Présente dans les selles, la Covid-19 peut désormais être détectée en analysant les eaux usées, quatre à sept jours avant l’apparition des symptômes. À Marseille, pompiers, laboratoires et Ehpad travaillent ensemble pour repérer le plus tôt possible les milieux touchés par le coronavirus et éviter l’apparition de clusters en isolant les malades.
Isoler rapidement les cas positifs
Chaque semaine, les pompiers de Marseille effectuent des analyses des eaux usées issues d’Ehpad et d’établissements médicaux-sociaux. Dès qu’ils y décèlent des traces de la Covid-19, ils font alors tester l’ensemble du personnel et des résidents afin de trouver la ou les personnes contaminées avant de les isoler.
« Tous les jours, on prélève dans deux collecteurs. Et toutes les semaines, on découpe la ville en 11 morceaux. On déclenche ensuite nos barnums pour tester les gens dans les endroits qui ressortent rouges », explique Patrick Augier, contre-amiral qui dirige le bataillon de marins-pompiers, à l’AFP le 16 novembre 2020.
Ainsi, ces dernières semaines, « on est monté jusqu’à 34 Ehpad positifs mais il n’y a eu au final aucun cluster et 19 sont revenus à la normale », a declaré Younes Lazrak, président et cofondateur de la start-up C4Diagnostics, qui analyse les échantillons pour les pompiers à l’AFP le 16 novembre.
Avec cette stratégie, « on arrive à isoler les personnes très rapidement. Et si on la couple avec de la décontamination du lieu, on déplore un à deux cas, mais pas 50 », ajoute-t-il.
Un réseau pour prédire la dynamique de l’épidémie
À l’occasion d’une conférence de presse organisée le 16 novembre, le réseau Obépine (pour OBservatoire EPIdémiologique daNs les Eaux usées), créé à l’initiative du laboratoire Eau de Paris, des chercheurs de Sorbonne Université et de l’institut de Recherche Biomédicales des Armées pour détecter la charge virale de la Covid-19 dans les eaux des stations d’épuration, a présenté un point d’étape sur son déploiement.
Lancé dès le 5 mars en région parisienne, le réseau a bénéficié des soutiens du Comité Analyse Recherche et Expertise et du ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation.
Objectif : la mise en place d’un réseau national de surveillance regroupant 158 stations d’épuration et 7 laboratoires de référence pour l’analyse des eaux usées. A l’heure actuelle, le réseau compte 82 stations. Les dernières stations pourraient se greffer au dispositif d’ici la fin décembre et Obépine réalisera à ce stade entre 300 et 600 analyses hebdomadaires.
L’analyse de ces traces du virus dans les systèmes de traitement des eaux est particulièrement intéressante, car elle pourrait permettre de prédire presque une semaine à l’avance la dynamique de l’épidémie.
Une méthode limitée
Cette méthode est cependant limitée dans la mesure où certains pensionnaires de maisons de retraite sont incontinents, portent des couches et ne vont donc pas aux toilettes. De même pour l’heure de prélèvement : si on prélève à 8 heures et que la personne porteuse du virus va aux toilettes une heure plus tard, elle passera donc sous les radars.
« Avec la Covid, l’outil miracle n’existe pas. Cette technique est préventive, elle permet de la réactivité à partir du moment où on sait que le virus circule », estime Emilien Chayia, directeur général du groupe Medeos, dont deux Ehpad ont participé au dispositif, d’après l’AFP.
« Il faudrait la déployer de façon massive mais toujours l’associer à d’autres méthodes de dépistage qui n’ont pas une fiabilité à 100%. Avec toutes ces cordes, on est dans une stratégie d’entonnoir, on resserre les mailles du filet », a-t-il ajouté.
- Covid-19 : un vaccin seul ne suffira pas à vaincre l’épidémie estime le directeur général de l’OMS
- Covid-19 : lancement d’une campagne de dépistage massif en Auvergne Rhône-Alpes avant Noël
Source: Lire L’Article Complet