Intolérance alimentaire : comment la reconnaître et identifier l’aliment responsable ?

Vous souffrez souvent d’inconfort digestif après les repas ? Il s’agit peut-être une intolérance alimentaire. Mais comment en être certain et identifier l’aliment en cause ? Eclairage du Dr Habib Chabane, allergologue.

Restez informée

Une intolérance alimentaire désigne des symptômes qui résultent de la difficulté à digérer un aliment. Elle peut relever de la qualité de l’aliment (présence d’additifs non tolérés par exemple), mais surtout d’une réponse anormale de l’organisme à l’aliment consommé en quantité normalement tolérée par les sujets sains.

A la différence d’une allergie alimentaire, les symptômes qui se manifestent en cas d’intolérance alimentaire n’impliquent pas le système immunitaire. On parle ainsi à tort d’ »intolérance au gluten », car il s’agit en réalité d’une maladie cœliaque dans laquelle le système immunitaire intervient. Mais quelles sont les principales intolérances alimentaires ?

Quelles sont les intolérances alimentaires les plus fréquentes ?

  • L’intolérance au lactose

Le lait est le premier aliment pouvant être à l’origine d’une intolérance chez les personnes qui présentent une alactasie, autrement dit une baisse génétiquement programmée de la lactase. Cette enzyme indispensable à l’organisme pour assimiler le lactose diminue dans l’enfance. L’alactasie est donc naturelle et normale chez la majorité des humains, sauf chez les individus portant un gène muté, plus fréquent dans la population Européenne. En cas d’intolérance au lactose, les symptômes n’apparaissent que lorsqu’une grande quantité de lactose est consommée. Il peut s’agir de maux de ventre, de diarrhée, de gaz, de ballonnements et d’inconfort. A l’âge adulte, la majorité des personnes ayant une alactasie peuvent ingérer de petites quantités de lactose (jusqu’à 12 g par jour) sans présenter de symptômes, à condition que cette quantité soit répartie au cours des repas. Il est aussi possible de recourir à la lactase artificielle, un complément alimentaire à prendre avant le repas, qui permet de consommer des aliments contenant du lactose sans souffrir de symptômes.

  • L’intolérance aux FODMAPs

Certains aliments sont riches en sucres complexes comme les fructo-oligosaccharides (FOS) ou les galacto-oligosaccharides (GOS), qui ne sont pas digestibles et qui fermentent facilement : c’est ce que l’on appelle les « FODMAPs ». Parmi eux, on retrouve les haricots secs, les choux ou encore les topinambours. Ces sucres restent longtemps dans l’intestin grêle, ce qui retient l’eau (diarrhée) et fermentent ensuite dans le côlon (ballonnements et gaz), provoquant l’inconfort.

  • L’intolérance à l’histamine

Vous avez mangé du poisson et vous êtes rapidement pris de sueurs, de rougeurs, de démangeaisons, de vertiges ou encore de palpitations ? Il s’agit peut-être d’une intoxication à l’histamine, une substance que l’on retrouve notamment dans certains poissons comme le thon. Si ce phénomène survient une fois, c’est probablement parce que le produit a été mal conservé, ce qui a causé la dégradation de l’histidine en histamine et provoqué l’intoxication (scombroïdose). Mais lorsque ce phénomène se répète, cela peut cacher une intolérance à l’histamine liée à un déficit en diamine oxidase, une substance chargée de dégrader l’histamine. Résultat : la capacité de détoxification est réduite et entraîne ces manifestations. Les personnes souffrant du syndrome d’activation mastocytaire (SAMA) peuvent aussi être sensible à l’histamine en quantité normalement tolérée par les sujets sains.

Intolérance alimentaire : comment identifier l’aliment en cause ?

Vous présentez des symptômes digestifs mais vous ne savez pas quel aliment est en cause ? Pour commencer, il convient de faire une analyse de vos menus : est-ce qu’un aliment revient souvent dans vos repas ? Si c’est le cas, est-il connu pour être riche en certains sucres non digestibles par l’homme ?

Il convient ensuite de prendre en considération la nature des symptômes. Vos manifestations sont-elles uniquement digestives ou présentez-vous également des signes cutanés ? Dans le second cas de figure, l’histamine pourrait être en cause.

Pour savoir quel aliment est à l’origine d’une intolérance, il convient de consulter son médecin. Ce dernier interrogera son patient, l’examinera et recherchera des signes organiques. Pour déterminer précisément la cause de l’intolérance, des tests diagnostics sont également disponibles.

  • L’intolérance au lactose

Il existe plusieurs tests permettant de diagnostiquer une intolérance au lactose. Le premier dure 4 heures et consiste à ingérer 25 ou 50 grammes de lait, avant de souffler dans un appareil afin d’analyser la libération d’hydrogène. Il est également possible de mesurer la glycémie, car le lactose est un sucre : si elle monte rapidement, cela signifie que lactose a été assimilé et qu’il n’y a donc pas d’intolérance. Il est également possible de réaliser un test génétique, qui n’est cependant pas remboursé par la Sécurité sociale. Si l’intolérance est avérée, un régime pauvre en lactose devra ensuite être adopté ou le recours à un substitut de lactase.

  • L’intolérance aux FODMAPs

Le diagnostic d’une intolérance aux FODMAPs est basé sur l’interrogatoire du patient, complété si besoin par un test respiratoire au glucose ou au lactulose pour rechercher une éventuelle dysbiose de type colonisation bactérienne du grêle. Si l’hydrogène expiré augmente rapidement, le test est positif. La prise en charge repose sur un régime pauvre en FODMAPs – comprenant le lactose s’il est concerné – devra être mis en place.

  • L’intolérance à l’histamine

Le dosage de la diamine oxydase permet de détecter une intolérance à l’histamine. Pour la traiter, de la diamine oxydase artificielle pourra être administrée.

Le cas particulier de l’ »intolérance au gluten »

Vous souffrez de troubles digestifs à chaque fois que vous consommez des aliments à base de blé ? La première chose à faire est de vérifier que vous ne souffrez pas d’une maladie cœliaque, communément appelée « intolérance au gluten ». Elle touche seulement 0,5 à 1 % de la population, mais il convient d’y penser face à certains symptômes comme des troubles digestifs, de la fatigue, une anémie par carence en fer, une chute de cheveux (pelade), des troubles du sommeil, des problèmes de peau comme la dermatite herpétiforme, des symptômes ORL, des aphtes ou encore des troubles mnésiques.

Le diagnostic biologique de maladie coeliaque repose sur un test remboursé par la Sécurité sociale, qui consiste à doser les IgA anti-transglutaminase et les IgA sérique afin de les faire interpréter par un médecin formé sur ces questions. Si le test se révèle positif, le patient devra consulter un gastroentérologue pour réaliser une fibroscopie et une biopsie afin de confirmer le diagnostic.

Cependant, les réactions au gluten ne sont pas toutes dues à une maladie cœliaque. Il peut d’agir d’une allergie au blé ou encore d’une hypersensibilité au gluten non cœliaque : cette dernière est trois à cinq fois plus fréquente que maladie cœliaque. Cette hypersensibilité peut impliquer d’autres composants du blé comme les fructanes ou l’inhibiteur de la trypsine/amylase.

Merci au Dr Habib Chabane, allergologue et auteur de l’ouvrage « Les allergies alimentaires – Diagnostic, traitements et perspectives » (éd. Vigot, 2017).

A lire aussi :

⋙ Intolérance alimentaire, hypersensibilité : 8 idées reçues à oublier d’urgence

⋙ Intolérance ou allergie à l’alcool : comment reconnaître les symptômes ?

⋙ Intolérance aux sulfites : comment la reconnaître ?

Source: Lire L’Article Complet