Les 4 bénéfices surprenants de… 2020

Avant toute chose, mettons-nous d’accord sur un point : 2020 est une année pourrie. Quel que soit l’endroit où on se trouve dans le monde, c’est flagrant. Le principal fautif, faut-il le nommer : le Covid-19, et les conséquences qu’il a engendrées à différents niveaux. Sanitaire, sociétal, politique. Les mesures de sécurité pour ne citer qu’elles, essentielles à la protection des autres et de soi-même, ont mis nos vies en pause. Afin de mieux les sauver d’une pandémie terriblement menaçante, ça ne fait aucun doute. Mais en renforçant aussi la solitude et la précarité de beaucoup, et en créant une frustration réelle et difficile à gérer chez une très grande majorité.

Contrairement à ce que chantaient les stars d’Hollywood en mars, on n’était pas « tou·te·s dans le même bateau » face au coronavirus. Bien loin de là, vu comment la crise a exacerbé les inégalités. Sauf sur un point qui semble, à l’aube de 2021, largement partagé : le sentiment de ras-le-bol et l’envie d’un retour à la normale, social du moins. On veut se voir, se serrer dans les bras, passer du temps ensemble sans risquer que notre département ne vire à l’écarlate à cause d’un repas de famille à sept.

En pensant à tous les moments loupés cette année, on se dit que ce sont des semaines parties en fumée sans qu’on n’ait pu en profiter. 365 jours à foutre à la poubelle, ou presque, qu’on ne récupérera jamais. Une « année blanche » qu’on aimerait oublier, voire effacer tout court.

Quoique, pas si vite.

2020 n’a pas seulement accueilli des catastrophes. Elle a aussi été le théâtre de mobilisations massives et d’avancées formidables. En France, en écho à la résurgence du mouvement Black Lives Matter en mai dernier, suite au meurtre de George Floyd, la foule guidée par Assa Traoré a pris les rues, pour dénoncer le racisme systémique ancré dans notre société. En Argentine et en Pologne, les femmes se sont battues pour leur droit à l’avortement, et dans le premier cas, obtenu un gain de cause historique il y a quelques jours à peine. Kamala Harris et Joe Biden auront détrôné Donald Trump, laissant entrevoir une lueur d’espoir aux Américain·e·s.

Les voix se sont élevées, les consciences se sont éveillées. Pour bâtir un « monde d’après » qui entend panser ses plaies, se remettre des ravages du passé, tenir leurs auteurs pour responsables.

D’un point de vue plus personnel aussi, il se pourrait que les derniers mois aient positivement influé sur notre personnalité, nos priorités, notre avenir. Qu’ils aient façonné notre manière de voir les choses, de les appréhender, maintenant comme dans le futur. Et qu’ils nous aient permis, paradoxalement, d’en gagner, du temps. Voici comment.

On a appris à prendre soin de soi

Privé·e de sortie, littéralement, on n’a pas eu d’autre choix que de se retrouver en tête à tête avec soi. Même lorsqu’entouré·e de quelques proches et membres de notre foyer, les moments passés solo ont été amplement multipliés par rapport aux années précédentes. Pendant les confinements, on a occupé nos journées en se cajolant, en se faisant du bien physique et mental, en avançant à notre propre rythme.

Parfois, on en a profité pour (ré)entreprendre des projets qui nous tenaient à coeur, qu’on avait tout juste envisagés, puis laissé tomber faute d’assez de temps libre pour les mener à bien. Là, on était servi·e. On avait des heures devant nous pour écrire, réfléchir, regarder. Pour s’écouter un peu plus, aussi. De nouvelles manies quasi exclues de notre ancienne vie, qui risquent de nous accompagner un bon moment.

On a appris tout court

L’ennui est moteur de créativité. Enfin, on imagine. Au vu du nombre de passe-temps démarrés en 2020 et des recherches Google dédiées en tout cas, force est de constater que le néant inspire. Nouvelle langue, peinture, poterie, cuisine, yoga, broderie, course à pied, l’année qui s’achève a été source d’apprentissages variés. Des savoirs qui, même si on ne les entretient pas dans les mois à venir (qui croyez-vous donc tromper ?), nous prouvent qu’on a de la ressource. Ou du moins, l’envie de se réinventer et de la suite dans les idées.

« Être curieux·se, continuer à apprendre et s’épanouir sont très étroitement liés à une augmentation de l’énergie vitale et de la satisfaction de vivre », assure ainsi Dre Şirin Atçeken, psychothérapeute, à Refinery29. Plus précisément, le sport rallonge l’espérance de vie et il paraît même que la poterie réduit le stress et aide à extérioriser ses angoisses. Des rituels auxquels on pourra revenir dès qu’on se sent un peu dépassé·e, à l’avenir.

On s’est tourné·e vers les autres

Par « les autres », on parle de nos proches, de nos moins proches, et de parfait·e·s inconnu·e·s. De l’élan de solidarité qui a émané de la crise sanitaire, et de la façon dont, alors qu’on a passé la majeure partie de notre année loin de notre entourage, on s’est aussi reconcentré·e sur nos relations. En inventant de nouveaux rendez-vous à distance, en prenant conscience que certains liens étaient indéfectibles, d’autres moins solides, de « qui aura été là pour nous », analysait notamment le psychothérapeute Pascal Anger, en mai dernier.

Même si le contact physique est irremplaçable, l’intensité avec laquelle certaines amitiés et amours se sont construites pendant les douze derniers mois semble elle, incomparable.

On a réalisé ce qui était réellement important

2020 a surtout, été l’année de la remise en question. De nos choix pro et perso, et de l’équilibre entre les deux. « À bien des égards, la pandémie a agi un peu comme un niveleur », analyse en ce sens la neuroscientifique Beatrice Andrew, auprès du magazine américain. « Elle a donné à certains d’entre nous l’occasion de concentrer leur attention sur ce qui est vraiment important ».

En décidant de ne plus faire de concessions épuisantes par exemple, en établissant de nouveaux objectifs moins dictés par une pression sociale pesante. En faisant le point sur ce qu’on veut réellement, et avec qui on souhaite le partager.

Finalement, inconsciemment ou non, on a transformé nos quotidiens. On a pris le chemin d’un mode de vie plus respectueux, plus adapté à nos envies, et ce, en quelques mois seulement. Dans un monde « normal », ces bouleversements essentiels auraient certainement mis des années de plus avant d’éclore et de véritablement s’installer.

Et pour ça, pour ce temps précieux que l’on a sûrement économisé, peut-être que 2020 n’est pas totalement à jeter.

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