Lâcher prise : les meilleures exercices et conseils de psy pour y parvenir

Stress, anxiété, peurs, imprévus du quotidien… Pas toujours facile de lâcher prise et de s’autoriser à ne pas toujours tout contrôler ! Pour y parvenir, découvrez les conseils et exercices proposés par Paul-Henri Pion, psychothérapeute.

« Lâcher-prise, c’est faire le pari fou de se faire authentiquement confiance, c’est-à-dire d’aller à la rencontre de notre nature originelle, guidée par le vivre-ensemble et le plus longtemps possible. », explique Paul-Henri Pion, psychothérapeute, auteur de 50 exercices pour lâcher prise (Éditions Eyrolles).

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Le lâcher prise désigne une alliance « sensation-perception-émotions-pensées-actions », qui repose sur la reconnaissance de ce qui advient, en nous et à l’extérieur de nous, la recherche d’une adaptation nouvelle.

Pourquoi je ne lâche pas prise ?

Pris dans l’engrenage du quotidien, et de son lot d’imprévus, d’aléas, de bonnes ou mauvaises surprises, il est parfois compliqué d’arriver à lâcher prise.

De plus, comme nous l’explique le spécialiste, lâcher-prise est anxiogène : « l’expérience de beaucoup d’entre nous est que la spontanéité et la naïveté nous reviennent douloureusement en boomerang. Il est donc nécessaire de se contrôler, puisque ne plus se contrôler signifie se mettre en danger. »

Cette quête du contrôle s’exprime comme une volonté de ne plus faire ce qui nous nuit. Or, le cerveau ne connaît pas la négation : plus nous voulons ne pas faire quelque chose, plus nous le faisons !

Ainsi, s’empêcher de « vouloir faire » conduit bien souvent à un échec, qui va lui-même nourrir la volonté de ne plus faire. Un cercle vicieux épuisant se crée.

Sans nous en rendre compte, « nous avons ainsi tendance à entretenir des comportements dysfonctionnels qui nous épuisent, avec la volonté de les changer et l’incapacité à les changer, puisque changer signifie ne plus les exprimer. L’épuisement qui s’ensuit appelle à lâcher-prise, c’est-à-dire à abandonner des comportements ou attitudes qui ont permis notre socialisation et qui se sont emballés. Lâcher prise directement et volontairement est donc quasiment impossible ! », révèle Paul-Henri Pion.

Comment apprendre à lâcher prise ?

Il existe de nombreux types d’activités qui invitent au lâcher prise, à vous de trouver la pratique qui vous correspond !

« Chacun d’entre nous a ses propres pièges et ses propres ressources. L’idée pour arriver à lâcher prise est de se questionner : est-ce que ça marche pour moi ? Et si ça ne marche pas, est-ce une question de dosage, de guide, de mode opératoire, de moment dans la journée ou dans la vie, ou de croyance ? », explique le psychothérapeute.

Toute pratique qui conduit à dépasser ses limites à l’aide de ses propres ressources physiologiques est favorable au lâcher prise : pour certains ça va être le pilotage de haut niveau d’un véhicule, pour d’autres le sport, pour d’autres la préparation mentale (elle inclut techniques de relaxation / méditation et visualisations positives). Pour certaines personnes, ce sera plutôt l’art, toute forme d’art.

Tout simplement aussi, pratiquer des exercices respiratoires et posturaux, avoir une bonne hygiène de vie contribue grandement au lâcher prise !

Quant aux activités à éviter, comme pour les pratiques qui aident à lâcher prise, ce qui sera enrichissant pour l’un pourra s’avérer limitant pour l’autre, pour les mêmes raisons.

« Globalement, toute habitude autre que celle de changer d’habitude compromet notre capacité d’adaptation et donc notre capacité à accueillir ce qui est. Il s’agit de rester dans une attitude d’observation et d’expérimentation, avec souplesse et fermeté. Lâcher prise c’est pouvoir taper du poing sur la table ou laisser l’autre s’exprimer en fonction des contextes et que tous en sortent grandis, c’est-à-dire avec la capacité de poursuivre ensemble. », indique Paul-Henri Pion.

Lâcher prise : qu’est-ce que j’y gagne ?

Lâcher permet de passer de l’impuissance subie à l’action assumée : le niveau de stress baisse et la santé s’améliore.

Cela permet d’accéder aussi à la complexité : les interactions avec soi, les autres et le monde deviennent plus ouvertes et il devient possible de passer du jugement à la simple évaluation contextuelle.

En privilégiant l’observation sur le jugement, le lâcher prise permet de dissocier la personne du comportement et ainsi de sortir du cycle de la vengeance et de mieux-vivre ensemble. « Lâcher prise est une voie de développement personnel : nous en ressortons grandis ! », précise le psychothérapeute.

L’énergie consommée à lutter « contre » est récupérée pour construire sa vie : on gagne plus d’énergie au quotidien. Aussi, la disponibilité d’esprit et la vision complexe ouvrent sur des choix plus pertinents et génèrent la confiance en soi.

3 exercices efficaces pour lâcher prise

Exercice 1 : lâcher prise face aux autres

Imaginez-vous dans les situations suivantes et choisissez l’option qui vous semble la plus à même de satisfaire tout le monde.

1. Votre adolescent passe son temps, à geindre, à dire que tout va mal et que de toute façon, rien ne changera jamais. Vous avez fait pratiquer tous les examens médicaux possibles : ses douleurs diverses et son mal de ventre chronique n’ont pas de cause organique reconnue. Dans l’après-midi, il vient se plaindre alors que vous êtes en train de faire vos comptes. Que lui dites-vous ?

  • a. « Je t’écouterai ce soir, pour l’instant, j’ai autre chose à faire ! ».Cet adolescent geignard vous exaspère…
  • b. « Excuse-moi, je suis occupé et je ne peux pas t’écouter convenablement. Je finis mes comptes et je suis à toi. » Une fois que vous avez terminé, vous lui consacrez un moment : « Je suis à toi, tu voulais me dire quelque chose ? »
  • c. « Tu es hypocondriaque, mon chéri, ce n’est pas grave et ça se soigne ! Fiche-moi la paix maintenant, veux-tu ? »

2. Ce matin, comme tous les jours, votre mère vous appelle sur votre téléphone portable alors que vous vous rendez au travail. Elle vous fait part des injustices dont elle a encore été victime, des malheurs qui l’accablent, et de tout ce qu’elle reproche au monde entier. Que lui répondez-vous ?

  • a. « Ne m’appelle plus à cette heure-là ! De toute façon, j’en ai ras le bol de tes problèmes, il faudrait que tu grandisses un peu maman ! » Vous raccrochez énervé.
  • b. « Je te rappelle tout à l’heure, ça va couper ! » Vous n’avez pas du tout l’intention de la recontacter avant la semaine prochaine…
  • c. « Écoute, maman, j’entends que tu as plein de choses à me dire et cela me ferait plaisir de pouvoir les écouter, mais là, je suis dans les transports et ce n’est pas pratique, je te rappelle un peu plus tard. » Vous tenez ensuite parole.

3. Comme à chaque fois que vous le croisez, votre collègue commence à dénigrer l’entreprise dans laquelle vous travaillez, à critiquer l’incompétence des chefs, à se lamenter de la négligence des employés et à pointer les bugs du dernier système informatique installé. Que lui répondez-vous ?

  • a. « J’ai besoin de me sentir bien dans mon travail et ces critiques, aussi justifiées soient-elles, me découragent vraiment. Pouvez-vous les réserver à votre hiérarchie ? Je viendrai vous consulter sur ces dysfonctionnements si besoin. » Vous lui souhaitez ensuite une bonne journée et tournez les talons.
  • b. « Tu connais Caliméro ? Non ? Je te suggère de l’ajouter à tes amis Facebook, vous avez beaucoup en commun ! » C’est incroyable le temps qu’il peut vous faire perdre celui-là…
  • c. Rien, vous ne parvenez pas à le couper dans son élan. Vous attendez donc qu’il ait fini sa logorrhée et retournez, découragé, dans votre bureau.

Voici les réponses les plus efficaces pour tenir compte à la fois des besoins de votre interlocuteur et des vôtres.

  • 1b. Si votre fils se confie à vous au moment où vous l’y invitez, écoutez-le sincèrement et remerciez-le de vous avoir fait part de tous ses malheurs. Réservez-lui un moment chaque soir durant lequel vous vous rendrez totalement disponible pour l’écouter exposer son mal-être. En dehors de cette plage de temps précise, s’il vous sollicite pour se plaindre, signifiez-lui que vous l’écouterez de nouveau le soir prochain et tenez bon ! Après quelques séances, les jérémiades disparaîtront…
  • 2c. Rappelez effectivement votre mère un peu plus tard, et là, demandez-lui de vous raconter tout ce qu’elle voulait vous dire. Ne manquez pas de l’inviter à vous parler des sujets dont elle se plaint d’habitude. Après quelques rappels de la sorte, vous constaterez que vos relations deviennent plus paisibles.
  • 3a. C’est risqué, vous dites-vous ? Ce type d’individu souffre généralement de ne pas avoir rencontré de limite à ses débordements et ne se rend plus compte de sa situation. En lui faisant une telle réponse, d’une part vous exprimez sincèrement ce que vous ressentez, et d’autre part vous lui ouvrez les yeux sur l’impact que peut avoir son discours sur son entourage professionnel.

Exercice 2 : lâcher prise face à soi-même

La colère vous ronge ? Voici un petit exercice qui vous permettra de vous décharger progressivement de cette manifestation encombrante.

Prenez une feuille de papier et un crayon et asseyez-vous confortablement. Repensez à quelqu’un ou quelque chose qui vous met franchement et régulièrement en colère, puis procédez comme suit.

  • 1. Inscrivez la date du jour, le lieu d’où vous écrivez, puis en haut de la page « cher ou chère… » suivi du nom de la personne ou de l’objet contre lequel votre colère est dirigée.
  • 2. Écrivez-lui ensuite ce que vous avez sur le cœur : tout ce que vous avez toujours souhaité lui dire, tous les noms d’oiseaux dont vous avez envie de l’affubler, toute votre haine et votre violence, tout le fiel qu’il fait remonter en vous, d’autant plus librement que vous ne lui enverrez pas cette missive…
  • 3. Libérez ainsi votre colère, sans aucune censure ni retenue, sans jamais vous relire, et quand votre stylo s’arrête, quand vous en avez fini pour cette fois, signez votre œuvre.
  • 4. Ensuite, détruisez cette lettre de la façon la plus libératrice qui soit pour vous.
  • 5. Recommencez le même travail le lendemain et les jours suivants pendant une bonne dizaine de jours. Au fur et à mesure, insérez des détails concrets, des descriptions factuelles qui justifient la violence et la persistance de votre colère.

Exercice 3 : s’autoriser le plaisir

Installez-vous confortablement et suivez les consignes ci-dessous.

  • 1. Remémorez-vous une situation dans laquelle vous avez montré (à vous-même ou aux autres) que vous étiez capable de faire les choses correctement ou du moins avec une certaine aisance. Décrivez cette situation succinctement.
  • 2. Remémorez-vous une situation dans laquelle vous avez montré (à vous-même ou aux autres) que vous étiez plutôt malhabile ou peu à l’aise. Décrivez cette situation succinctement.
  • 3. Maintenant, faites l’expérience suivante. Un matin, dans votre salle de bains, alors que vous êtes en train de vous préparer, remémorez-vous la première situation décrite ci-dessus pendant quelques minutes puis reprenez vos activités quotidiennes. Le soir, passez en revue ce que vous avez fait dans votre journée et la manière dont vous l’avez vécue. Répétez l’expérience quelques jours. Notez vos impressions.
  • 4. Ensuite recommencez la même expérience que ci-dessus (point 3) avec la seconde situation (point 2). Poursuivez l’expérience quelques jours. Notez vos impressions.

Démarrer la journée en revivant mentalement une expérience dans laquelle vous avez fait preuve d’aisance diminue généralement le nombre d’erreurs et d’hésitations et améliore la qualité globale des réalisations.

Vous pouvez exploiter ce phénomène en vous remémorant des points de réussite, aussi banals soient-ils, avant d’entreprendre une nouvelle tâche. Ce procédé, très facile à mettre en œuvre n’importe où, joue l’effet d’une gomme à stress et favorise la confiance en soi : à vous de jouer !

Merci Paul-Henri Pion, psychothérapeute. Retrouvez d’autres exercices dans 50 exercices pour lâcher prise, de Paul-Henri Pion, Éditions Eyrolles.

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