sur le sol français, mais aussi les études menées à l’étranger sur sa contagiosité, estimée 50 à 74% plus importante que la souche de base.

Les chercheurs ont alors imaginé trois scénarios épidémiques :

  • Un scénario dit de base, qui prend pour valeur du taux de reproduction R celle estimée d’après les hospitalisations de début janvier, soit 1,1.
  • Un scénario optimiste, avec un R de 1 (pouvant refléter l’impact du couvre-feu de 18h).
  • Et un scénario pessimiste, avec un R de 1,2.

Dans le meilleur des cas, le variant britannique devient dominant en France à la mi-mars. Dans le pire, il domine dès la fin-janvier. Quoiqu’il arrive, « une augmentation importante des cas est attendue dans les semaines » à venir, préviennent les chercheurs.

« Nous estimons que le variant deviendrait dominant en France entre fin février et mi-mars, en fonction de l’évolution épidémique et de l’observation de la transmissibilité du COV, écrit l’équipe de chercheurs. Les nouvelles hospitalisations hebdomadaires devraient atteindre le niveau du pic de la première vague (environ 25 000 hospitalisations) entre mi-février et début avril, en l’absence d’interventions. »

Attention toutefois, ces premières conclusions n’ont pas pris en compte la campagne vaccinale lancée fin décembre. Lors de l’enquête, les 8 et 9 janvier, « le nombre d’individus vaccinés étaient encore très limités pour ralentir efficacement l’épidémie », soulignent les chercheurs.

Vers un troisième confinement ?

Pour le Pr Yazdan Yazdanpanah, membre du conseil scientifique, un reconfinement dépendra de la progression du variant britannique : « Si on voit que cette progression s’accélère, je pense malheureusement qu’il faudra passer au reconfinement », a-t-il déclaré sur BFMTV ce dimanche 17 décembre. Le nombre d’hospitalisations nouvelles et la progression du taux d’incidence seront déterminants dans les prochains jours, estime-t-il.

De son côté, le Premier ministre Jean Castex, a souhaité préparé les Français à cette éventualité. Il a prévenu en conférence de presse, jeudi 14 janvier, qu’un nouveau confinement pourrait être décidé « sans délai » en cas de « dégradation épidémique forte ».

Aux yeux de l’épidémiologiste Catherine Hill, un reconfinement est inévitable. « La situation est mauvaise. Il suffit de voir ce qui s’est passé au Royaume-Uni. Ce variant occupe le terrain de plus en plus vite. Sans reconfinement, couplé avec des tests de dépistage massifs suivis d’isolement, on va droit dans le mur », observait-t-elle le 13 janvier sur France Info.

Ce week-end, le Comité d’urgence de l’OMS a appelé à une expansion mondiale du séquençage génomique et du partage des données sur les variants, ainsi qu’à une plus grande collaboration scientifique pour faire face « aux inconnues fondamentales » qui subsistent sur les variants britannique et d’Afrique du Sud. Malgré l’arrivée des vaccins, l’OMS considère que le risque représenté par la Covid-19 reste « très élevé », en partie à cause de ces nouveaux variants. 

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