Un chanteur menacé de surdité totale, un batteur junkie condamné pour menaces de mort, un groupe orphelin de son patron Malcolm Young, décédé en 2017 : tout plaidait pour la fin triste et précipitée de ce mastodonte du hard rock. Son nouvel album, Power Up, n’en est que plus savoureux. Il sort ce vendredi 13 novembre et confirme qu’AC/DC est éternel.
AC/DC endeuillé, AC/DC handicapé, AC/DC éparpillé, mais AC/DC ressuscité ! Le général de Gaulle aurait sans doute fait mieux qu’un détournement lourdingue de son hommage à Paris libéré, en août 1944, s’il avait connu le plus grand groupe de hard rock de l’Histoire. Au-delà de l’anachronisme assumé, la comparaison – toutes choses égales par ailleurs – ne vaut pas que pour le bon mot. Il y a aussi chez AC/DC, ce petit quelque chose d’éternel et de résilient.
Un sénario qui semblait impossible
Tout part de ce constat implacable : le 17e album studio des vétérans australiens, le bien nommé Power Up, est un petit miracle musical. Une succession d’hymnes électriques (Realize, Shot In The Dark, System Down), qui puise avec une conviction presque juvénile dans la même recette de blues électrifié, servi bien frappé. Un son beaucoup imité, jamais égalé.
Un paradis qu’on pensait perdu, réservé à nos mémoires et à l’histoire, et qui justifie de se pincer les oreilles pour y croire vraiment. Car ce scénario semblait impossible. « Qui, franchement, aurait parié un centime que ce groupe allait se reconstruire ? interroge Brian Johnson, chanteur miraculé, dans un entretien accordé au magazine français Rock Hard. Nous avions fini par nous faire une raison et ne plus croire en nos retrouvailles. »
Il y avait de quoi se résigner. Résumée grossièrement, la vie extra-musicale d’AC/DC commençait à ressembler à une série de mauvais sketches, depuis 2015. Cette année-là, Phil Rudd, batteur accro à la méthamphétamine, était condamné par la justice néo-zélandaise pour menaces de mort, avant d’être remplacé derrière les fûts. Au printemps 2016, Brian Johnson lâchait le micro en pleine tournée pour des problèmes très sévères d’audition. Cinq mois, plus tard, Cliff Williams, bassiste historique, raccrochait à son tour, estimant avoir fait le tour de la question.
Mais l’épreuve la plus intense, qui a aussi conduit à cette résurrection, c’est la mort en 2017, de Malcolm Young, guitariste chétif mais costaud, LE patron du groupe. Absent depuis 2013, il avait laissé la lourde baguette de chef d’orchestre à son frère Angus, soliste de génie et mascotte d’AC/DC. « Ce groupe, c’était l’idée de Malcolm, il avait en tête le son de chaque instrument, et toute notre approche artistique », rappelait la star en 2014, lors d’un entretien accordé à Ouest-France .
Hommage
Comme un seul homme, tout ce petit monde a fini par surmonter ses petits et ses grands problèmes afin de faire de Power Up l’hommage dû à leur pote ou frangin disparu.
Un air de déjà-vu : il y a quarante ans, AC/DC avait déjà mobilisé toute son énergie pour surmonter la mort de son chanteur Bon Scott, qu’un arrêt cardiaque avait emporté après une beuverie de trop.
Cinq mois plus tard, soutenu par un Brian Johnson fraîchement recruté au micro, il sortait le monumental Back in Black. Le deuxième album le plus vendu de l’histoire de la musique, derrière l’indétrônable Thriller, de Michael Jackson…
Source: Lire L’Article Complet